
Pr Alain Fischer
France – La vaccination contre le Covid-19 des personnes en EHPAD et maisons de retraite devrait être achevée à la mi-février, a indiqué le Pr Alain Fischer, lors d’une conférence organisée par Université de Paris et Sorbonne Université le 29 janvier dernier [1]. Au cours de sa présentation, le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale a dressé un rapide bilan de la vaccination et annoncé d’ici avril l’arrivée de trois nouveaux vaccins.
EHPAD : un résultat tangible dans les toutes prochaines semaines
« Nous en sommes à 1 350 000 personnes vaccinées (au 28/01/21) au rythme de 130 000 par jour. Parmi elles, environ 45% sont des professionnels de santé de plus de 50 ans et/ou avec des comorbidités, environ 30% sont des plus de 75 ans et près de 25% sont en maison de retraite et en EHPAD, a déclaré le Pr Fischer. Chiffre plus intéressant selon lui : environ la moitié des EHPAD ont bénéficié à ce jour de la vaccination contre le Covid-19, sachant que 85% des personnes en EHPAD s’y sont montrés favorables. « De fait, au 15 février environ, la vaccination dans les maisons de retraite – en tout cas dans une première vision globale – aura été effectuée. »
Et l’immunologiste de se livrer à un rapide calcul : « en estimant que 80% de cette population a été vaccinée et que le vaccin ait un taux d’efficacité de 80% – plutôt que 95% car ce sont des personnes très âgées – alors on devrait pouvoir réduire la mortalité et la morbidité sévère des personnes en EHPAD de presque 2/3 avant la fin du mois de février. »
Sachant que la mortalité des personnes en EHPAD représente 30% de la mortalité par Covid, « c’est un résultat tangible que l’on devrait logiquement observer dans les toutes prochaines semaines » a estimé le Pr Fischer.
Alléger la logistique avec la classe des vaccins adénoviraux
Après avoir dressé ce rapide bilan, le chercheur a livré quelques perspectives qui, a-t-il affirmé, « dépendent totalement de l’arrivée des nouveaux vaccins », lesquels sont au nombre de trois. Primo, celui d‘AstraZeneca « disponible à très court terme » [l’avis de la HAS est attendu ce jour], puis « pour le mois de mars, un troisième vaccin à ARN de la biotech allemande CureVac, et pour avril, un vaccin à vecteur adénoviral en provenance de la société Janssen » a précisé le Pr Fischer.
« Point important, a souligné l’immunologiste, avec la classe de vaccins adénoviraux, il devient possible d’alléger considérablement la logistique car ces vaccins se conservent à 4°C – ce qui se rapproche donc d’une logistique classique. Il est sérieusement considéré qu’ils soient accessibles en pharmacie – restera à définir lesquelles – et que les médecins généralistes et l’ensemble des personnels soignants, pharmacien, infirmiers, qui sont impliqués puissent participer à cette vaccination et en amplifier considérablement le mouvement ».
17 millions de personnes parmi les plus vulnérables vaccinées d’ici mai
Au vu de ces annonces et des informations à disposition de l’orateur, il devrait être possible dès « mi-mars, ou peut-être plus tôt, d’avancer dans la stratégie élaborée par la Haute Autorité de Santé (HAS) et de proposer la « vaccination aux personnes âgées entre 65 et 74 ans, ou encore aux patients âgés de plus de 50 ans avec des comorbidités – soit quelques millions. » A l’instar, de ce que réclame le Conseil national de l’Ordre, il n’est pas impossible que l’on étende la vaccination aux professionnels de santé de moins de 50 ans, a considéré le Pr Fischer, ajoutant que l‘« un des objectifs évidents est de protéger – autant que faire ce peu – la capacité de notre système de soin, dans une perspective qui, de plus, n’est pas réjouissante quant à l’avenir de la pandémie ».
Où en serons-nous à Pâques ? « Si les choses se passent convenablement, on pourrait espérer que de l’ordre de 17 millions de personnes, parmi les plus vulnérables, soient vaccinées d’ici le mois de mai » prévoit l’immunologiste. Les choses ne s’arrêteront pas là puisqu’ensuite « il faudra décliner les groupes suivants : les personnes âgées de moins de 65 ans, les professions exposées, et notamment les populations précaires ».
Deux points capitaux pour venir à bout de la pandémie
Le Pr Fischer a terminé sa présentation en évoquant deux points capitaux, selon lui, pour venir à bout de la pandémie. Primo, la confiance en la vaccination – un sujet dont on parle très peu, a-t-il considéré – d’autant que, « dans l’immédiat, les personnes concernées sont les personnes âgées, qui dans leur immense majorité, souhaitent être vaccinées ». Si c’est un sentiment de frustration qui domine actuellement car la capacité vaccinale ne permet pas immédiatement d’y faire face, qu’en sera-t-il lorsque le temps sera venu de vacciner les classes d’âge qui se sentent moins concernées par la maladie, s’est interrogé le Pr Fischer, considérant qu‘« à ce stade-là peuvent réapparaitre les questions connues sur l’hésitation vaccinale dans ce pays. »
Deusio, quand bien même la France vaccinerait une grande partie de sa population, « on ne peut pas oublier ce qui se passe sur l’ensemble de la planète, et pour un jour, arriver à limiter cette pandémie, ce n’est pas seulement la communauté européenne et l’Amérique du Nord qu’il faut vacciner » a estimé ce spécialiste. « On ne peut pas envisager le succès d’une stratégie vaccinale sans une planification mondiale aussi difficile soit-elle » a-t-il conclu.
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Citer cet article: Toute la population des EHPAD vaccinées d’ici la mi-février - Medscape - 2 févr 2021.
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