France — La Haute Autorité de Santé (HAS) s’est prononcée en faveur d’un nouveau type de tests de détection du SARS-CoV-2 pour compléter l’offre actuelle. Il s’agit de tests antigéniques rapides sur prélèvement nasal, un prélèvement, moins profond, mieux toléré que le prélèvement nasopharyngé.
« Il y a encore aujourd’hui plus de 23 000 cas quotidiens détectés. Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de ne pas accepter toute nouvelle modalité de détection du virus dans la lutte actuelle. Plus il y a de tests disponibles, plus il y a de monde testé pour débusquer le virus », a commenté le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS lors d’une conférence de presse.
TDR, TROD ou autotest
Ces nouveaux tests, déjà utilisés en Allemagne, au Royaume-Uni, au Portugal, ou encore en Autriche, se présentent sous trois formes : TDR (Test de Diagnostic rapide) réalisables en laboratoire, TROD (Test Rapide d'Orientation Diagnostique) réalisable par un professionnel (médecin, pharmacien…) ou autotest (prélèvement, réalisation et interprétation par la personne elle-même).
En pratique, ces tests réalisés par un professionnel ou par un individu lambda s’effectuent grâce à un écouvillon un peu plus épais que celui utilisé pour les prélèvements nasopharyngés. L’écouvillon doit être enfoncé 3 à 4 centimètres dans le nez (une jauge est présente sur la plupart des écouvillons). Une fois positionné, 5 rotations sont réalisées dans la narine, l’écouvillon est retiré, mis dans une solution. La solution est appliquée sur le test. Une bande témoin apparait pour indiquer que le test a fonctionné et une autre bande apparait en cas de test positif (en 20 à 30 minutes environ).
« Les performances des test nasaux sont liées à une bonne réalisation du test, dans de bonnes conditions (proche du prélèvement, température entre 15 et 30 °C, respect de la durée précise de réalisation du test …) », a insisté le Dr Cédric Carbonneil (Chef du Service d'Evaluation des Actes Professionnel, HAS).
En cas de test positif, la HAS appelle à ce que les personnes réalisent un test RT-PCR pour deux raisons. La première est de permettre l’identification d’un éventuel variant d’intérêt, l’autre est le contact-tracing et la mise en place des mesures d’isolement.
En cas de test négatif, il est recommandé de continuer à suivre scrupuleusement les gestes barrière en raison de la moins bonne sensibilité de ces tests par rapport aux tests RT-PCR (possible faux négatif).
Les TDR/TROD nasaux sont recommandés dans trois indications:
Chez les patients symptomatiques de plus de 15 ans, jusqu'à 4 jours après apparition des symptômes, en 2ème intention lorsque le prélèvement nasopharyngé est difficile ou impossible (en attendant des données consolidées).
Chez les personnes contact de plus de 15 ans détectées isolément ou au sein de cluster, en 2ème intention lorsque le prélèvement nasopharyngé est difficile ou impossible (en attendant des données consolidées). Comme pour les tests antigéniques nasopharyngés, ils doivent être faits le plus tôt possible puis à 7 jours pour les personnes contacts à haut risque (au sein du même foyer qu'un patient contaminé) ou bien à 7 jours après exposition pour les autres personnes contact (dites à faible risque).
Chez les personnes asymptomatiques de plus de 15 ans. Ici, ils ont un usage dans le cadre d'un dépistage itératif ciblé à large échelle, soit en première intention, soit en alternative aux tests antigéniques sur prélèvement nasopharyngé lorsque ce prélèvement est difficile ou impossible.
Les autotests nasaux sont recommandés chez les personnes asymptomatiques de plus de 15 ans dans deux situations :
Indication médicale, dans le cadre d'un dépistage itératif ciblé à large échelle en alternative aux TDR/TROD antigéniques sur prélèvement nasopharyngé ou nasal.
Indication dans le cadre d'une utilisation restreinte à la sphère privée (par exemple, avant une rencontre avec des proches…). Le test devra idéalement être réalisé le jour même ou à défaut la veille de la visite.
Les tests antigéniques sur prélèvement nasal s'adressent aujourd'hui aux personnes de plus de 15 ans en raison de l’absence de données chez les plus jeunes mais aussi pour des raisons anatomiques. « Le frottis nasal peut chez les plus jeunes causer des irritations voire des inflammations. Le test n’est pas conseillé chez les plus jeunes. En cela, nous suivons les recommandations de la Société Française de Microbiologie », a précisé le Dr Cédric Carbonneil.
Toutefois, sur la base des expériences étrangères et des données issues des premières campagnes de dépistage itératif chez les plus de 15 ans, la HAS réévaluera prochainement l'opportunité d'élargir l'utilisation des autotests antigéniques par prélèvement nasal aux 10-15 ans.
Pour la suite, la HAS a annoncé qu’elle complétera cet avis avec les indications des tests antigéniques sur prélèvement salivaire, plus adaptés aux publics jeunes, quand ces tests et leurs données seront disponibles. A ce stade seuls les tests RT-PCR sur prélèvement salivaire sont disponibles dans des indications précises.
Quelles performances ?
L’avis de la HAS repose sur de premiers éléments bibliographiques qui seront complétés d’ici la fin du mois et sur la position d'un groupe d'experts pluridisciplinaire réuni le 12 mars dernier.
Les études disponibles ont rapporté des sensibilités cliniques de l’ordre de 80 à 95 % chez les patients symptomatiques et de l’ordre de 50 à 60 % chez les personnes asymptomatiques, toujours avec une variabilité inter-test, comme cela a été observé avec les tests antigéniques nasopharyngés. En complément, plusieurs travaux ont souligné l’intérêt des tests antigéniques sur prélèvement nasal lors de dépistage itératif, même avec des sensibilités imparfaites. « Compte tenu de ces données préliminaires et de la position d’un groupe d’experts pluridisciplinaires réuni le 12 mars 2021, la HAS considère qu’il est, à ce stade, possible d’extrapoler les performances des tests antigéniques rapides sur prélèvement nasopharyngé à celles des tests antigéniques sur prélèvement nasal pour les personnes symptomatiques et asymptomatiques ». Ces performances sont possiblement extrapolables aux autotests, mais la HAS souligne que le suivi des performances de ces tests dans les conditions réelles d'utilisation est essentiel. La HAS pourra actualiser ces critères à l'issue de l'analyse exhaustive des données de la littérature en cours, indique le communiqué de l’institution.
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Citer cet article: Tests et autotests antigéniques nasaux : la HAS dit oui à ces tests « moins invasifs » - Medscape - 17 mars 2021.
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