Finlande – Une étude publiée dans le JAMA Otolaryngology Head Neck Surgery [1] s'est intéressée à la technique des prélèvements nasopharyngés par écouvillon pour la recherche du SARS-CoV-2. Les auteurs attirent l'attention sur un certain nombre de complications qui, toutes rares qu'elles soient, doivent néanmoins inciter à la prudence… même s’ils ne nient en rien l'importance de ces tests.
Le test de biologie moléculaire pour rechercher le SARS-CoV-2 sur un écouvillon nasopharyngé est devenu en un an une des analyses les plus demandées au monde. Personne aujourd'hui ne discute l'utilité de ce frottis, pas plus que le choix de la méthode moléculaire qui affiche une sensibilité modérée de 56% à 83% mais une spécificité > 99%.
Cette étude est originale et instructive car elle s'est intéressée aux complications rares de ces prélèvements du fait que, selon le premier auteur, l'écouvillon approche des structures vitales dont les orbites, la base du crâne ainsi qu'un système vasculaire dense. L'objectif était d'évaluer la fréquence et la nature des complications consécutives à ce frottis. Tous les patients ont été recrutés via un service d'urgence de l'hôpital d'Helsinki, entre mars et septembre 2020.
Un frottis compliqué sur 100.000
Au total, 643 284 tests ont été pratiqués sur une période de 7 mois. La fréquence des complications justifiant une prise en charge en urgences est estimée à 1,24/100 000 frottis pratiqués. Huit patients (âge moyen: 39,5 ans) ont consulté, pour des incidents survenus immédiatement après l'échantillonnage, 4 pour des saignements nasaux et 4 pour des écouvillons cassés. Aucun de ces 8 patients n'était positif pour le SARS-CoV-2. Les morceaux d'écouvillons cassés ont été retrouvés dans la cavité nasale, l'œsophage et même les bronches. Ils ont été retirés par endoscopie sous anesthésie locale. Les saignements ont requis des pansements, des transfusions, voire même des actes chirurgicaux et endovasculaires, potentiellement à risques de sepsis. La moitié de ces saignements était à risque vital avec un taux d'hémoglobine en dessous de 6,5 gr/dL. On note un cas d'hémorragie massive à haut risque, mais aussi des perforations septales et des infections résultant de la répétition des prélèvements naso-pharyngés.
Attention à la technique
Dans leur conclusion, les auteurs ne remettent pas en question le bien-fondé du frottis naso-pharyngé à la recherche du SARS-CoV-2. Ils insistent sur le fait que la fréquence des complications est extrêmement faible dans leur étude et relèvent que toutes se sont produites en raison d'une technique de prélèvement incorrecte : soit un usage excessif de la force, soit une mauvaise orientation de l'écouvillon. Alors que les patients qui ont expérimenté des écouvillons cassés ont été très vite mieux, les patients qui présentaient des saignements ont eu une récupération plus compliquée. On note également un cas de fuite du liquide céphalorachidien, probablement due à un encéphalocèle pré-existant.
Pensez anatomie !
Le message est que le prélèvement doit toujours être effectué en gardant à l'esprit les structures anatomiques de la cavité nasale et son environnement [2]. La force ne doit jamais être utilisée, en particulier chez les patients qui ont des antécédents de chirurgie au niveau du nez ou de la base du crâne. Le frottis doit être dirigé vers le plancher nasal, pas trop latéralement, pas trop crânien et jusqu'à rencontrer une résistance.
L'étude comporte quelques limitations, notamment le fait qu'en Finlande, tous les problèmes ORL sont référés à un service d'urgence. Les patients avec des complications mineures peuvent avoir été traités dans d'autres structures de soins et ne sont pas inclus dans cette étude.
De plus, en Finlande, aucun cabinet médical ORL n'est accessible aux patients suspects de Covid-19. Quoiqu'il en soit, cette étude doit inciter à la prudence dans la pratique d'un acte aujourd'hui banalisé.
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Cet article a été publié initialement sur Mediquality, membre du réseau Medscape.
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Citer cet article: Une vaste étude précise les complications liées aux tests nasopharyngés mal réalisés - Medscape - 13 mai 2021.
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