La HAS recommande l’utilisation des tests antigéniques nasaux en milieu scolaire au moins une fois par semaine

Aude Lecrubier

28 avril 2021

France — Dans un nouvel avis, la Haute Autorité de Santé (HAS) a levé la limite d'âge de 15 ans pour l'utilisation des tests antigéniques sur prélèvement nasal et incite à la réalisation de ces tests au moins une fois par semaine en milieu scolaire comme le font déjà plusieurs pays européens [1].

« Moins invasifs que sur prélèvement nasopharyngé, les tests antigéniques sur prélèvement nasal ont l'avantage d'allier rapidité de résultat et possible utilisation de manière répétée chez un plus large public », indique la HAS.

Jusqu’ici la HAS recommandait ces tests chez les plus de 15 ans en raison de l’absence de données chez les plus jeunes mais aussi pour des raisons anatomiques. Lors du premier avis de la HAS datant du 16 mars, le DrCédric Carbonneil, chef du Service d'Evaluation des Actes Professionnel, expliquait : « le frottis nasal peut chez les plus jeunes causer des irritations voire des inflammations. Le test n’est pas conseillé chez les plus jeunes. En cela nous suivons les recommandations de la Société Française de Microbiologie »[2].

Aujourd’hui, une méta-analyse réalisée par la HAS (voir encadré en fin de texte) et de récents travaux de modélisation [3] indiquent que ces tests peuvent finalement être un outil de dépistage chez les enfants et les jeunes adolescents.

Réalisables en tests de diagnostic rapide (TDR) en laboratoire, en tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) par un personnel formé ou autotests, les tests antigéniques sur prélèvement nasal apparaissent pertinents pour « briser des chaines de contamination », notamment au sein des écoles maternelles et primaires, des collèges, des lycées et des universités, « à la fois chez les élèves, les enseignants et le personnel en contact avec les élèves », souligne la HAS.

Et, la HAS estime également que les autotests peuvent être utilisés « dans la sphère privée en complément des tests déjà disponibles ». Par exemple, la veille ou le jour d’une rencontre avec des proches ou dans le cadre d'accès à des activités en espace clos : restauration, cinéma, spectacles vivants, etc. 

En pratique, ces tests s’effectuent grâce à un écouvillon un peu plus épais que celui utilisé pour les prélèvements nasopharyngés. L’écouvillon doit être enfoncé 3 à 4 centimètres dans le nez (une jauge est présente sur la plupart des écouvillons). Une fois positionné, 5 rotations sont réalisées dans la narine, l’écouvillon est retiré, mis dans une solution. La solution est appliquée sur le test. Une bande témoin apparait pour indiquer que le test a fonctionné et une autre bande apparait en cas de test positif (en 20 à 30 minutes environ).

 

Au moins une fois par semaine en milieu scolaire et universitaire

S'appuyant sur un groupe d'experts et sur des modélisations [3], la HAS propose des recommandations sur l’utilisation des autotests antigéniques sur prélèvement nasal dans les milieux scolaires et universitaires.

Elle estime que ces tests doivent être réalisés gratuitement au moins une fois par semaine selon les modalités de prélèvement les plus adaptées à l'âge, aux capacités de l'enfant et au contexte local.

Les étudiants, lycéens et collégiens peuvent réaliser l'autotest en autonomie (après une première réalisation sous la supervision d'un adulte compétent si besoin).

En revanche, pour les élèves en école primaire, l'auto-prélèvement supervisé est envisageable mais il est préférable que le test soit fait par les parents ou le personnel formé.

Pour les enfants en école maternelle, le prélèvement et le test devront être réalisés par des adultes. Rappelons que pour les publics très jeunes, les tests RT-PCR salivaires sont également envisageables.

Pour les élèves en école primaire, l'auto-prélèvement supervisé est envisageable mais il est préférable que le test soit fait par les parents ou le personnel formé.

Enfin, ces dépistages pourraient aussi avoir lieu dans les structures accueillant des enfants lors de la période estivale (colonies de vacances, centres de loisirs...) selon des modalités analogues à celles qui seront mises en place en milieu scolaire.

La HAS rappelle qu’un résultat positif doit être confirmé par un test RT-PCR, notamment pour identifier le variant en cause. Aussi, un résultat négatif n'exclut pas que la personne testée soit porteuse du virus. La HAS rappelle donc la nécessité de continuer à respecter les gestes barrières.

