Virtuel – Les chats sont des animaux très appréciés. Hélas, qui dit chat, dit parfois allergie, elle-même à l'origine de l'asthme et de la rhinite allergique. Sauf à éviter le félin, il n'y a aujourd'hui rien à faire, la désensibilisation n'ayant pas fait toutes ses preuves. D'où l'intérêt des résultats d'une nouvelle étude de phase 2 financée par Regeneron. Présentés lors du congrès annuel de l'American Academy of Allergy, Asthma & Immunology, le 27 février dernier (abstract 504), ils indiquent qu'une dose d'un nouveau médicament, le REGN1908-1909, permet une réduction rapide et durable de la bronchoconstriction induite par un allergène du chat chez les individus atteints d'une allergie au chat non sévère.
« Le REGN1908-1909 contient des anticorps dirigés contre Fel d 1, l'allergène principal des chats. Nous avons montré qu'il réduit rapidement et durablement la bronchoconstriction aigue chez les personnes allergiques au chat » a indiqué l'investigateur principal, le Pr Frédéric de Blay (pneumo-allergologue, CHU Strasbourg). Interrogé par Medscape Medical News, il a confié « être enthousiaste » concernant ses résultats.
Un résultat inattendu
« Cette étude a été menée dans une chambre d'exposition environnementale. Nous démontrons clairement que ces anticorps diminuent la réponse asthmatique à l'allergie au chat dans les 8 jours et cet effet dure trois mois. Je n'avais jamais vu ça de ma vie. J'étais un peu sceptique d'abord. J'étais très surpris d'obtenir des résultats aussi robustes après seulement 8 jours et une seule injection » a-t-il expliqué.
Le Pr de Blay et son équipe ont sélectionné les participants pour s'assurer de leur allergie en les exposant à l'allergène pendant au moins deux heures dans la chambre d'exposition. Pour être éligible à l'étude, les participants devaient avoir une réponse asthmatique immédiate, définie comme une réduction du FEV1 (volume maximum d'air excrété en 1 seconde) d'au moins 20 % du niveau de base.
Avant l'exposition à l'allergène du chat dans la chambre d'exposition, un univers contrôlé, des participants ont été randomisés pour recevoir soit une dose unique de 600 mg de REGN1908-1909 en sous-cutané (n=29), soit un placebo (n=27).
Frédéric de Blay est le concepteur de la chambre de provocation allergénique ALYATEC . « Cette chambre mesure 60 m2, soit 150 m3, et peut accueillir 20 personnes. Nous pouvons y diffuser des allergènes de chat, de souris, ou n'importe lequel que nous souhaitons étudier avec une exposition standardisée. Nous contrôlons la taille des particules et leur quantité, si bien que nous connaissons la quantité exacte d'allergènes à laquelle les patients ont été exposés » explique-t-il.
Un effet rapide et durable
Pour évaluer l'efficacité du REGN1908-1909 pour réduire la bronchoconstriction aigue, ou la réponse asthmatique immédiate, les chercheurs ont mesuré le FEV1 au départ, puis aux jours 8,29, 57 et 85 dans les deux groupes. Les mesures étaient réalisées toutes dix minutes pendant chaque exposition qui durait jusqu'à quatre heures.
Les chercheurs ont découvert que la probabilité de non réponse asthmatique étaient substantiellement plus élevée dans le groupe traité avec le REGN1908-1909.
En comparaison avec le placebo, le REGN1908-1909 a significativement augmenté la durée médiane d'apparition de la réponse asthmatique qui est passée de 51 minutes au début de l'expérience à plus de quatre heures à J8 (hazard ratio, HR 0,36 ; P<0,0083), à J29 (HR, 0,24 ; P<0,0001), à J57(HR, 0,45 ; P=0,02222) et à J85 (HR, 0,27 ; P=0,0003).
L'aire sous la courbe du FEV1 était meilleure avec le REGN1908-1909 qu’avec le placebo à J8 (15,2% vs 1,6% ; P>0,001). Une seule dose a suffi à réduire la réactivité au test cutané dès la première semaine, un effet qui a duré plus de quatre mois.
De plus, les participants qui ont reçu le REGN1908-1909 pouvaient tolérer une quantité trois fois plus élevée d'allergènes que ceux ayant reçu le placebo (P=0,003).
« Nous avons diffusé initialement 40 nanogrammes d'allergènes du chat, et 8 jours plus tard, les patients étaient capables de rester plus longtemps dans la chambre d'exposition et d'inhaler plus d'allergènes, jusqu'à presque tripler la quantité initiale. Ces 40 nanogrammes sont très proches de l'exposition en vie réelle » a indiqué le Pr de Blay, qui a annoncé qu'un essai de phase 3 devrait bientôt commencer.
Des résultats prometteurs
« L'étude est bien conçue et montre une réduction de la baisse du FEV1 en réponse à l'exposition provoquée à l'allergène du chat » a commenté le Pr Jonathan Berstein (Université de Cincinnati, Etats-Unis) à Medscape Medical News.
« Ce sont des résultats très prometteurs qui montrent que le REGN1908-1909 peut être un nouveau traitement de l'asthme induit par l'allergie au chat, qui est d'ailleurs souvent la seule sensibilisation des patients » a-t-il poursuivi.
« Cette nouvelle étude s'est fondée sur les connaissances scientifiques sur l'allergène du chat lui-même pour concevoir un traitement fondé sur des anticorps ciblés. Elle a démontré un bénéfice significatif dès la première injection » a ajouté le Dr Edwin Kim (Université de Caroline du Nord, Etats-Unis), interrogé par Medscape Medical News.
Avant de conclure, « cette stratégie a le potentiel de révolutionner non seulement le traitement des allergies environnementales communes mais aussi d'autres maladies allergiques dont les déclencheurs sont connus, comme les allergies alimentaires et médicamenteuses. »
Cette étude a été financée par Regeneron Pharmaceuticals. Le Pr de Blay a déclaré des liens avec Regeneron Pharmaceuticals. Les Dr Berstein et Kim n'ont pas déclaré de lien d'intérêt.
L’article a été publié initialement sur Medscape.com sous l’intitulé «
Novel Agent Shows Promise Against Cat Allergy ». Traduit/adapté par Marine Cygler.
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Citer cet article: Un nouveau traitement prometteur de l’allergie au chat - Medscape - 17 mars 2021.
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