Le carbone suie, un polluant atmosphérique cancérigène

Caroline Guignot

6 avril 2021

France – Le carbone suie présent dans les polluants atmosphérique augmente de 17% le risque global de cancer sur 10 ans et celui du cancer du poumon de 31%, selon une étude française menée sur 26 ans de suivi [1].

20 625 salariés d’EDF-GDF

Les particules fines qui constituent une part significative de la pollution atmosphérique est en réalité un terme générique qui regroupe plusieurs contaminants, dont certains sont moins bien connus que d’autres. C’est notamment le cas du carbone suie, produit de la combustion incomplète des hydrocarbures, sur lequel les données sont encore éparses, et particulièrement en ce qui concerne le risque cancérigène associé à une longue exposition. Des chercheurs français ont souhaité explorer la question en croisant les données de Gazel, une cohorte de 20 000 personnes, et les données des niveaux de pollution aux particules fines géolocalisées issues du projet européen Elapse.

La cohorte Gazel a recruté 20 625 salariés d’EDF-GDF âgés de 35 à 50 ans en 1989. Ils étaient suivis tous les ans et remplissaient des questionnaires concernant notamment leur hygiène de vie et les comportements à risque de cancer. Les cas de cancer déclarés durant un suivi de 26 ans ont été recensés (hors mélanomes). Le risque associé a pu être analysé selon l’exposition à la pollution sur le lieu de résidence (analyse de géolocalisation). Les modèles statistiques utilisés étaient ajustés afin d’intégrer les données sociodémographiques, les autres facteurs de risque de cancer (tabac, alcool, IMC…) et les autres types de particules fines.

349 cancers bronchiques pour 26 ans de suivi

Durant les 26 années de suivi médian, 3 711 cas incidents de cancer ont été recensés, dont 349 étaient des cancers bronchiques. L’exposition médiane au carbone suie était de 2,65.10 -5 /m, le taux diminuant légèrement avec le temps jusqu’en 2015, malgré des disparités interrégionales.

Pour chaque augmentation d’un quartile du taux cumulé d’exposition au carbone suie, le rapport de risque était de 1,17 [1,06-1,29] pour le risque global de cancer et de 1,31 [0,93-1,83] pour les seuls cancers bronchiques sur une période de 10 ans de latence. Les données étaient similaires lorsque la durée de latence choisie était de 2 ans seulement et la relation était encore plus forte lorsqu’elle était fixée à 20 ans.

De nouvelles études permettant de dissocier l’influence des différentes particules fines seraient utiles pour compléter ces données et orienter les politiques publiques en matière de pollution atmosphérique.

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

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