Désormais remboursé, le test salivaire EasyCov va-t-il être (enfin) largement autorisé ?

Marine Cygler

13 janvier 2021

France – Le test salivaire EasyCov est désormais remboursé par la Sécurité sociale, d'après un arrêté publié le 5 janvier au Journal Officiel. Comme son nom l'indique, il a l'avantage d'être simple d'utilisation. Il est aussi rapide et présente une sensibilité bien meilleure que les tests antigéniques si bien qu'il est déjà utilisé à l'étranger et dans des entreprises privées. Avec son remboursement, il pourrait entrer – enfin, considèrent ses concepteurs de la biotech française SkillCell et du CNRS – largement et officiellement dans le dispositif de dépistage de l'infection au SARS-CoV2.

Plus économique, plus rapide et plus facile d’utilisation

Fin novembre dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait donné un avis favorable sur l’utilisation et le remboursement de ce test chez les patients symptomatiques pour lesquels le prélèvement nasopharyngé est impossible ou difficilement réalisable. « C'est une démarche classique de la HAS de restreindre un nouveau dispositif à des cas particuliers. Mais je pense que rapidement le test sera autorisé pour tout le monde », indique Franck Molina du laboratoire Sys2diag (CNRS/Alcen) qui a mis au point EasyCov.

Plus économique, plus rapide et plus facile d’utilisation que le test RT-PCR, EasyCoV est pourtant déjà utilisé dans différents pays (Belgique, Italie, Espagne) et dans des aéroports internationaux depuis juillet... « En France, un EHPAD de Vendée y a aussi recours pour son personnel et les résidents, les tournages de cinéma et même certaines entreprises qui testent leurs salariés s'en sont dotés » énumère-t-il.

Interrogé par Medscape édition française, Franck Molina explique son retard dans l'hexagone : « Alors qu'on sentait une vraie opposition de principe au test salivaire, cette résistance intellectuelle n'est plus d'actualité ». Selon lui, il faut que les Agences régionales de santé (ARS) positionnent le test salivaire auprès des médecins généralistes. « Avec le remboursement, cela va se clarifier » espère-t-il.

86% de sensibilité

Le test salivaire EasyCov utilise la technologie RT-LAMP pour amplifier l’ARN viral puis révéler ou non sa présence dans un échantillon salivaire après un chauffage à température constante (65°C). Le résultat est donné par colorimétrie en quarante minutes.

«Easy Cov coûte deux à trois fois moins qu'un test RT-PCR sur un prélèvement nasopharyngé avec un niveau de fiabilité équivalent » explique Franck Molina. La sensibilité est de 86 %, mais la  spécificité est de 92%, contre 99% requis par la HAS qui préconise donc la réalisation d'un test RT-PCR de confirmation en cas de positivité au SARS-CoV2 avec le test EasyCov.

Quid des nouveaux variants anglais et sud-africains ? Franck Molina se veut rassurant en expliquant que le problème des mutations a été contourné dès l'élaboration du test en utilisant des zones de l'ARN viral qui mutent très peu.

Des dentistes, « cobayes » enthousiastes

Interrogé par Medscape édition française, le Dr Eric Lenfant, président de l'URPS chirurgien dentiste de la région Auvergne Rhône-Alpes, témoigne de l'utilisation du test. « En septembre, nous avons expérimenté le test EasyCov dans environ 200 cabinets dentaires. Les chirurgiens dentistes et le personnel se sont prêtés au jeu. Nous sommes très enthousiastes car nous avons constaté une très bonne fiabilité d'un test qu'on peut réaliser directement au cabinet ».

Eric Lenfant considère qu'il ne faudrait pas tester tous les patients mais plutôt ceux qui ont un rhume ou qui voyagent beaucoup. Ce dépistage sans acte agressif augmenterait l'acceptabilité de la patientèle.

Ce qui lui plaît le plus ? « la facilité d'utilisation : il suffit d'une prise sur le secteur et de faire deux transferts faciles dans des microtubes ». Pour cette profession particulièrement exposée, pouvoir réaliser des tests fiables représenterait un progrès considérable. Cela dit, pour l'instant, la HAS n'autorise que les laboratoires de biologie médicale et les médecins à faire de ce dépistage. Et encore, le cadre dans lequel ces tests seront accessibles est encore flou.

 

Copyright visuel de une : Cyril FRESILLON / Sys2Diag / CNRS Photothèque

 

 

 

 

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