France – Après avoir annoncé le 31 décembre via les réseaux sociaux que les soignants de plus de 50 ans (et/ou avec des comorbidités) allaient pouvoir, eux aussi, sans plus attendre, pouvoir bénéficier de la vaccination contre le Covid, Olivier Véran lance officiellement ce lundi 4 janvier la campagne vaccinale auprès des professionnels de santé en se déplaçant dans un centre de vaccination mis en place à l’Hôtel-Dieu (AP-HP, Paris). Sera concerné l’ensemble des professionnels de santé exerçant en ville ou à l’hôpital. Un nouveau rétropédalage du gouvernement, alors que la Haute Autorité de Santé ré-affirmait il y a quelques jours encore, modélisation mathématique à l’appui le bien fondé de sa stratégie de vaccination consistant à vacciner en priorité – et en quasi exclusivité – les personnes les plus âgées et les plus vulnérables avec le vaccin Pfizer-BioNTech
Passer à la vitesse supérieure
Il n’a pas fallu plus de quelques jours après la vaccination de Mauricette, 78 ans, en direct le 27 décembre, pour que les critiques commencent à se faire entendre. S’exprimant dans les médias, le généticien Axel Kahn (président de la Ligue nationale contre le cancer) a été l’un des premiers à juger la mise en oeuvre de la vaccination dans le pays trop lente, et donc propre à renforcer les doutes de la population envers les vaccins. « Il faut protéger le peuple Français et les personnes fragiles. Et faire vacciner les soignants en priorité », a-t-il déclaré le 30 décembre sur Europe 1, lui-même décidé à se faire vacciner « le plus tôt possible ». Le même jour, l’Académie de Médecine publiait un communiqué intitulé «Il n’est plus temps d’attendre », dans lequel l’institution dénonçait « une mise en œuvre très progressive de la campagne de vaccination» et un «démarrage très lent du programme » [1]. Conséquence : « le premier bilan (moins de 100 personnes vaccinées en 3 jours) est difficile à défendre en comparaison avec ceux des pays européens qui ont suivi des plans stratégiques différents » écrivait-elle.
Le lendemain, c’est Emmanuel Macron, qui faisait part de son agacement quant au démarrage à petite vitesse de la vaccination, en promettant lors de ses voeux à la Nation de lutter contre « une lenteur injustifiée».
Agacement
Dès lors, Olivier Véran annonçait via twitter que les soignants de plus de 50 ans pourraient, eux aussi, bénéficier de la vaccination contre le Covid à partir du lundi 4 janvier. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a pris les devants et décidé d’amorcer le mouvement dès vendredi. Il était temps car la moutarde commençait à monter au nez des professionnels de santé. Dans un communiqué paru ce jour, le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Elargi aux autres spécialités (SNPHARE) s’agace du retard à la mise en route de la vaccination à double titre. Le SNPHARE considère que les soignants sont les « oubliés » de la priorisation de la vaccination, « alors que le Covid a été reconnue comme maladie professionnelle, et que les services sont en difficulté quand les soignants sont malades ». Et que par ailleurs « chaque jour de vaccination de perdu, ce sont des morts en plus, c’est un système hospitalier en tension, ce sont des déprogrammations et un sacrifice des patients non-Covid ».
Démarrage symbolique
Avant le coup d'envoi officiel de cette vaccination des soignants de plus de 50 ans, donné cet après-midi avec le déplacement d’Olivier Véran à l’Hôtel-Dieu, l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt (AH-HP, Hauts-de-Seine) a voulu montrer la voie en commençant à vacciner dès vendredi dernier, a indiqué Martin Hirsch, le directeur général de l'AP-HP. Plus symbolique qu’autre chose, une petite centaine de soignants en tout ont reçu une première dose entre vendredi et samedi dernier sur des sites de l’AP-HP.
Parmi eux, le Dr Patrick Bouet, président de l'Ordre des médecins, qui a souhaité que tous ses confrères médecins de famille puissent être aussi rapidement vaccinés : « Notre demande, nous, au ministre, est très claire. Il faut qu'il annonce dès le début de la semaine prochaine que ces centres de vaccination sont ouverts indifféremment par rapport au mode d'exercice » a-t-il affirmé au micro de France Info .
Déployement à plus grande échelle
Interrogé par Medscape France, le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches considère qu’il est normal que les soignants qui « ont beaucoup donné et sont très exposés » bénéficient de la vaccination mais insiste sur le fait qu’il ne « faut pas faire reposer la vaccination uniquement sur les soignants ». Il prône une vaccination « hors les murs » [de l’hôpital] et propose de « mettre en place rapidement comme les autres pays d’Europe une vaccination de masse. »
Une option que l’exécutif pourrait à terme décider de mettre en œuvre sachant que, pour le moment, le centre de vaccination mis en place à l’Hôtel-Dieu préfigure un modèle organisationnel en cours de déploiement (centre de vaccination, MSP, CPTS, centres de santé, centres communaux …) sur le territoire national qui fera participer « les établissements de santé, les professionnels de santé et les collectivités territoriales », indique le gouvernement.
Rappelons, qu’à ce jour, selon le site CovidTracker, seules 516 personnes ont été vaccinées en France.
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Citer cet article: La vaccination des soignants de plus de 50 ans a démarré - Medscape - 4 janv 2021.
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