La revue de presse en oncologie

Cancer de la vessie: les nouveautés publiées en février

Dr Constance Thibault

Auteurs et déclarations

15 février 2021

Le Dr Constance Thibault commentent deux études récentes l’essai français VESPER et la méta-analyse BC2001/BCON ― qui comparent chacune deux schémas thérapeutiques dans les cancers vesicaux localisés.

 

TRANSCRIPTION

Bonjour et bienvenue sur Medscape. Je suis le Dr Constance Thibault, oncologue médicale à l’hôpital européen Georges Pompidou, à Paris. Aujourd’hui, je vais vous présenter les résultats de deux études publiées récemment qui concernent les cancers de la vessie localisés.

VESPER : cisplatine-gemcitabine vs MVAC

La première étude s'appelle  VESPER [1]. Il s’agit d’une étude française réalisée grâce à la collaboration du GETUG [Groupe d’étude des tumeurs urogénitales, Unicancer] et de l’AFU [Association Française d’urologie], donc des oncologues médicaux et des urologues. C’est une étude de phase 3 qui avait pour objectif de comparer deux schémas de chimiothérapie en périopératoire dans les cancers de la vessie infiltrant le muscle localisés. Il y a classiquement deux schémas qui peuvent être utilisés :

  • le cisplatine-gemcitabine, utilisé notamment aux États-Unis

  • le MVAC [méthotrexate, vinblastine, doxorubicine et cisplatine] intensifié, qui est un peu plus utilisé en Europe, mais avec l’impression que c’est un schéma un peu plus toxique.

Aucune étude n’avait comparé l’efficacité et la tolérance de ces deux traitements au stade localisé et c’était donc la question ambitieuse que posait l’étude VESPER. Elle a inclus 500 patients randomisés entre ces deux schémas de traitement. Les patients recevaient le traitement sur une période de trois mois. Le MVAC intensifié était administré tous les 15 jours à raison de six cycles, et le cisplatine-gemcitabine était réalisé toutes les trois semaines avec une injection de gemcitabine à J1-J8, donc à quatre reprises. Pourquoi ce choix de quatre et de six cycles ? C’était pour avoir la même durée de traitement, quel que soit le protocole de chimiothérapie utilisé.

L’étude avait comme critère de jugement principal le taux de survie sans récidive à trois ans et le choix « est-ce que la chimiothérapie était faite en néoadjuvant ou en adjuvant ? » était laissé libre à l’investigateur. Les critères de jugement secondaire étaient la survie globale et le taux de réponse complète histologique (pT0), et bien évidemment la tolérance.

Résultats : Les résultats préliminaires, c’est-à-dire  concernant les critères de jugement secondaires, notamment le taux de réponse complète histologique et la tolérance, ont été présentés l’année dernière au congrès de l’ASCO GU, et cette année les résultats qui ont été publiés [1]. Globalement, en terme de taux de réponse complète, il n’y a pas de différence entre le MVAC intensifié et le cisplatine-gemcitabine, étant donné que le taux de réponse complète était de 42 % sous MVAC intensifié versus 35 % sous cisplatine-gemcitabine — cette différence n’était pas significative. En revanche, le taux de downstaging, c’est-à-dire de maladie inférieure ou égale à pT2 était statistiquement plus élevé dans le bras MVAC intensifié que dans le bras cisplatine-gemcitabine. Concernant la tolérance, on voit que le MVAC intensifié semble un peu plus toxique, notamment en termes d’asthénie de grade supérieur ou égal à trois, et en termes d’effets secondaires digestifs. On n’a pas encore de résultats sur la survie sans progression à trois ans qui, je le rappelle, était le critère de jugement principal. Mais ce sont les premiers résultats de comparaison de ces deux schémas de traitement et on a hâte d’avoir les données une fois que l’étude aura un peu plus de suivi.

Méta-analyse BC2001/BCON : radiothérapie hypofractionnée vs classique

La deuxième étude concerne la radiothérapie et a été publiée dans le Lancet Oncology . [2] Elle comparait deux schémas de radiothérapie dans les cancers de la vessie localisés, à partir de deux études de phase 3. La question posée était : « est-ce qu’un schéma en hypofractionné peut faire aussi bien qu’un schéma avec un fractionnement classique ? » 

  • le fractionnement classique était de 32 fractions étalées sur un peu plus de six semaines et demie, ce qui faisait au total 64 Gy

  • le schéma hypofractionné était de 55 Gy en vingt fractions, donc une administration sur quatre semaines / un mois.

Il existait déjà des données sur le schéma en hypofractionné, mais cela n’avait jamais été comparé aux schémas plus classiques. Une équipe anglaise a donc réalisé une méta-analyse à partir des données individuelles de deux essais : BC2001 et BCON. Dans ces essais, la question posée était la radiothérapie seule versus la radiothérapie + un radiosensibilisateur. Au sein de ces deux essais, il était laissé libre à l’investigateur de choisir le schéma de fractionnement de la radiothérapie, et les auteurs avaient pour objectif de regarder si un schéma en hypofractionné n’était pas inférieur à un schéma classique et de regarder, bien évidemment, la tolérance à long terme, notamment au niveau vésical et au niveau rectal. Au total, 782 patients ont été étudiés à partir de ces essais de phase 3.

Résultats : Les résultats sont très intéressants. Non seulement le schéma en hypofractionné n’est pas inférieur au schéma classique, mais en plus, il semble être supérieur en termes de contrôle local de la maladie invasive, qui était le critère de jugement principal. En termes de tolérance, là encore, le schéma hypofractionné ne semble pas plus toxique. Concernant la survie globale, on a l’impression qu’il y a une tendance en faveur du schéma hypofractionné, mais elle n’est pas significative. Donc ces résultats devraient probablement changer les pratiques et inscrire le schéma hypofractionné dans les cancers vésicaux, comme cela l’a déjà été dans le cancer de la prostate.

À bientôt sur Medscape.

 

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