COVID-19 : plus d’issues fatales chez les transplantés cardiaques

Debra L. Beck

Auteurs et déclarations

31 décembre 2020

Boston, Etats-Unis – Les bénéficiaires d’une transplantation cardiaque infectés par le SARS-CoV-2 sont deux fois plus susceptibles de décéder du Covid et doivent être adressés très précocement à un centre transplanteur pour y recevoir des soins, selon des spécialistes de la transplantations cardiaques d’Italie du Nord.

Dans un  COVID Rapid Report publié début décembre dans le JACC, le groupe du Dr Tomaso Bottio (Université de Padoue) a présenté les résultats obtenus chez 47 transplantés cardiaques testés positifs au SARS-CoV-2 entre le 21 février et le 30 juin 2020.

Les investigateurs ont trouvé un pourcentage de mortalité de 29,7% contre 15,4% dans la population générale. La prévalence de l’infection chez ces patients était aussi plus élevée avec 18 cas pour 1000 (vs 7).

« Référer très rapidement à un centre de transplantation est essentiel de façon à optimiser la thérapie immunosuppressive et le suivi cardiologique » considère le Dr Bottio.

Des patients plus âgés avec plus de comorbidités

Au-delà de la nécessité d’ajuster au mieux l’immunosuppression, le fonctionnement du greffon doit être évalué pour « éviter un rejet aigu ou une décompensation », ajoute-t-il.

Le Dr Bottio et ses collègues ont suivi des cas de Covid-19 parmi 2676 transplantés cardiaques en vie avant le début de la pandémie dans 7 centres de transplantation du nord de l’Italie.

Sur les 47 patients greffés qui ont contracté le virus, 38 ont nécessité une hospitalisation tandis que 9 sont restés à leur domicile. Au total, 14 sont morts. La longueur moyenne du séjour à l’hôpital était de 17,8 jours, plus long pour ceux qui ont survécu (23,2 jours vs 8,5 jours, p<0,001).

Les personnes qui sont décédées étaient significativement plus âgées que celles qui ont survécu (72 vs 58 ans, p = 0,002) et plus susceptibles d’avoir du diabète (p = 0,04), une artériopathie extra-cardiaque (p = 0,04), des antécédents d’angioplastie (p = 0,04) et plus de symptômes d’insuffisance cardiaque (p = 0,02).

Bien que les auteurs disent que le haut taux de mortalité était, malheureusement, attendu, ils ne pensaient qu’autant de malades géreraient si bien la maladie à domicile.

« Ce qui nous a le plus surpris, c’est la proportion de patients transplantés cardiaques a- ou pauci-symptomatiques qui s’en sont bien sortis en restant chez eux sans modification de leur traitement » parage le Dr Bottio. Les investigateurs ont aussi été surpris de voir qu’il n’y a pas eu de cas d’échec de la greffe en raison de myocardite liée à l’infection.

Ces résultats observés en Italie du Nord ne sont pas différents des 25% de taux d’issues fatales vue dans une cohorte de patients transplantés qui ont attrapé le Covid-19 à New-York assez tôt dans la pandémie.

Dans une autre étude, sur un plus grand groupe de receveurs d’organes solides avec une infection au SARS-CoV-2 dans deux centres pendant les 3 premières semaines de l’épidémie à New York, 16 des 90 patients (18%) sont décédés.

Des recommandations de traitement ?

Du fait qu’il n’existe pas d’essais randomisés concernant le traitement de cette population très vulnérable, le Dr Bottio et ses collègues ont suggéré, sur la base de leur expérience, qu’une modification du traitement immunosuppresseur n’est pas nécessaire chez les patients pauci-symptomatiques.

« D’un autre côté, chez les patients hospitalisés, une réduction partielle du traitement anti suppresseur en évitant un arrêt total et le risque de rejet semble être la stratégie communément admise pour faire face à l’infection virale » dit-il.

« De plus, l’introduction de corticostéroïdes pourrait aider à suspendre le déclenchement d’une cascade inflammatoire responsable de formes sévères de la maladie. »

Une prophylaxie antibiotique semble être « fondamentale », ajoute-t-il, en particulier chez les patients hospitalisés, mais « le rôle des traitements antiviraux spécifiques n’est toujours pas totalement compris dans cette population ».

Depuis le 1er juillet, les auteurs ont eu 6 patients supplémentaires testés positivement pour le SARS-CoV-2. Cinq étaient asymptomatiques et ont gardé la quarantaine à leur domicile sans modification de leur traitement immunosuppresseur. Un patient a été hospitalisé pour une pneumonie et a vu son traitement immunosuppresseur diminué.

Le Dr Bottio et ses co-auteurs n’ont rapporté aucun lien d’intérêt pertinent.

L’article a été publié initialement sur Medscape.com sous le titre COVID-19 Case Fatality Doubled in Heart Transplant Patients. Traduit par Stéphanie Lavaud.

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