Espagne, Etats-Unis—Chez des patients hospitalisés pour une forme légère à modérée de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), l’arrêt des inhibiteurs du système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) n’a pas influé sur le nombre de jours en vie et hors de l’hôpital sur une période de 30 jours, par rapport à la continuation du traitement, selon les résultats d’un essai randomisé publié dans le JAMA[1].
L’arrêt des inhibiteurs du SRAA pendant 30 jours n’a pas non plus entraîné de différences sur les critères secondaires notamment les décès, la mortalité cardiovasculaire ou la progression de la maladie Covid-19.
Pourquoi est-ce important ?
Auteurs : les résultats ne sont pas en faveur d’un arrêt systématique des inhibiteurs du SRAA chez les patients hospitalisés atteints d’une forme légère à modérée du COVID-19.
Méthodologie
Un essai clinique randomisé a été mené dans 29 hôpitaux au Brésil, du 9 avril au 26 juin 2020 ; suivi final : 26 juillet 2020.
659 patients brésiliens ont été inclus pour continuer (n=325) ou arrêter (n=334) les IEC ou ARAII .
Principaux résultats
100 % des patients présentaient une hypertension ; 334 ont arrêté la prise d’inhibiteurs du SRAA.
Le temps entre le début des symptômes et l’admission à l’hôpital était de 6 jours et 27,2% des patients avaient une saturation en oxygène inférieure à 94%.
57,1 % des patients présentaient une forme légère du COVID-19 et 42,9 %
100 % des patients ont effectué un suivi de 30 jours et les groupes étaient bien appariés à l’inclusion
Le critère d’évaluation principal du nombre moyen de jours en vie et hors de l’hôpital n’a pas différé de manière significative entre les patients ayant arrêté la prise d’inhibiteurs du SRAA et ceux ayant continué à en prendre : 21,9 jours, contre 22,9 jours.
91,9 % des patients ayant arrêté la prise d’inhibiteurs du SRAA, contre 94,8 % de ceux ayant continué à en prendre, étaient en vie et hors de l’hôpital à 30 jours.
Le taux de mortalité était de 2,7 % pour les patients ayant arrêté la prise d’inhibiteurs du SRAA, contre 2,8 % pour ceux ayant continué à en prendre.
Le taux de mortalité CV était de 0,6 % pour les patients ayant arrêté la prise d’inhibiteurs du SRAA, contre 0,3 % pour ceux ayant continué à en prendre.
Le taux de progression de la maladie Covid était de 38,3 % pour les patients ayant arrêté la prise d’inhibiteurs du SRAA, contre 32,3 % pour ceux ayant continué à en prendre.
Aucun changement n’a été constaté concernant la tendance générale en fonction de l’âge, de l’obésité, du type d’inhibiteur du SRAA et des résultats à la tomodensitométrie (TDM).
Les événements indésirables les plus fréquents étaient l'insuffisance respiratoire nécessitant une ventilation mécanique invasive (9,6% dans le groupe arrêt vs 7,7% dans le groupe continuation), un choc nécessitant des vasopresseurs (8,4% vs 7,1%, respectivement), l'infarctus aigu du myocarde (7,5% vs 4,6% ), une insuffisance cardiaque nouvelle ou aggravée (4,2% vs 4,9%) et une insuffisance rénale aiguë nécessitant une hémodialyse (3,3% vs 2,8%).
Limites
L’étude a été menée en ouvert.
Seul un faible pourcentage des patients étaient atteints d’une insuffisance cardiaque. Le caractère généralisable des résultats à cette population prenant des inhibiteurs du SRAA n’est donc pas connu.
Financement : Institut d’Or pour la recherche et l’éducation.
Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Citer cet article: COVID-19 : l’arrêt des inhibiteurs du SRAA n’a aucun effet dans le cadre de la forme légère à modérée de la maladie - Medscape - 2 févr 2021.
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