France—Alors que le début de la campagne de vaccination contre le SARS-CoV-2 est imminente en France, les vaccins à ARN, de par leur nouveauté, suscitent de nombreuses questions et craintes. L’INSERM a fait le point sur cette technique.
Quelle différence avec les autres types de vaccins ?
Les vaccins à ARN ont pour particularité de ne pas contenir l’agent infectieux atténué ou inactivé, ou certains de ses composants, comme c’est habituellement le cas. Ces nouveaux vaccins reposent sur l’injection d’un ARN messager (ARNm) codant pour la protéine Spike présente à la surface du coronavirus SARS-CoV-2. Cet ARN va pénétrer dans les cellules du patient localisées au niveau du site d’injection et être traduit en protéine, comme n’importe quel autre ARNm se trouvant dans le cytoplasme. C’est la protéine Spike traduite par la cellule qui déclenchera la réaction immunitaire.
Pourquoi avoir choisi cette nouvelle technique ?
Les vaccins à ARN ont pour avantage de pouvoir être développés plus rapidement que les vaccins utilisant les techniques plus traditionnelles et ils ne nécessitent pas d’adjuvant chimique. Cette nouvelle technologie vaccinale permet de réagir plus vite en période pandémique et permettra d’adapter rapidement le vaccin si une mutation du SARS-CoV-2 venait compromettre son efficacité.
Les vaccins à ARN ont également pour avantage de déclencher une réponse immunitaire puissante et très spécifique. La protéine Spike produite par l’organisme est extrêmement proche de sa conformation naturelle dans le virus sauvage.
Faut-il craindre une modification de notre génome ?
Il est important de préciser que l’ARNm injecté via le vaccin pénètre uniquement dans le cytoplasme de la cellule et non dans le noyau. Il ne peut donc pas transformer notre génome puisque celui-ci se trouve dans le noyau.
Par ailleurs, cet ARNm ne peut pas être transmis à la descendance car l’injection est locale : les cellules qui reçoivent cet ARNm sont principalement les cellules musculaires. En aucun cas l’ARNm ne va jusqu’aux cellules des organes reproducteurs.
Enfin, les cellules produisant la protéine Spike suite à l’injection du vaccin sont rapidement détruites par le système immunitaire. L’ARNm étranger ne reste donc pas longtemps dans l’organisme.
Pourquoi les vaccins à ARN n’avaient jamais atteint les études de phase 3 ?
Alors que les vaccins à ARN apparaissent comme une technologie nouvelle, elle ne date pourtant pas d’hier… Des chercheurs travaillent sur ce sujet depuis plusieurs décennies, mais il a fallu surmonter quelques obstacles techniques, comme la taille des molécules d’ARN qui est dix fois plus importante qu’un antigène protéique injecté via un vaccin traditionnel. Il a donc été nécessaire de développer un système de transport de ces molécules pour qu’elles puissent entrer dans les cellules d’intérêt. Ce n’est que récemment que des solutions ont été trouvées, notamment en utilisant des particules nanolipidiques pour transporter l’ARNm vaccinal jusqu’aux cellules.
Le développement de cette technique a également été accéléré par la vitesse de circulation du virus dans la population, qui a permis d’obtenir plus rapidement des résultats d’efficacité lors des essais cliniques et par des financements qui n’avaient jamais été aussi élevés. Les chercheurs ont disposé de moyens qu’ils n’avaient pas jusqu’alors pour mener des essais cliniques aussi rapidement et efficacement.
Ce résumé clinique a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Citer cet article: Vaccins à ARN : l’INSERM rassure - Medscape - 28 déc 2020.
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