France—Alors que la campagne de vaccination avec le vaccin AstraZeneca a débuté depuis quelques semaines chez les soignants et il y a plusieurs jours dans les cabinets des médecins de ville, une certaine réticence à utiliser ce vaccin est perceptible.
Cette réserve est probablement attribuable aux données d’efficacité rapportées dans les études de phase 3, inférieures à celles des vaccins ARNm, mais aussi aux syndromes pseudo-grippaux parfois observés chez les jeunes dans les 48 heures suivant l’injection.
Lors de la conférence de presse hebdomadaire sur la crise du Covid-19 du 25 février, le Pr Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale s’est positionné en défenseur de ce vaccin [1]. Il a tenu à revenir sur « la mauvaise presse » qui lui est faite « pour des raisons […] profondément injustes » alors qu’il «n’y a pas lieu de considérer que ce vaccin est un vaccin de deuxième catégorie », a-t-il martelé.
Vaccins AstraZeneca ou Pfizer « un même niveau de protection élevé »
L’immunologiste a précisé que de nouvelles données en vie réelle venant d’Ecosse montraient que le vaccin AstraZeneca était aussi efficace que le vaccin Pfizer avec un taux de protection contre les hospitalisations égal, voire légèrement supérieur, à celui assuré par le vaccin Pfizer. « Nous sommes au même niveau de protection très élevé, au-dessus de 90 %. C’est plus que dans l’étude clinique. C’est un vaccin efficace, un très bon vaccin », a-t-il souligné.
En effet, la recherche de l'Université d'Edimbourg, qui doit encore être revue par des pairs, a révélé que 4 semaines après la première dose, le vaccin Pfizer/BioNTech réduisait le risque d'hospitalisation jusqu'à 85%, et que ce chiffre atteignait 94% pour le vaccin Oxford/AstraZeneca.
Des données « en vie réelle » encourageantes pour les plus de 65 ans
Aussi, « il semble que ce vaccin soit efficace chez les personnes âgées de plus de 65 ans alors que jusqu’à ce jour il n’y avait pas eu d’étude analysant l’efficacité de ce vaccin au-delà de 65 ans, d’où le fait que la Haute Autorité de Santé ait préconisé son emploi avant 65 ans », a précisé le Pr Fischer.
D’après le preprint écossais, alors que les participants à l’étude de plus de 65 ans ont pour plus de la moitié reçu du vaccin AstraZeneca, les estimations poolées de l'efficacité vaccinale (avec les vaccins Pfizer et AstraZeneca) sont respectivement de 79 % et de 81 % pour les 65-79 ans et les personnes d’au moins 80 ans 4 semaines après la première dose de vaccin.
« Si ces résultats se confirment, nous avons-là une excellente nouvelle car cela pourrait suggérer que ce vaccin pourrait être proposé aux personnes âgées de 65 à 74 ans. Dans l’immédiat, ces personnes ne disposent pas d’un vaccin alors qu’elles sont à risque d’infection sévère », a souligné le Pr Fischer.
Prévenir les pseudo-syndromes grippaux par du paracétamol
Concernant la tolérance à ce vaccin, le professeur d’immunologie a confirmé que des personnes jeunes avaient présenté dans les 48 heures suivant la vaccination, des pseudo syndromes grippaux ayant entraîné parfois un arrêt de travail.
Néanmoins, il a ajouté que les symptômes disparaissaient rapidement, qu’ils n’étaient pas graves et qu’ils ne donnaient lieu à aucune séquelle. Pour prévenir cette réaction excessive au vaccin, il a conseillé de prendre du paracétamol juste avant la vaccination et si nécessaire de continuer à en prendre pendant 48 heures toutes les 6 heures. « Les Anglais ont montré que cette approche était efficace ».
« Que l’on considère ce vaccin AstraZeneca sous l’angle de l’efficacité ou sous l’angle de la tolérance, les données sont tout à fait satisfaisantes. Il est efficace, il est sûr et il peut être administré », a-t-il conclu.
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Citer cet article: Le Pr Fischer prend la défense du vaccin AstraZeneca - Medscape - 26 févr 2021.
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