Les 9 idées reçues qui empêchent l'arrêt du tabac

Marine Cygler

Auteurs et déclarations

25 janvier 2021

Virtuel – Lors des  Journées Européennes de la Société Française de cardiologie  (e-JESFC), une session commune avec la Société francophone de tabacologie a permis de rappeler l'importance du sevrage tabagique. Le tabac reste un facteur de risque cardiovasculaire majeur. Las, l'un des freins à l'arrêt du tabac sont les idées reçues que partagent le fumeur et son médecin. Le Pr Daniel Thomas (Institut de Cardiologie, Pitié-Salpêtrière, Paris) les a listées et démystifiées les unes après les autres.

Idée reçue n°1 : « Arrêter de fumer est une question de volonté »

Ce n'est malheureusement pas qu'une question de volonté. Les patients ont surtout besoin de motivation car le tabac crée une dépendance forte. Le Pr Thomas conseille aux médecins de travailler cette motivation en soulignant plus volontiers les bénéfices immédiats à l'arrêt du tabac perceptibles par le fumeur plutôt que les risques à continuer.

Pour soulager la dépendance, il ne faut pas hésiter à recourir aux produits d'aide au sevrage validés : substituts nicotiniques, varénicline (Champix®) et bupropion (Zyban®).

Idée reçue n°2 : « Fumer seulement quelques cigarettes, ce n'est pas dangereux »

Il n'y a pas de niveau de tabagisme en deça duquel il n'y ait pas de risque, et en particulier sur le plan cardiovasculaire. La relation entre l'exposition au tabac et le risque cardiovasculaire n'est pas linéaire, même le tabagisme passif entraîne un risque significatif. « Une étude de 2018 a montré que fumer en moyenne une cigarette par jour donnait un risque d'AVC et d'insuffisance cardiaque (IC) inférieur seulement de moitié comparé à celui de quelqu'un qui fume 20 cigarettes par jour [1] » a indiqué le Pr Thomas qui en conclut la nécessité d'un arrêt complet du tabac et de ne pas avoir comme objectif une seule diminution du nombre de cigarettes.

Idée reçue n°3 : « Passer aux cigares ou aux cigarillos en pensant c'est moins dangereux »

Le risque d'IC est multiplié par trois quand on fume des cigarettes avec ou sans filtre, des pipes, des cigares ou encore la chicha [2]. L'utilisation exclusive d'un de ces produits confère un risque significatif équivalent de décès [3].

Idée reçue n°4 : « Je fume depuis trop longtemps, c'est trop tard pour arrêter »

Le Dr Thomas indique qu' « arrêter de fumer au-delà de 60 ans, et même au-delà de 80 ans, diminue de l'ordre de 25 % le risque de décès, et en particulier le risque de décès cardiovasculaire ». Son message : il n'est jamais trop tard pour arrêter.

 
Il n'est jamais trop tard pour arrêter.
 

Idée reçue n°5 : « Je fume mais je fais du sport »

L'idée reçue selon laquelle faire du sport élimine les risques liés au tabac est répandue chez les jeunes fumeurs. « C'est faux car le monoxyde de carbone dont l'affinité à l'hémoglobine est 200 fois plus importante que celle de l'oxygène va être toxique autant chez le sportif que chez le non-sportif » explique le cardiologue. Avant de rappeler « que chez ce sportif, le monoxyde de carbone diminue la performance ». Pour mémoire, ne pas fumer fait partie des 10 règles d'or du sportif.

Idée reçue n°6 : « Fumer m'aide à gérer mon stress »

Il y a eu ces dernières années un changement total de paradigme à ce sujet. Si une cigarette semble diminuer momentanément le stress, l'anxiété ou la dépression, il s'agit en fait d'un cercle vicieux. La cigarette entretient ces différents symptômes qui sont améliorés en quelques semaines après le sevrage tabagique [4]. Celui-ci a un effet équivalent ou supérieur à des traitements des troubles de l'humeur.

Idée reçue n°7 : « Arrêter de fumer fait prendre beaucoup de poids »

Lorsqu'on arrête de fumer, la prise de poids moyenne est de 4,5kg au terme d'un an. Mais ce n'est pas automatique : si 13% des anciens fumeurs grossissent de plus de 10kg, 16 % perdent du poids.

« Cette idée reçue doit être discutée avec les fumeurs et mettre en œuvre les mesures hygiéno-diététiques. On peut s'aider des produits d'aide au sevrage (substituts nicotiniques, varénicline, bupropion) qui limitent la prise de poids au moins pendant la durée du traitement » explique Daniel Thomas.

Idée reçue n°8 : « j'ai une maladie coronaire, la substitution nicotinique n'est pas pour moi »

En mai 2003, l'ex-ANSM (Afssaps) indiquait à ce sujet que :

  • les substituts nicotiniques sont bien tolérés chez les patients coronariens.

  • les substituts nicotiniques sont recommandés chez les patients coronariens fumeurs.

  • Les substituts nicotiniques peuvent être prescrits au décours immédiat d'un infarctus du myocarde.

Idée reçue n°9 : « arrêter de fumer revient cher »

« Ce n'est plus vrai » dénonce le Pr Thomas qui rappelle que les substituts nicotiniques et la varénicline sont remboursées à 65 % par l'Assurance Maladie, et même 100 % avec les mutuelles.

A mettre en avant également les perspectives d'économie très importantes, à l'heure où la plupart des paquets de cigarettes ont un prix qui excède 10 euros.

 

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