Paris, France — La mise en application des accords du Ségur de la santé, signé en juillet 2020, poursuit son rythme. À la fin de l'année dernière, Olivier Véran avait annoncé la revalorisation immédiate des personnels de santé & EHPAD, des indemnités de stage des étudiants en médecine, ainsi que la création de nouveaux échelons, en début et en fin de carrière, pour les praticiens hospitaliers. En mars dernier, le ministre de la Santé présentait le plan d'investissement en santé de 19 milliards d'euros. Ce 12 avril, Olivier Véran, à l'occasion de la réunion du comité de suivi du Ségur, a présenté le deuxième étage de la fusée de revalorisation des carrières des soignants.
Moyen et long terme
Si les revalorisations salariales de la fin de l'année dernière étaient à court terme, la présentation de ce mois d'avril vise le moyen et long terme des carrières des paramédicaux et du personnel médico-technique. En se fixant deux objectifs : « donner des perspectives d’évolutions de rémunération pour les soignants », et « susciter des vocations et attirer les nouvelles générations vers des métiers du soin ». De quoi était-il principalement question lors de ce comité de suivi ? Présenter la nouvelle grille de rémunération des infirmiers, des cadres de santé et des kinésithérapeutes. Elle devrait rentrer en vigueur le 1er octobre 2021 pour la fonction publique hospitalière, et en début d'année 2022 pour la fonction publique territoriale, la fonction publique d'État « et le secteur privé (lucratif et non-lucratif) après négociation pour les modalités de transpositions ». « La mise en œuvre de ces revalorisations de grille représente un investissement financier de 740 millions d’euros en année pleine », se félicite le gouvernement.
Infirmiers généraux
Pour les infirmiers généraux (soit 153 000 professionnels), l'augmentation sera de 290 euros nets après un an de fonction (+183 euros au titre des accords de Ségur et +107 euros au titre de la revalorisation des cadres A) soit un salaire de 2026 euros net, 461 euros de plus après 20 ans de fonction, soit un salaire de 2924 euros net, et +534 euros net en fin de carrière, soit un salaire de 3398 euros nets par mois.
Infirmiers spécialisés
Pour les infirmiers spécialisés (soit 16700 professionnels de la fonction publique hospitalière), le salaire après un an de carrière augmentera de +199 euros net, soit un salaire de 2039 euros nets, de +267 euros après cinq ans de carrière, soit 2297 euros nets par mois, de +578 euros nets par mois après 20 ans de carrière, soit un salaire de de 3299 euros nets par mois, et +551 euros nets par mois en fin de carrière, soit un salaire net de 3583 euros nets par mois.
Aides-soignants
Pour les aides-soignants (200 000 dans la fonction publique hospitalière), la revalorisation salariale après un an de carrière sera de +228 euros nets après un an de carrière, soit un salaire net de 1760 euros net par mois, de +261 euros nets par mois après cinq ans de carrière, soit un salaire net de 1838 euros par mois, de +335 euros net par mois après vingt ans de carrière, soit un salaire net de 2334 euros net par mois, de +651 euros net par mois en fin de carrière, soit un salaire net de 2954 euros net par mois.
Cadres de santé
Pour les cadres de santé (14700), les revalorisations salariales seront de +183 euros nets par mois après un an de carrière, soit un salaire net de 2256 euros par mois, de +261 euros net après cinq ans de carrière, soit un salaire net de 2514 euros net par mois, de +621 euros net par mois après 20 ans de carrière, soit un salaire net de 3624 euros nets par mois, et de +394 euros net par mois en fin de carrière, soit 3941 euros net par mois.
Kinésithérapeutes
Pour les masseurs kinésithérapeutes, les revalorisations salariales seront de +302 euros nets par mois après un an de carrière, soit un salaire net de 1983 euros net par mois, de +343 euros nets par mois après cinq ans de carrière, soit 2224 euros nets par mois, de +554 euros nets par mois après vingt ans de carrière, soit 3133 euros nets par mois, et de +556 euros nets par mois en fin de carrière, soit un salaire net de 3552 euros nets par mois.
