COVID-19 : vers une extension d'indication des tests RT-PCR par prélèvement salivaire

Serge Cannasse

Auteurs et déclarations

4 février 2021

 

Actualisation du 5 février  De nouveaux tests à prélèvement salivaire devraient arriver dans les prochaines semaines, en particulier à destination des enfants. C'est ce qu'a annoncé Olivier Véran, lors d'une conférence de presse au côté du premier ministre Jean Castex le 4 février, précisant qu'un avis de la Haute autorité de santé (HAS) est attendu « sous 10 jours ». Cette technique devrait faire partie de l'arsenal de dépistage que compte déployer le gouvernement notamment dans les milieux scolaires, « pour renforcer l'acceptatbilité du test qui peut ne pas être agréable quand on est petit ». « Nous déploierons ces techniques pour qu'au retour des vacances scolaires, nous puissions réaliser plusieurs centaines de milliers de tests, par prélèvement salivaire », a-t-il indiqué. « Seule la technique de prélèvement change dans ce cas-là », a poursuivi Olivier Véran : il suffit de prélever un peu de salive et on évite « l'écouvillon dans le nez » .La suite est similaire avec une analyse en laboratoire. Olivier Véran a cependant précisé que le recours à des «tests salivaires rapides » pour les cas asymptomatiques n’est pas encore l’ordre du jour car « la sensibilité des tests qui existent aujourd'hui est trop faible ». SL.

 

France, 4 février 2021  – En septembre 2020, la HAS (Haute Autorité de Santé) recommandait de restreindre l’usage des tests RT-PCR sur prélèvement salivaire aux seuls patients symptomatiques pour lesquels un prélèvement nasopharyngé était difficile, voire impossible. De nouvelles données l’ont amené à revoir sa position.

Non seulement elle a tenu compte d’une méta-analyse publiée mi-janvier, mais elle a mené la sienne propre, incluant 64 essais regroupant 18 931 patients. Cela lui a permis de formuler un « nouveau consensus » : dès lors qu’un test RT-PCR détecte la présence du SARS-CoV-2, qu’il ait été obtenu par prélèvement naso-pharyngé ou salivaire, on considère que la personne est infectée. Il n’y a donc plus besoin de confirmer un résultat positif obtenu par test salivaire par un prélèvement naso-pharyngé.

Conséquence : « En population symptomatique et asymptomatique, les tests RT-PCR sur prélèvement salivaire induisent une perte de sensibilité limitée (mais significative d’un point de vue statistique) de 2 à 11% par rapport aux RT-PCR nasopharyngés. Cette perte de sensibilité reste toutefois acceptable et conforme aux exigences de performance clinique établies par la HAS, y compris pour les patients asymptomatiques. De plus, ce différentiel est à mettre en balance avec l’acceptabilité du prélèvement salivaire, par rapport au nasopharyngé. »

Cela ne règle pas pour autant tous les problèmes posés par ces tests. Le principal est celui de leur hétérogénéité : « Les kits utilisés, les modalités de prétraitement de la salive ou encore les protocoles d’extraction peuvent avoir un impact majeur sur la performance des tests salivaires en RT-PCR. » Cependant, plusieurs études sont en cours, dont les résultats attendus prochainement devraient permettre d’y voir plus clair.

De plus la HAS souligne des difficultés pratiques : « l’analyse des échantillons salivaires requiert une étape supplémentaire (prétraitement des échantillons) et le calibrage des machines n’est pas le même que pour l’analyse d’un échantillon nasopharyngé. » Impossible de faire les deux en même temps. Aussi l’agence souligne l’importance de consulter les acteurs de terrain avant d’aller plus loin. Ça n’est donc que plus tard qu’elle formulera d’éventuelles nouvelles recommandations pour leur utilisation et leurs modalités de réalisation.

Quant au test salivaire RT-LAMP intégré (EasyCov) qui détecte l’ARN viral, l’obligation de contrôler ses résultats positifs est levée : ils se sont révélés très bien corrélés avec ceux réalisés par RT-PCR sur prélèvement salivaire. En revanche, son indication ne change pas : patients symptomatiques pour lesquels le prélèvement nasopharyngé est difficile voire impossible. La HAS attend des données complémentaires chez les patients asymptomatiques pour se prononcer sur cette indication.

Plus économique, plus rapide et plus facile d’utilisation* que le test RT-PCR, EasyCoV est pourtant déjà utilisé dans différents pays (Belgique, Italie, Espagne) et dans des aéroports internationaux depuis juillet... expliquait dernièrement dans nos colonnes Franck Molina du laboratoire Sys2diag (CNRS/Alcen) qui a mis au point EasyCov. En France, certains EHPAD, des dentistes, et même certaines entreprises y ont déjà recours.

*Prélèvement de salive dans un tube, changement de couleur au chauffage en cas de test positif, résultat en 40 minutes.

Crédit photo : CNRS

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape. Adapté par Aude Lecrubier.

 

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