Paris, France — Dans une interview accordée à la presse quotidienne régionale, le président de la République, Emmanuel Macron, a présenté le calendrier du déconfinement, en quatre étapes. Il a également fait le point sur la vaccination et sur le pass sanitaire. De son côté, Olivier Véran, le ministre de la Santé, a abordé la diffusion des variants et la vaccination et Jean Castex, le Premier ministre, a évoqué la sortie de l’état d’urgence sanitaire.
3 mai, 19 mai, 9 juin et 30 juin
Le président de la République a détaillé le calendrier de déconfinement avec la fin des attestations et des restrictions de déplacement le 3 mai, le report à 21 heures du couvre-feu le 19 mai, ainsi que la réouverture des commerces, des terrasses, des musées, des salles de cinéma et théâtre avec des jauges limitées. Le 9 juin, le couvre-feu sera repoussé à 23 heures et les cafés, restaurants et salles de sport pourront rouvrir. Enfin, le 30 juin, ce sera la fin du couvre-feu.
Des freins d’urgence sanitaires en fonction de trois critères
« Les mesures seront nationales, mais nous pourrons actionner des « freins d’urgence » sanitaires dans les territoires où le virus circulerait trop. A l’heure actuelle, il y a dix départements (Loire, Oise, Val-de-Marne, Val-d'Oise, Seine-Saint-Denis, Essonne, Paris, Seine-et-Marne, Sarthe et Bouches-du-Rhône) dans lesquels l’incidence dépasse 400 cas pour 100 000 habitants », a précisé Emmanuel Macron. Ces freins s’appliqueront « dans une métropole ou un département en fonction de trois critères : le taux d’incidence qui dépasserait à nouveau 400 infections pour 100 000 habitants, une augmentation très brutale de ce taux et une menace de saturation des services de réanimation. Si cela se produit, le gouvernement, en concertation avec les préfets et les collectivités locales, bloquera les réouvertures », a détaillé le président de la République.
Justifiant cette stratégie de réouverture malgré un grand nombre de cas de contaminations par jour, il a indiqué que « la grande différence avec le mois d'octobre, c'est qu'aujourd'hui, nous avons un vaccin qui donne une perspective de sortie durable de la crise. Nous avons vu l'efficacité du couvre-feu, croisée avec l'arrivée du vaccin en janvier. C'est un vrai changement dans la gestion de l'épidémie. »
Le télétravail assoupli à partir du 9 juin
Le télétravail sera quant à lui assoupli à partir du 9 juin. « De manière plus large, ce que je vous présente aujourd'hui est un projet qui fera l’objet, à partir de lundi, d’une grande phase de concertation à trois niveaux : avec les parlementaires, avec l’ensemble des partenaires sociaux et des professionnels, et avec les élus des territoires. A l'issue, le plan sera présenté en détail par le Premier ministre au cours de la semaine du 10 mai », a annoncé Emmanuel Macron.
Interrogé sur le pass sanitaire, il s’est voulu rassurant : « Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis. Par contre, dans des lieux où se brassent les foules, comme les stades, festivals, foires ou expositions, il serait absurde de ne pas l’utiliser. Comme il en va de nos libertés publiques, le Parlement se saisira de la question. Le débat doit être ouvert. Ce pass, qui sera papier ou numérique, via l’application TousAntiCovid, permettra de montrer qu’on est vacciné ou testé négatif dans les deux jours qui précèdent. C’est juste et ça ne fracturera pas le pays. Ce sera un outil supplémentaire pour assurer la protection des Français. »
Vaccination ouverte à 4 millions de personnes supplémentaires
Concernant la vaccination, la président de la République a souligné que « notre combat, c'est de vacciner le plus vite possible pour augmenter notre immunité collective. Il faut le faire évidemment en Europe, mais également en aidant l'Afrique et les pays les plus pauvres ». Néanmoins, il ne souhaite pas ouvrir dès maintenant la vaccination à tous. « On peut optimiser le fonctionnement de nos 1 700 centres de vaccination. On va continuer à prioriser par âge parce que c’est le plus efficace. La vaccination des plus vulnérables fait baisser la pression sur les services hospitaliers. Mais nous avons des doses en stock. Nous allons donc ouvrir, à compter du 1er mai, la vaccination à tous les plus de 18 ans qui ont une surcharge pondérale sérieuse (indice de masse corporelle supérieur à 30). J'invite les 2,3 millions de Français concernés à se rendre dans les centres de vaccination dès ce week-end », a-t-il annoncé.
Invité de France info ce vendredi 30 avril, Olivier Véran, le ministre de la Santé, a précisé qu’outre les personnes obèses, la vaccination contre le Covid-19 sera élargie à tous les adultes présentant des comorbidités (diabète, insuffisance rénale ou cardiaque et cancers) dès le samedi 1er mai, soit près de 4 millions de personnes. Le ministre de la Santé a annoncé avoir saisi la Haute autorité de Santé (HAS) pour étudier la possibilité de permettre à tous les volontaires, quel que soit leur âge, de se faire vacciner à l’AstraZeneca en signant une décharge.
