Retards de livraisons inquiétants des vaccins Pfizer et AstraZeneca : le coup de pouce de Sanofi 

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

27 janvier 2021

France — Après les retards de livraisons du vaccin de Pfizer BioNTech, ceux annoncés par AstraZeneca inquiètent beaucoup plus les autorités en raison des forts volumes concernés.

Alors que le vaccin devrait bientôt obtenir une AMM dans l’Union Européenne, le laboratoire AstraZeneca a déjà fait savoir qu’il ne serait pas en mesure de livrer les doses attendues d’ici fin mars.

Au final, 4,6 millions de doses devraient être livrées fin mars au lieu des près de 16 millions de doses attendues, soit seulement 29 % des commandes, indique le Ministère de la Santé et des Solidarités.

 
4,6 millions de doses devraient être livrées fin mars au lieu des près de 16 millions de doses attendues.
 

Ces retards seraient liés à la suspension de ses essais cliniques en septembre-octobre aux Etats-Unis qui aurait entraîné un délai pour obtenir une AMM européenne mais aussi à une « baisse de rendement » sur un site de fabrication.

Le ministère ne semble toutefois pas convaincu par ces arguments : « Si l’AMM est bien délivrée à la fin du mois, les livraisons débuteront en février et non en décembre comme le prévoyait le contrat. Néanmoins, tout l’objet du contrat de précommande a été de financer en amont le démarrage de la production « à risque », c’est-à-dire avant que l’AMM soit obtenue, et donc à notre sens, l’entreprise aurait du démarrer la production dès qu’elle le pouvait comme il était anticipé qu’elle le fasse pour des livraisons en décembre. Elle aurait dû mettre en stock des vaccins pour commencer à nous les livrer une fois l’AMM reçue. C’est une grande déception des Etats membres face à ces volumes de livraison à la fin du premier trimestre qui seront très inférieurs aux attentes ».

Toutefois, des discussions sont en cours et le volume de doses prévues communiquées à ce jour pourrait augmenter d’ici fin mars, précisent les autorités françaises.

Pourrait-on mobiliser d’autres sites de production en France ?

En l’état, ce sont deux usines, celle de Pfizer en Belgique et celle de BioNTech en Allemagne qui s’occupent de l’approvisionnement de l’UE, du Royaume-Uni et du Japon en vaccins Pfizer/BioNTech.

Pour Moderna, c’est le groupe suisse Lonza qui s’occupe des commandes l’UE.

Aussi, à ces sites de production s’ajoutent celui du laboratoire pharmaceutique français Récipharm qui va participer à la production du vaccin Moderna dès mars 2021 dans son usine de Monts (Indre-et-Loire, 37). Et celui du laboratoire français Delpharm qui fabriquera une partie des vaccins de Pfizer/BioNTech à partir d’avril 2021 dans son usine d'Eure-et-Loir (28). 

Toutefois, les futures livraisons des deux laboratoires français sont « déjà comptabilisées dans les prévisions », a précisé le Ministère pour Medscape édition française.

La France, mais aussi l’ensemble des pays de l’UE ,sont donc à la recherche de nouveaux sites de production.

L’espoir d’une aide à la production pourrait venir du laboratoire Sanofi, mais pas avant l’été.

« Nous avons étudié les différentes options possibles avant de nous rapprocher de Pfizer/BioNTech avec qui nous avons signé un accord mardi », a indiqué Paul Hudson, le directeur général de Sanofi au Figaro le jour même. 

En substance, Sanofi va aider à mettre en flacons plus de 100 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech destinés à l’Europe à partir de juillet dans son usine de Francfort.

Interrogé par Medscape édition française, la laboratoire a répondu qu’il ne pouvait pas communiquer le nombre de flacons qui seraient réservés à la France.

Concernant la question cruciale d’un possible transfert de licences aux autres laboratoires qui, partout dans le monde, sont en capacité de fabriquer les vaccins, Olivier Bogillot, PDG Sanofi France, a répondu au Dr Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins, sur BFM TV « que l’enjeu n’est pas de faire des transferts de licence ». Il a précisé qu’il était délicat de mettre le "très fragile ARN" du vaccin en flacons dans de bonnes conditions, que cela prendrait déjà quelques mois, et que produire le vaccin serait encore beaucoup plus long. « Laissons les laboratoires qui se sont lancés dans la production de leur propre vaccin continuer à le faire, voyons comment on peut aider les capacités de productions » a-t-il conclu.

Après l’échec de son vaccin « classique », Sanofi a deux autres vaccins actuellement en développement. « Nous restons déterminés à développer et à mettre sur le marché les deux vaccins candidats sur lesquels nous travaillons. Nous prévoyons de lancer une étude clinique de phase 2b pour notre vaccin à base de protéines recombinantes (avec l’adjuvant développé avec GSK) en février 2021, et une étude clinique de phase 1/2 pour notre vaccin ARNm (avec Translate Bio) au cours du premier trimestre de 2021. Nous pensons que plusieurs vaccins seront nécessaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et nous nous engageons à fournir des vaccins sûrs et efficaces le plus tôt possible », a indiqué Sanofi à Medscape édition française.

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