THM et risque thromboembolique : les nouvelles recommandations

Nathalie Barrès

19 avril 2021

France – Le Collège national des gynécologues français (CNGOF) et le Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement (GEMVi) viennent de publier des recommandations pour encadrer l’utilisation du traitement hormonal de la ménopause (THM) en fonction du risque de maladies thromboemboliques veineuses (MVTE) [1]. Le risque de MVTE doit être évalué avant l’initiation d’un THM puis à chaque renouvellement. 

Privilégier l’estradiol par voie cutanée

L’utilisation d’un THM associant estradiol cutané et progestérone micronisée ou dérivés pregnanes semble neutre sur le risque de MVTE, en revanche l’association estradiol cutané et dérivés norpregnanes augmenterait ce risque en population générale. De fait, il est recommandé de privilégier l’estradiol par voie cutanée. 

Si l’administration d’un THM associant une estrogénothérapie orale est contre-indiquée chez les femmes à risque thromboembolique veineux, en revanche, un THM estradiol en cutané associé ou non à la progestérone micronisée ou à la dydrogestérone peut être envisagé chez les femmes à risque faible ou modéré de MVTE.

Facteurs de risque thromboemboliques

L’obésité, l’âge, les antécédents personnels de MVTE, la thrombophilie biologique, les antécédents familiaux au 1er degré avant 50 ans constituent les principaux facteurs de risque de MVTE chez la femme.

Les estrogènes conjugués équins (ECE) et l’estradiol par voie orale augmentent le risque de MVTE en population générale de 70% par rapport au placebo. Le risque est multiplié avec les ECE par rapport au 17-ß-estradiol. L’estradiol par voie cutanée ne semble en revanche pas augmenter le risque de MVTE dans la population générale. Lorsque l’utérus est présent, le THM associe un estrogène et un progestatif. Le choix du progestatif semble impacter le risque de MVTE. En population générale, ce risque semble neutre chez les femmes traitées par THM à base d’estradiol par voie cutanée et de progestérone micronisée ou de dérivés pregnanes, en revanche, le risque de MVTE est augmenté chez les utilisatrices de dérivés norpregnanes. Un mécanisme d’action différent sur les paramètres de la coagulation en fonction de la voie d’administration des THM pourrait être au cœur du risque, avec activation de la coagulation chez les utilisatrices de THM composé d’une estrogénothérapie par voie orale et absence d’activation pour celles qui la reçoivent par voie cutanée.

Que faire chez les femmes à risque élevé de MVTE ?

Il conviendra de privilégier les THM avec estrogénothérapie par voie cutanée chez les femmes ayant un antécédent personnel de MVTE (thrombose veineuse profonde ou embolie pulmonaire). En effet, ce choix ne semble pas augmenter le risque de récidive de MVTE contrairement à une estrogénothérapie par voie orale. Il en est de même pour les femmes porteuses d’une mutation du facteur V Leiden ou d’une mutation G20210A de la prothrombine, ainsi que pour les femmes obèses. 

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

 

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