Vaccination, variant, contraintes sanitaires : les annonces du gouvernement 

Anne-Gaëlle Moulun

8 janvier 2021

Paris, France -- Lors de son allocution du 7 janvier, le premier ministre Jean Castex a annoncé le maintien des fermetures des bars, restaurants, lieux de cultures et remontées mécaniques des stations de ski. Il a défendu la politique vaccinale des pouvoirs publics, tout en indiquant une simplification et une accélération de la campagne.

La France s’en sort mieux que ses voisins européens

« Même si le virus circule légèrement moins en France que chez nos voisins, le niveau des contaminations reste élevé », a déclaré Jean Castex. « Nous étions à 10 000 contaminations par jour mi-décembre, nous sommes actuellement à 15 000 cas par jour environ. C’est moins que les 50 000 cas par jour fin octobre, mais c’est encore loin des 5000 cas par jour correspondant à la maîtrise de l’épidémie », a-t-il souligné. Il recense ainsi encore près de 2500 nouvelles hospitalisations par jour et une nouvelle personne admise en réanimation toutes les 7 minutes. Environ 2600 malades sont en réanimation actuellement. De plus, « nous n’aurons suffisamment de recul que la semaine prochaine pour voir les conséquences des fêtes de fin d’année », a rappelé le premier ministre, notant que la situation se dégrade dans certains territoires plus vite qu’ailleurs, notamment à l’Est et en Guyane. La France s’en sort cependant mieux que ses voisins européens. Au Royaume-Uni, le taux d’incidence est près de 8 fois supérieur au nôtre et en Suisse, les taux d’incidence et de mortalité sont près de 2 fois supérieurs à ce que nous connaissons en France. Ce qui fait dire à Jean Castex que « le confinement et les couvre-feux ont eu un effet positif ».

Un variant anglais plus contagieux

Néanmoins, l’apparition de nouvelles souches du virus, l’une venant du Royaume-Uni et l’autre d’Afrique du Sud, inquiète les autorités. « Nous avons décidé de fermer les frontières avec le Royaume-Uni et cette mesure sera maintenue jusqu’à nouvel ordre », a annoncé le premier ministre.

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a détaillé pour sa part les connaissances actuelles sur le variant anglais, repéré chez 19 patients en France : « il est considéré comme plus contagieux de 40 à 70 % et il est devenu le variant majoritaire en Angleterre, où il est responsable d’une aggravation importante de l’épidémie. Il donnerait le même type de symptômes, mais serait plus contagieux en particulier chez les enfants, sans être plus grave ». Le variant sud-africain, quant à lui, est encore mal connu et a été détecté chez 3 patients en France. « Tous les laboratoires sont mobilisés pour traquer le variant. Tous les tests PCR douteux seront analysés par séquençage génétique pour dénombrer les variants anglais et nous allons mettre en place une surveillance accrue dans les écoles. De plus, les personnes venant d’Angleterre ou d’Afrique du Sud doivent présenter un test PCR négatif pour entrer sur le territoire français », a expliqué le ministre de la Santé.

Maintien des fermetures

Face à cette situation sanitaire qui reste préoccupante, « nous devons non seulement maintenir les mesures en vigueur visant à freiner la circulation du virus et être prêts à les renforcer. La deuxième vague est toujours là », a souligné le premier ministre. Ainsi « toutes les activités, tous les établissements fermés le resteront jusqu’à la fin du mois : musées, théâtre, cinémas, secteur de la culture, secteur sportif, stations de ski, etc. Les conditions d’une reprise à partir de début février seront revues le 20 janvier prochain », a annoncé Jean Castex.

« Nous ferons un point de situation avec les restaurateurs et propriétaires de bars. Leur ouverture est reportée a minima à mi-février. L’État continuera à apporter des aides économiques à tous ces secteurs », a-t-il promis. Par ailleurs, le régime de couvre-feu à 20 heures est prolongé jusqu’au 20 janvier. Il reste avancé à 18 heures dans 15 départements, qui pourraient être rejoints par 10 départements supplémentaires. Les préfets prendront des décisions d’ici ce soir pour une entrée en vigueur dimanche. « Des mesures complémentaires pourront être prises en cas de besoin. Malgré les perspectives de la vaccination nous devons maintenir des mesures de freinage et poursuivre et renforcer notre stratégie tester-alerter-protéger », a estimé le premier ministre. « Les tests sont gratuits en France », a-t-il insisté, notant qu’il existe plus de 12 000 points de tests en France. « Pendant la semaine précédant Noël, nous avons réalisé 3 millions de tests. Aujourd’hui, 86 % des résultats sont rendus en moins de 24h. D’autres améliorations sont nécessaires pour gagner en efficacité et garantir l’isolement des personnes positives. Dès le 10 janvier chaque personne déclarée positive se verra proposer une visite à domicile par un infirmier », a-t-il annoncé.

Concernant la campagne vaccinale, vivement critiquée pour la lenteur de son démarrage, le premier ministre a souhaité défendre les choix du gouvernement. « La campagne a démarré plus lentement que chez nos voisins, ce qui est dû à notre décision de respecter les priorités préconisées par la Haute autorité de santé (HAS) », a-t-il affirmé, dénonçant les « critiques outrancières » dont la campagne a fait l’objet. « La HAS nous a recommandé de vacciner en premier les personnes résidant en EHPAD. Même si cela est plus lent. Or, on ne recueille pas le consentement d’une personne de 90 ans atteinte d’Alzheimer comme on recueille le consentement d’une personne de 20 ans ! ».

Dès le 10 janvier chaque personne déclarée positive se verra proposer une visite à domicile par un infirmier.

