France — Pourtant à risque élevé de complications, elles restaient les principales laissées pour compte de la vaccination contre le Covid-19. Désormais, les personnes âgées de 65 ans et plus pourront bénéficier du vaccin AstraZeneca, priorité étant donné à celles avec des comorbidités (Lire…).
Dans un avis du 2 mars 2021, la Haute Autorité de Santé s’est prononcée en faveur de l’extension de la vaccination à cette tranche d’âge en raison des nouvelles données en vie réelle montrant une efficacité importante du vaccin AstraZeneca chez les plus de 65 ans.
Cette position de la HAS n’a pas créé grande surprise puisque le ministre de la Santé avait déjà acté, la veille lors du journal télévisé de France 2, cette modification de la stratégie vaccinale pour le vaccin AstraZeneca.
« Toutes les personnes qui sont âgées de 50 ans et plus, et qui ont ce qu’on appelle des comorbidités, peuvent se faire vacciner avec AstraZeneca sans limite d’âge. Elles pourront se faire vacciner chez leur médecin traitant, à l’hôpital, et d'ici quelques jours dans les pharmacies », a précisé Olivier Véran.
Selon le ministre, « c’est 2,5 millions de Français en plus […] C’est un tiers des Français âgés de 65 à 75 ans qui peuvent d’ores et déjà y accéder ».
Notons que, selon la DGS, les médecins de ville peuvent aussi proposer la vaccination avec AstraZeneca à tous leurs patients âgés de 75 ans et plus.
En pratique, notons que les médecins de ville peuvent désormais réserver 3 flacons de vaccin AstraZeneca (30 doses) auprès de la pharmacie de leur choix chaque semaine du lundi au mercredi.
Concernant la vaccination par les pharmaciens, les infirmiers et les sage-femme, un décret devrait paraitre prochainement pour leur ouvrir la possibilité de vacciner avec ce vaccin.
Bénéfice du vaccin AstraZeneca au-delà de 65 ans : quelles données ?
L’avis de la HAS repose principalement sur les données d’une étude écossaise en vie réelle en attente de revue par les pairs. Cette dernière « a apporté des résultats très encourageants sur les bénéfices à court terme d’une première dose de vaccin (Pfizer ou AstraZeneca) contre la Covid-19 chez les plus de 65 ans », souligne la HAS.
L’étude a porté sur la population des 5 millions d’habitants de l’Ecosse. Son objectif était d’évaluer l’impact de la vaccination sur les hospitalisations, par groupe d’âge (18-64 ans, 65-79 ans, plus de 80 ans).
La recherche de l'Université d'Edimbourg a révélé que 4 semaines après la première dose, le vaccin Pfizer/BioNTech réduisait le risque d'hospitalisation jusqu'à 85%, et que ce chiffre atteignait 94% pour le vaccin Oxford/AstraZeneca.
Les effets les plus marqués des vaccins ont été observés entre 28 et 34 jours après la première injection, avec une efficacité sur la réduction du risque d’hospitalisation de 85% pour les 18-64 ans, 79% pour les 65-79 ans et 81% pour les plus de 80 ans. Notons que le vaccin AstraZeneca était celui qui était administré majoritairement chez les patients de plus de 65 ans. Ce vaccin semble donc bien efficace dans cette population.
La HAS souligne toutefois que ces résultats portent sur les hospitalisations et ne quantifient pas l’impact du vaccin AstraZeneca sur la survenue de formes symptomatiques de la maladie, ni sur la réduction des décès. Par ailleurs, le manque de recul ne permet pas d’évaluer le maintien de l’efficacité au-delà de 5 semaines après la première dose. Néanmoins d’autres études permettent de montrer qu’un espacement de 12 semaines entre les deux doses du vaccins AstraZeneca maximise son effet protecteur.
La durée à respecter entre la première et la seconde a donc été revue et passe à 12 semaines, a souligné le Pr Dominique Le Guludec, lors de la conférence de presse de présentation de cet avis.
En parallèle des données écossaises, des données anglaises, sont venues « confirmer ces résultats extrêmement encourageants », a par ailleurs souligné la présidente de la HAS.
En effet, le Public Health England (PHE) a soumis une étude en preprint menée en vie réelle chez les 7,5 millions d’anglais d’au moins 70 ans qui montre que les vaccins Pfizer et Oxford-AstraZeneca sont très efficaces pour réduire les infections symptomatiques Covid-19 dans cette population âgée. Quatre semaines après la première dose, la protection contre les formes symptomatiques de Covid variait entre 57 et 61% pour une dose de Pfizer et entre 60 et 73% pour le vaccin Oxford-AstraZeneca.
Aussi, une seule dose de l'un ou l'autre vaccin était efficace à environ 80% pour prévenir l'hospitalisation.
« Notons que cette étude a été faite alors que circulait de manière massive le variant anglais. Cette étude conforte les données sur le maintient de l’efficacité des vaccins aussi bien AstraZeneca que Pfizer, vis-à-vis de ce variant anglais », a précisé le Pr Daniel Floret (vice-président de la Commission Technique des Vaccinations à la HAS).
La vaccination avec le vaccin AstraZeneca va-t-elle enfin décoller ?
Cette extension de la vaccination avec le vaccin AstraZeneca aux plus de 65 ans avec comorbidités et les nouvelles données d’efficacité venant du Royaume-Uni vont-elles lever la réticence à vacciner avec le vaccin AstraZeneca en France ? C’est ce que le gouvernement espère.
Alors que les professionnels de santé peuvent bénéficier du vaccin AstraZeneca depuis le 2 février et que depuis trois semaines, les médecins de ville ont la possibilité de commander des flacons de doses du vaccin AstraZeneca, l’écoulement des doses n’a pas été celui escompté. A ce stade, seulement 24 % des stocks du vaccin AstraZeneca ont été consommés. Les trois-quarts des 600 000 doses réservées aux établissements de santé n’ont pas été utilisés et la diffusion du vaccin en médecine de ville est loin de s’être envolée.
Toutefois, les dernières données rassurantes sur l’efficacité du vaccin et l’élargissement de la cible vaccinale au-delà de 65 ans, rendent le ministère de la santé optimiste. « Nous avons une confiance forte dans le fait que cette proportion va augmenter en raison des bonnes nouvelles concernant ce vaccin, des données récentes très positives sur le vaccin AstraZeneca […] Cette semaine, nous aurons une vision clé de l’utilisation du vaccin par les médecins », a indiqué le ministère de la santé lors d’une conférence de presse.
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Citer cet article: Les 65-74 ans avec comorbidités ont enfin leur vaccin - Medscape - 3 mars 2021.
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