Et les praticiens hospitaliers ?
Quid des médecins ? Si le ministre de la santé n'a rien communiqué sur les revalorisations salariales des praticiens hospitaliers, cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a rien à dire sur le sujet. Car il fut question du salaire des PH lors de ce troisième comité de suivi des accords de Ségur, comme le rappelle dans un communiqué l'Union syndicale de PH Action praticien hôpital (APH). Rappelons que APH se bat, entre autres, pour que les PH de moins de six ans d'ancienneté, embauchés avant le 1er octobre 2020, puissent bénéficier d'une reprise de quatre ans d'ancienneté. APH réclamait aussi que les praticiens hospitaliers en poursuite d'activité après la retraite, puissent bénéficier de l'accès aux trois derniers échelons de la grille, négociés dans le cadre des accords du Ségur. Sur ce dernier point, d'après APH, le ministre Olivier Véran aurait donné son accord, mais oppose toujours son véto à la reprise de quatre ans d'ancienneté pour les PH embauchés avant le 1er octobre 2020. « Le Ministre campe sur une position incompréhensible, renonçant à corriger l’erreur du Ségur en vantant qu’il nous propose « une dynamique et une perspective de carrière », fulmine APH.
Ambulanciers, psychologues lésés
Ce ne sont pas les seuls professionnels de santé à être déçus par la présentation de ces revalorisations. Les ambulanciers SMUR et hospitaliers (AFASH) sont furieux. Dans un communiqué, les ambulanciers sont désespérés de ne pas avoir été revalorisés dans le cadre de l'application des accords de Ségur : « malheureusement, une fois encore, le gouvernement oublie les ambulanciers de la fonction publique hospitalière. Pourtant, ces ambulanciers sont classés au même titre que les aides-soignants dans le code de la santé publique. » Les ambulanciers en profitent pour avancer leur revendication :
« quitter la filière ouvrière et technique et intégrer la filière soignante (professionnels de santé) ; supprimer le terme « conducteur » dans notre grade pour ne mentionner que notre profession ; revaloriser les carrières en intégrant la catégorie B et bénéficier des mêmes grilles indiciaires que les aides-soignants (grilles partagées actuellement en catégorie C) ; intégrer les ambulanciers à la liste des métiers classés en catégorie active. »
Infirmiers du bloc opératoire et cadres de santé frustrés
Le syndicat des infirmiers de bloc opératoire (Unaibode) n'est pas non plus content du résultat de ces augmentations salariales. L'Unaibode « dénonce la trop faible valorisation annoncée pour la spécialité Ibode. Celle-ci place les salaires des infirmiers généraux à 13 euros de ceux des spécialisés en début de carrière ! » L'association nationale des cadres de santé (Ancim) n'est pas non plus satisfaite des annonces du ministre de la Santé. « L'Ancim est sidéré du mépris avec lequel sont considérés les cadres de santé ! Les cadres de santé (14700 personnes) sont les seuls professionnels qui ne toucheront que la revalorisation de 183 euros après un an de carrière (2256 euros). Ils devront attendre cinq ans de carrière pour percevoir un supplément au titre de la revalorisation des grilles de la catégorie A », analyse l'Ancim. Sur Twitter, l'association Le Manifeste des psychologues fait aussi part de sa déception : « Les psychologues n’ont pas été invités au #SegurDeLaSante et ne bénéficieront d’aucune revalorisation de leurs salaires. Psychologues ; la seule profession dont la grille de salaire n’a pas été revalorisée depuis 1991. Un métier plutôt #féminin. Pas essentiel ? #COVID19 #ManifestePsy" ».
Les techniciens de laboratoire ne sont pas en reste : « Et les techniciens de laboratoire ? Personne n'en parle mais on bosse pour faire 24/24 et 7j/7j pour faire vos tests PCR et tous les autres bilans car l'hôpital prescrit des analyses ». Bref, des revalorisations salariales qui sont loin de faire l'unanimité...
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Citer cet article: Les revalorisations salariales des soignants ne font pas que des heureux - Medscape - 19 avr 2021.
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