Cabine de télémédecine au supermarché : le CNOM s’insurge

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

30 avril 2021

France – Ayant appris l’ouverture, par une enseigne de grande distribution, de cabines de téléconsultation au sein même de supermarchés, l’Ordre des médecins rappelle avec fermeté que « la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce. » [1]

Téléconsultations chez Monoprix

Dans un communiqué, Monoprix a fait savoir ce mois-ci qu’elle mettait en place un espace de téléconsultations à destination de ses clients dans deux de ses magasins (Chatillon, 94, et Troyes, 10), avant un déploiement à plus large échelle sur la France entière. Pour ce faire, la marque qui définit son entreprise comme pionnière, collabore avec plusieurs leaders de la santé connectée comme Withings, Sym pour un examen de vue gratuit avec émission d’ordonnance (en téléconsultation asynchrone) mais aussi Tessan Pharma Express sur le versant télémédecine. Et c’est peut-être là que le bât blesse. Monoprix évoque en effet la mise à disposition de cabines de téléconsultation au sein desquelles « le patient est mis en relation sans RDV – après 7 min d’attente en moyenne – avec un médecin généraliste. L’inscription du patient se fait grâce à son identifiant de sécurité sociale (carte vitale) et ne nécessite pas d’avance de frais », précise l’enseigne commerciale.

L’annonce a fait bondir le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Moins d’une semaine après, il s’insurgeait dans un communiqué intitulé « Téléconsultations dans les supermarchés : la santé n’est pas un commerce » contre l’initiative, appelant le gouvernement « à réagir avec fermeté pour défendre les principes régissant l’organisation des soins en France, et pour protéger l’acte médical au service des patients».

Pas de remboursement hors parcours de soin

L’Ordre des médecins a tenu à rappeler « avec fermeté » que, selon l’article R.4127-19 du code de la santé publique, « la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce » et que « la téléconsultation doit être inscrite dans le parcours de soins coordonnés ». Et ce n’est qu’à cette condition que la téléconsultation est remboursée, stipule le Cnom qui enfonce le clou en indiquant qu’  « il ne peut être accepté qu’un médecin prenne en charge un patient sans possibilité de procéder à un examen clinique chaque fois que cela est souhaitable ; sans aucun ancrage territorial ni aucune connaissance du tissu sanitaire et médico-social ; sans se préoccuper de son parcours de soins et sans apporter une garantie que la continuité des soins pourra être assurée. »

Se posant en garant de la conformité de la pratique médicale dans le cadre du « contrat social français», le Cnom met en garde contre une offre de télémédecine «à vocation commerciale», considérant, avec prudence, que « les cabines de téléconsultation ouvertes dans l’enceinte de supermarchés semblent, dans la promotion qui en a été faite par voie de presse, contrevenir à ces obligations et être portées par des opérateurs de télémédecine, hors parcours de soins ».

 

Crédit photo : Monoprix.

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

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