Paris, France – Nous continuons de suivre, Max, cardiologue à la retraite et personnage fictif créé par le Dr Usdin, qui tente de répondre au mieux aux demandes de ses patients en matière de vaccination mais se perd dans les dédales des recommandations qui, à sa décharge, peuvent varier du tout au tout du jour au lendemain.
Jeudi 8 avril après midi. Max reçoit un appel téléphonique pour le moins déroutant. « Allo docteur, j’ai eu l’injection de Vaxzevria® [vaccin Astra Zeneca], j’aimerais avoir le rappel avec le Pfizer® [Pfizer-BioNTech], pouvez-vous me faire une attestation ? » Max n’en croit pas ses oreilles. Quelle idée bizarre. C’est la première fois qu’on lui fait une telle demande !
Plateformes différentes
« Madame j’ai bien peur que la substitution ne soit pas possible. Je n’ai ni vu ni lu que ce soit autorisé. Il s’agit de deux conceptions [plateformes] vaccinales différentes…. Il n’y a pas à ma connaissance d’étude croisée effectuée répondant aux critères d’efficacité ou de sécurité! » répond Max avec l’assurance de celui qui se documente auprès des journaux médicaux en ligne français, européens, américains. Il avait bien lu un entrefilet sur le « prime boost » [1]mais ce n’était pas dans les tuyaux.
Fort de la dernière vidéo qu’il avait visionné quelques heures avant, il reste ferme « Je ne peux pas vous faire l’attestation, je n’en vois pas l’intérêt, j’en suis navré» [2].
Des variantes
Vendredi 9 avril matin. Ouvrant l’ordinateur Max stupéfait découvre « Les patients de moins de 55 ans ayant reçu l’injection de Vaxzevria® recevront la seconde dose avec Pfizer® ou Moderna® [3] » Ainsi l’information délivrée à sa patiente avec le ton de la certitude scientifique s’avère absolument fausse quelques heures plus tard ! Cette nouvelle lui arrive par son FAI (fournisseur d’accès à Internet) ! Un nouvel épisode qui ne va pas faciliter l’acceptation du produit !
Un précédent retournement de veste.
C’était il y a un mois, ce matin-là les scientifiques et les politiques affirmaient qu’il était hors de question se passer de l’Astra Zeneca (le nom vaccin à l’époque) en France. Le soir même un de ses patients lui apprenait, après avoir lu la presse du soir, la mise en quarantaine du produit [4] ! Les réseaux sociaux guident nos pas.
Cela rappelle à Max, la réflexion cinglante d’un de ses patrons au cours de sa visite hebdomadaire «Comment vous ne savez pas ça ? Il faut lire mon vieux, il faut lire ! »
La course aux papiers (au sens large)
Autre exemple:
«Bonjour docteur,
J’ai vu mon généraliste qui considère qu’avec mon anomalie génétique et mes pbs cardiaques je suis apte à recevoir le pfitzer (sic)
J’ai pris un RV pour la vaccination, mais il me faut apporter une preuve de mes points faibles cardiaques; Pourriez-vous me faire un papier ?
Je vous remercie infiniment »
Ce message pris au hasard, Max comme ses confrères en reçoit des dizaines chaque jour : rédiger à qui une attestation, à qui un certificat ou encore un bon d’éligibilité (voir encadré). Qu’inventer pour les prochains jours ? On se prend à repenser à ce sketch de Coluche en 1977 parodiant les milieux autorisés [5] « …Qu’est-ce que tu fais là ? Ben j’sais pas. J’vais peut-être m’autoriser un truc mais c’est vachement gonflé, j’hésite. Euh… »
Ses patients veulent se faire vacciner mais une fois inscrits après des heures passées à trouver une plateforme non, un centre, il leur faut trouver une bonne raison afin d’être sûr de recevoir l’injection. « Docteur, indiquez bien que j’ai des comorbidités sinon ils vont me refuser l’injection »
Aux USA, selon une enquête 31% des sujets préfèrent attendre de se faire vacciner « pour voir » et 20% déclarent qu’ils refuseront tout bonnement l’injection [6].
Ce pourcentage paraît exagéré à Max, malgré le haro qui règne en France sur ChAdox1nCov-19. Et ce, bien qu’il soit bien obligé de constater que les patients deviennent de plus en plus hésitants malgré des rapports officiels (qui se veulent) rassurants [7], lui qui n’a de cesse de répéter que les politiques ont été vaccinés par le Vaxzevria®, que les complications sont exceptionnelles et qu’elles existent aussi avec les vaccins ARNm [8].
Le capital confiance !
Max craint que son capital confiance devienne peau de chagrin, aussi il décide d’envoyer un courriel à sa patiente qui prétend à un vaccin ARN en deuxième dose… Pour éviter de se discréditer, il décide d’envoyer un courriel à sa fidèle, lui demandant de ne pas lui en vouloir pour ses doctes pensées d’hier invalidées ce jour. Il avait simplement manqué un épisode, celui du lendemain. Mais bon, suivant l’adage : « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent [9]… »
Epilogue.
Samedi après-midi, la patiente a répondu à son mail « Oh merci pour cette délicate attention ! Mon rendez-vous de rappel est prévu le 28 mai (…) merci pour vos explications étayées (sic) »
… Si vous avez moins de 70 ans, vous devez obligatoirement vous munir de votre bon d’éligibilité délivré ou émis par votre médecin traitant (ordonnances ou certificats ne sont pas acceptés) Vous pouvez également déposer ce document dans votre espace patient Doctolib. En l’absence de ce document, le rendez-vous ne sera pas honoré… (Kafka n’aurait pas trouvé mieux)
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Citer cet article: Un vaccin contre une attestation ! - Medscape - 23 avr 2021.
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