Dans un avis en date du 22 avril [4], le Conseil scientifique, lui aussi favorable à une pratique systématique des autotests en milieu scolaire, précise qu’au vu de l’étude de modélisation de Vittoria Colizza (INSERM) et Alain Barrat (CNRS) [3], une adhésion élevée (environ 75%) est essentielle pour limiter la fréquence des tests à une fois par semaine tout en permettant une réduction importante du nombre de cas de Covid-19.

Le Conseil scientifique insiste sur la nécessaire adhésion des enseignants et des familles, qui peut être encouragée par leurs associations représentatives et l’importance de la pédagogie, aussi bien pour l’utilisation des tests que pour leur utilité.

Il souligne la nécessité de prolonger le dépistage au moins jusqu’à la fin du premier trimestre de rentrée après les vacances d’été et l’importance de la collecte des données recueillies, puisque les tests ne seront pas réalisés par des professionnels de santé.

Le Conseil scientifique souligne la nécessité de prolonger le dépistage au moins jusqu’à la fin du premier trimestre de rentrée après les vacances d’été.

Une pratique déjà courante au Royaume-Uni, en Allemagne et en Autriche

Les autotests sont déjà utilisés en milieu scolaire par plusieurs pays européens, indique le Conseil scientifique qui se fait l’écho de leurs expériences.

- Au Royaume-Uni, le gouvernement a mis en place un système d’autotests dans les écoles secondaires dès la réouverture des établissements le 8 mars 2021. Les premiers autotests (2 à 4) ont été réalisés à l’école sous la supervision d’un adulte puis chez eux. Les kits de prélèvement ont été distribués aux enfants par les établissements scolaires pour être effectués deux fois par semaine à la maison. Le personnel des écoles est également testé par autotest deux fois par semaine. En cas de résultat positif, l’élève doit rester chez lui. Les résultats des autotests réalisés par les élèves et le personnel doivent être rapportés au système « Test and Trace » de la NHS dès la réalisation du test, soit en ligne, soit par téléphone, et être partagés avec les écoles pour faciliter le contact tracing. Le prélèvement par autotest des élèves reste toutefois facultatif, bien que fortement encouragé.

- En Allemagne, les autotests sont également utilisés dans les écoles deux fois par semaine. En cas de résultat positif, l’élève doit rentrer chez lui. Cependant, des différences existent entre les différentes régions. Les autotests en milieu scolaire ne sont ainsi pas obligatoires dans l’ensemble des Länder. Par ailleurs, selon les régions, ils peuvent être réalisés à l’école ou à la maison.

- En Autriche, un programme national de testing par autotest en milieu scolaire est déployé depuis le 7 février 2021, date à laquelle le confinement a été levé dans le pays. Environ 1,4 million de tests sont envoyés par voie postale et réalisés chaque semaine en milieu scolaire, dont 1,1 million pour les élèves et 300 000 pour les enseignants et le personnel scolaire, ce qui représente un coût de 7 millions d’euros hebdomadaire pris en charge par l’Etat. Ces tests sont utilisés deux fois par semaine pour les élèves d’école primaire, qui fréquentent les établissements scolaires en présentiel tous les jours. Pour les enfants de 10 à 18 ans, les autotests sont effectués une fois par semaine.

Dans ce pays, environ 70 à 80% des autotests positifs sont associés à un test PCR positif. Les autotests permettent de détecter en moyenne 1000 cas positifs par semaine à l’école, dont 700 enfants (0,07%) et 300 adultes (0,2%).

Des tests réalisables chez les adultes comme chez les enfants

La méta-analyse réalisée par la HAS porte sur les performances cliniques des tests antigéniques sur prélèvement nasal. Il en ressort une spécificité excellente, de l'ordre de 99% ou 100%. Comme précédemment observé pour les tests antigéniques sur prélèvement nasopharyngé, il existe en revanche une forte hétérogénéité des performances de sensibilité. Chez les patients symptomatiques elle est estimée à 81%, ce qui est conforme aux exigences de la HAS, et chez les asymptomatiques elle varie entre 50 et 58%, des performances acceptables dans le cadre de dépistages itératifs ciblés.

Chez les enfants, les données de performance des tests antigéniques nasaux sont limitées, en particulier pour les cas asymptomatiques. Toutefois, les quelques études cliniques sont rassurantes quant à leurs performances dans cette population pédiatrique et permettent de supprimer la limite d'âge précédemment posée.

 

 

 

 

 

 

 

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