France-- Plusieurs semaines après la maladie, un nombre important de personnes infectées par le SARS-CoV-2 présentent encore des symptômes. Pour tenter de guider les professionnels de santé face à ce problème émergent, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié des fiches pratiques « Réponses rapides »[1].
Qu’est-ce qu’un « COVID long » ?
Plus de la moitié des patients présentent encore au moins un des symptômes initiaux du COVID-19 quatre semaines après le début de la maladie, et plus de 10% à 6 mois. On utilise parfois le terme de « COVID long », même si la HAS préfère parler de « symptômes prolongés suite à une Covid-19 ». Selon l’institution, il peut se définir à partir de 3 critères :
Antécédent de forme symptomatique de COVID-19,
Un ou plusieurs symptômes initiaux encore présents 4 semaines après le début de la maladie,
Aucun de ces symptômes ne peut être expliqué par un autre diagnostic.
Les symptômes prolongés peuvent survenir même chez des personnes ayant fait des formes peu sévères. Ils peuvent être multiples et évoluer de façon fluctuante sur plusieurs semaines ou mois. Les plus fréquents sont : fatigue majeure, essoufflement, douleurs notamment thoraciques à type d’oppressions, de palpitations, troubles de la concentration et de la mémoire, troubles de l’odorat et du goût, symptômes cutanés…
Les médecins se trouvent parfois démunis face à cette maladie encore mal connue. C’est pourquoi la Haute autorité de santé (HAS) vient de publier des « réponses rapides » pour aider les professionnels de santé à identifier et prendre en charge ces patients. Pour le moment, les données sont encore insuffisantes pour proposer de véritables recommandations de bonnes pratiques.
Quelle prise en charge ?
Les objectifs sont de proposer « une approche globale, pragmatique et adaptée aux symptômes de chaque patient, avec écoute et empathie, tout en évitant les examens non pertinents ». Une prise en charge globale personnalisée pouvant inclure des traitements symptomatiques, du repos et une réadaptation respiratoire et/ou un réentraînement progressif à l’effort (kinésithérapie) permet généralement une amélioration progressive de l’état de santé des patients, en quelques mois. Le médecin doit proposer un projet de soins personnalisé, assorti d’objectifs réalisables (être soulagé plutôt que guéri par exemple).
Afin d’aider les cliniciens, la HAS propose 10 fiches techniques précisant les explorations cliniques et paracliniques nécessaires et les éléments de traitement de premier recours pour les principaux symptômes ou atteintes d’organe identifiés : fatigue, dyspnée, douleurs thoraciques, trouble du goût et de l’odorat, douleurs, réentrainement à l’effort, syndrome d’hyperventilation, troubles somatiques fonctionnels, manifestations neurologiques et troubles dysautonomiques.
Les professionnels de santé doivent s’assurer que ces symptômes ne sont pas en rapport avec des complications de l’infection passées inaperçues ou des décompensations des morbidités sous-jacentes.
Reconnaître la souffrance des patients
Le COVID-19 est une maladie encore mal connue, ayant des manifestations très variables d’une personne à l’autre et pouvant fluctuer dans le temps, générant ainsi beaucoup d’inquiétude et d’interrogations. C’est pourquoi, la HAS invite les médecins à faire preuve d’écoute et d’empathie envers leurs patients souffrant de symptômes prolongés, et à les rassurer quant aux possibilités de prise en charge et au caractère temporaire et réversible de leur situation.
L’implication des patients est importante pour le succès de leur prise en charge. La HAS invite donc les médecins à les motiver pour qu’ils identifient eux-mêmes les circonstances et les efforts qui déclenchent leurs symptômes, afin qu’ils soient en mesure de les gérer eux-mêmes. Les patients doivent recevoir toute l’information nécessaire pour s’investir dans leur rééducation ou leur réadaptation à l’effort : listes de contacts, sources de conseils fiables (groupes de soutien, associations de patients), sources d’information validées sur le COVID-19, services sociaux... Une prise en charge psychologique, voire psychiatrique, peut également s’avérer utile.
Que faire en l’absence d’amélioration ?
En l’absence d’amélioration malgré un traitement bien mené, ou en cas de symptômes ou de complications d’emblée sévères, les cas les plus « complexes » peuvent être orientés vers des organisations territoriales pluridisciplinaires et pluriprofessionnelles en relation avec des médecins expérimentés dans la prise en charge des patients ayant des symptômes prolongés de COVID-19.
Quid des médecines alternatives ?
La HAS ne recommande pas les régimes alimentaires d’exclusion, les vitamines et suppléments en vente libre, inutiles et potentiellement nocifs en automédication. Elle ne recommande pas davantage les approches de médecine alternative (acupuncture, auriculothérapie, ostéopathie...), qui n’ont pas été évaluées dans ce contexte.
Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Citer cet article: Comment prendre en charge les patients avec « COVID long » ? Les réponses de la HAS - Medscape - 17 févr 2021.
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