Simplifier la stratégie vaccinale

Néanmoins, il a reconnu qu’il fallait « gagner du temps et aller plus vite ». La France a pré-commandé plus de 200 millions de vaccins qui nous seront livrés au cours de l’année 2021. « Nous en avons même commandé beaucoup plus que nécessaire car il est possible que certains vaccins n’obtiennent pas les autorisations ou les obtiennent plus tard que prévu. Pour autant, tout le monde ne pourra pas être vacciné tout de suite », a mis en garde le premier ministre.

« Il faut vacciner le plus vite possible les 15 millions de personnes âgées et souffrant de pathologies chroniques. D’ici fin janvier : les quantités reçues nous permettrons d’être en capacité de vacciner au moins 1 million de personnes. Nous veillerons à acheminer des vaccins dans tous les territoires, y compris d’Outre-mer », a-t-il promis.

« Il ne s’agit pas de modifier notre stratégie mais de la simplifier », a-t-il indiqué, rappelant que depuis lundi 4 janvier, les professionnels de santé, pompiers et aides à domicile de plus de 50 ans peuvent se faire vacciner. 45 000 personnes ont été vaccinées au cours des 5 derniers jours.

Possibilité de différer la deuxième dose du vaccin Pfizer

« Le vaccin est sûr et les effets indésirables graves sont extrêmement rares. Cela concerne environ un patient pour 100 000 vaccinés et prend la forme de réactions allergiques », a complété Olivier Véran, assurant que « les circuits logistiques sont opérationnels ». « Nous avons multiplié par quatre le nombre d’hôpitaux ayant reçu des vaccins. Mercredi, 12 500 personnes ont été vaccinées et jeudi, au moins 25 000. Nous visons un million de personnes vaccinées d’ici la fin du mois de janvier. Par ailleurs, les autorités sanitaires ont validé un principe important : la possibilité de différer la deuxième dose du vaccin Pfizer à 6 semaines au lieu de 3 après la première injection. Cela nous permettra de disposer de davantage de doses pour la première injection », s’est-il félicité. Chaque semaine, la France reçoit actuellement 500 000 doses de vaccin. En mars, ce chiffre devrait être porté à 1 million par semaine. Par ailleurs, dès lundi, 50 000 premiers vaccins Moderna, qui viennent d’être autorisés par l’Agence européenne du médicament, seront livrés à la France. Six centres de vaccination seront ouverts dans chaque département. « Le moment est venu d’élargir la vaccination.

Les plus de 75 ans vaccinés dès le 18 janvier

Dès la semaine prochaine, les personnes de plus de 75 ans pourront prendre rendez-vous et elles pourront se faire vacciner à partir du 18 janvier », a indiqué le ministre de la Santé. Pour ces personnes, un numéro de téléphone et un site internet seront mis en place leur permettant de prendre rendez-vous. La consultation pré-vaccination ne sera pas obligatoire pour elles et un auto-questionnaire sera rempli directement le jour de la vaccination pour connaître les éventuelles contre-indications à l’injection, a indiqué Olivier Véran qui s’est insurgé contre un certain nombre de contre-vérités : « Non, il n’a jamais été question de demander un consentement écrit pour se faire vacciner. Non, il n’a jamais été question de recueillir un consentement 5 jours avant la vaccination ».

Vaccination ouverte aux 65 ans et plus « dès que possible »

Sans donner de date, il a indiqué que la vaccination serait ouverte aux 65 ans et plus « dès que possible », notant que d’autres vaccins aux fonctionnements différents étaient attendus d’ici le mois de mars. « Nous avons commandé 78 millions de doses avant l’été », a-t-il annoncé. Il a ensuite promis que « chaque jour nous publierons les chiffres du nombre de vaccinations ».

« J’ai conscience de l’impatience légitime de ceux qui ont hâte de se faire vacciner. Faites-vous vacciner, aidez vos proches à se faire vacciner ! En nous vaccinant, nous sauverons des vies et nous retrouverons la nôtre ! », s’est-il exclamé.

Jean Castex a, pour sa part, indiqué que « la vaccination est devenue la priorité numéro 1 du gouvernement ». Néanmoins, « ne confondons pas vitesse et précipitation. Je demande que cessent les polémiques stériles qui n’apportent rien. On ne peut pas, alors que le match vient de commencer, prétendre dès les premières minutes qu’il est déjà perdu. Nous relèverons ensemble le défi de la vaccination et nous relèverons ce défi historique. Se faire vacciner c’est se protéger soi-même mais c’est aussi protéger les autres », a-t-il conclu.

 

Chiffres clés en France de Santé publique France, semaine 53 :

 

-Nombre de nouveaux cas confirmés de COVID-19 (SI-DEP) : 96 743 (+17%)
-Taux de positivité (%) pour SARS-CoV-2 (RT-PCR seules) : 5,4% (+2,6 points)
- Taux de dépistage (/100 000habitants) pour SARS-CoV-2(SI-DEP) : 2 647 (-39%)
-Nombre d’actes SOS Médecins pour suspicion de COVID-19 : 2 420 (+16%)
-Nombre de passages aux urgences pour suspicion de COVID-19 (réseau OSCOUR®) : 5 434 (+4%)
-Nombre de nouvelles hospitalisations de patients COVID-19 (SI-VIC) : 7 460 (-3%)
-Nombre de nouvelles admissions en réanimation de patients COVID-19 (SI-VIC) : 1 135 (+2%)
-Nombre de décès liés à la COVID-19 (incluant les décès en hospitalisation et décès en EHPA et autres EMS) : 2 035 (non consolidée)

 

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