Le blog du Pr Dominique Savary – urgentiste, réanimateur
TRANSCRIPTION
Bonjour, je voudrais évoquer aujourd’hui une étude sur l’oxygénation des patients COVID-19, qui est sortie dans le JAMA il y a deux mois [1]. C’est une étude italienne proposée par Domenico Grieco, médecin romain, qui s’est intéressé aux moyens d’oxygénation avancée pour des patients COVID-19. On le sait, cette maladie entraîne une hypoxémie – régulièrement d’ailleurs silencieuse – qui nous oblige à utiliser des moyens d’oxygénation le plus souvent classiques, comme des lunettes à oxygène ou un masque, mais qui, hélas, quand ils deviennent insuffisants, nous font recourir à d’autres moyens d’oxygénation que sont la ventilation non invasive (VNI) ou l’oxygénation haut débit pour éviter de recourir à l’intubation trachéale et à la ventilation invasive, dont on sait qu’elle peut être délétère pour les patients.
Dans cette étude randomisée effectuée entre octobre et décembre 2020, les chercheurs de quatre services de réanimation médicale italiens ont proposé deux méthodes d’oxygénation à des patients COVID-19 sévères – c’est-à-dire des patients qui avaient un rapport PaO2/FiO2 inférieur à 200 :
soit une oxygénation haut débit telle qu’on la pratique en France
soit une oxygénation par VNI helmet, c’est-à-dire l’utilisation d’un masque scaphandre qui permet de délivrer l’oxygène avec un niveau de pression positif.
Ce sont 109 patients – 21 femmes et 88 hommes – d’âge moyen 65 ans qui ont été randomisés. Cette proportion et l’âge moyen de ces patients correspondent à peu près à ce qu’on voit chez les patients COVID-19 français. Le critère d’évaluation principale de cette étude était le nombre de jours sans support ventilatoire, c’est-à-dire OHD [oxygénation à haut débit] ou VNI [ventilation non invasive], évalué au 28e jour après l’inclusion.
Résultats : cette étude montre que l’évaluation de la mortalité hospitalière n’était pas différente entre les deux groupes et correspondait à un taux autour de 25 % de mortalité, ce qui est le cas de ce qu’on observe en France. En ce qui concerne le critère d’évaluation principale, il faut savoir que parmi les patients COVID-19 en hypoxémie modérée à sévère, le traitement par ventilation non invasive de type helmet comparée à de l’oxygénation haut débit n’a pas entraîné de différence significative quant au nombre de jours sans assistance respiratoire dans les 28 jours. Donc le résultat principal est non significatif.
Par contre – et c’est ce qui est intéressant dans cette étude – parmi les critères d’évaluation secondaires, on remarque qu’il y a eu moins d’intubations dans le groupe des patients qui avaient un VNI helmet par rapport au groupe OHD, avec une différence significative puisque ce sont 30 % de patients qui étaient intubés dans le groupe VNI helmet versus 51 % dans le groupe OHD. Peut-être qu’il faudrait s’intéresser à cette modalité d’oxygénation chez ces patients – modalité très développée en Italie, assez difficile à mettre en œuvre, mais en tous les cas peut-être à étudier en France. Je trouvais intéressant de partager avec vous cette modalité d’oxygénation originale proposée par ces collègues italiens.
À bientôt sur Medscape.
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Citer cet article: Oxygénation des patients COVID : haut débit ou casque de ventilation non invasive ? - Medscape - 26 mai 2021.
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