Le variant sud-africain se diffuse de plus en plus en Île-de-France
Au sujet des variants, Olivier Véran a prévenu mardi que le variant dit sud-africain du coronavirus SARS-CoV-2 se diffusait de plus en plus en Île-de-France. « On constate depuis maintenant une grosse semaine une augmentation de la proportion du variant sud-africain, notamment en petite couronne parisienne, qui représentait 6% des diagnostics et qui représente désormais 10% », a-t-il annoncé, en marge d’une visite au centre de crise de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Nous le savons car nous réalisons deux techniques complémentaires pour traquer ces variants, a précisé Olivier Véran face aux journalistes de BFMTV. D'abord, le criblage des tests PCR, qui est une méthode qui permet d'identifier les variants anglais, brésilien, sud-africain et bientôt indien s'il devait apparaître. [Depuis cette déclaration, les autorités sanitaires ont confirmé la détection sur le territoire métropolitain de premières contaminations (3 à ce jour) au variant B.1.617 du virus du Covid-19, dit « variant indien », NDLR]. Et puis ce qu'on appelle le séquençage du génome du virus. On regarde la cartographie génétique du virus. Nous en faisons plus de 5000 par semaine, bientôt ce seront 8000 par semaine. Et cela nous permet, à travers des enquêtes nationales, de détecter si tel ou tel variant prend plus de place sur le territoire. »
Par ailleurs Olivier Véran a précisé, au sujet de la campagne vaccinale, qu'il ne fallait jeter « aucune dose ». « La règle, c'est qu'on ne jette aucune dose de vaccin. Si jamais il n'y avait pas de public prioritaire vaccinable, les centres et les médecins savent ce qu'ils ont à faire, c'est-à-dire contacter des publics peut-être plus jeunes mais ayant des comorbidités. »
Un régime transitoire courant du 2 juin au 31 octobre
Enfin, concernant la stratégie de déconfinement progressif, Jean Castex, le Premier ministre, a précisé que « la perspective de sortie de crise doit nous amener à revoir nos outils juridiques et à les adapter à une nouvelle situation ». S’exprimant à l’issue d’un Conseil des ministres ainsi que d’un Conseil de défense sanitaire qui se sont tenus à l'Elysée mercredi 28 avril, le Premier ministre a indiqué qu’à compter du mois de juin prochain « ce ne sera plus l'état d'urgence sanitaire mais il faudra répondre à un devoir de vigilance sanitaire. Cela donnera une capacité de réaction rapide en cas de nouvelle accélération de l'épidémie ». Le texte proposera d'« instituer un régime transitoire courant du 2 juin au 31 octobre » (Lire Etat d’urgence sanitaire : organiser la sortie). Plus précisément, les mesures porteront notamment sur « les conditions d'ouverture de certains établissements recevant du public ou d'éventuelles limites en matière de déplacements ou rassemblements ». Le texte permettra aussi le « renforcement des contrôles aux frontières avec la possibilité d'exiger soit un test négatif soit une preuve de vaccination », a expliqué le Premier ministre, qui a souligné que les moyens pour s'assurer du « sérieux de l'isolement des personnes soumises à la quarantaine » seront renforcés. Certaines dispositions du texte visent enfin à faciliter et sécuriser l'organisation des prochaines élections départementales et régionales. L'examen de ce projet de loi débutera dès la semaine prochaine par le Parlement.
Chiffres clés en France de Santé publique France, semaine 16 (du 19 au 25 avril) :
-Nombre de nouveaux cas confirmés de Covid-19 (SI-DEP) : 202 396 (-11 %)
-Taux de positivité (%) pour SARS-CoV-2 (SI-DEP) : 9,9% (+0,1 point)
-Nombre d’actes SOS Médecins pour suspicion de Covid-19 : 2 437 (-15%)
-Nombre de passages aux urgences pour suspicion de Covid-19 (réseau OSCOUR®) : 10 659 (-7%)
-Nombre de nouvelles hospitalisations de patients Covid-19 (SI-VIC) : 12 397 (-6%)
-Nombre de nouvelles admissions en services de soins critiques de patients Covid-19 (SI-VIC) : 2 971 (-0,3%)
-Nombre de décès liés au COVID-19 (décès en hospitalisation et décès en EHPA et autres ESMS) : 2 137 (données non consolidées)
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Citer cet article: Etapes du déconfinement, ouverture de la vaccination à 4 millions de personnes supplémentaires, fin de l’état d’urgence… les annonces de la semaine - Medscape - 30 avr 2021.
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