Plus de 270 scientifiques et une vingtaine d’associations d’experts ont lancé le 16 mars, un appel à la Commission européenne pour qu’elle adopte « dès que possible » le système Nutri-score sur les emballages des aliments. Le Dr Rodrigues revient ici sur l’intérêt de cet étiquetage.
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Paris, France— Bonjour et bienvenue sur le site de Medscape. Je suis le docteur Manuel Rodrigues, je suis oncologue médical à l’Institut Curie à Paris. Je vais vous parler aujourd’hui du Nutri-score. Ce score que l’on voit dans les supermarchés sur les produits alimentaires, qui va de A à E avec un code couleur du vert au rouge et qui est là pour informer le consommateur.
Il a été inventé en 2014 en France par le professeur Hercberg et son équipe et il vise à intégrer diverses informations sur la composition nutritionnelle des aliments et à les synthétiser en une note qui va de A à E pour informer au plus vite ou plus simplement les consommateurs, qui peuvent choisir entre 2 références pour un produit, pour des céréales ou pour un jus de fruits, par exemple.
Ce Nutri-score s’impose tout doucement en France. On le voit prendre des parts de marché, mais il a encore du mal à s’imposer, bien que plusieurs pays l’aient reconnu – donc la France, bien entendu, mais également l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et également la Suisse.
Il ne peut pas s’imposer de façon obligatoire à l’heure actuelle sans une décision européenne. C’est qui se joue en ce moment. Il y a une discussion, puisqu’il y a une remise à plat de la politique européenne de la ferme à la fourchette, comme c’est expliqué par la Commission. Et ce nutri-score pourrait, justement, s’imposer dans le cadre de ces réformes.
Or, cela a provoqué une levée de boucliers, en particulier de 3 pays – La République tchèque, la Grèce et surtout l’Italie, qui y voient une simplification à outrance, une simplification trop simpliste, finalement, du message nutritionnel, de la qualité nutritionnelle d’un aliment et ils sentent… Clairement, ces courants populistes italiens, ils sentent une attaque contre leur terroir et contre leur façon de s’alimenter, contre leur diète italienne, ce qui n’est, bien évidemment, pas du tout le cas, puisque c’est un test, c’est un algorithme d’analyse qui est factuel sur les apports alimentaires.
Il ne vise sûrement pas à dire à la population d’arrêter de manger sucré, salé ou gras, il vise simplement à les informer pour qu’ils sachent ce qu’ils peuvent consommer ad libitum autant qu’ils veulent ou sur quels aliments il faut qu’ils fassent plus attention et qu’ils réduisent leur consommation.
C’est un point absolument majeur – on se doit d’informer les consommateurs, il ne faut pas qu’on ait peur d’informer les consommateurs, ce n’est pas de l’hygiénisme, non, c’est de l’information, de l’éducation à la consommation.
C’est très important puisque – je vous rappelle – 40 % des cancers pourraient être évitables, mais dont 10 % grâce à une meilleure alimentation, en particulier 5 % directement lié aux apports alimentaires et encore 5 % des cancers liés à l’obésité et au surpoids.
C’est quelque chose d’absolument majeur. On pourra faire tous les efforts que l’on veut en termes curatifs pour lutter contre le cancer – la meilleure arme restera toujours la prévention primaire et, donc, en ce sens, il faut qu’on puisse imposer le Nutri-score au niveau européen pour tous les aliments.
Si vous êtes sensible, comme moi, à cette question, je vous encourage à lire toute la documentation qu’il y pu y avoir récemment sur le sujet et peut-être, même, à participer[1].
Voilà. À bientôt sur le site de Medscape.
Voir tous les blogs du Dr Rodrigues ici.
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Citer cet article: Adopter le Nutri-score en Europe - Medscape - 1er juil 2021.
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