Les premières vaccinations avancées à la dernière semaine de décembre

Anne-Gaëlle Moulun

18 décembre 2020

Paris, France – Alors que le coronavirus a frappé au sommet de l’état, Jean Castex, Olivier Véran et Jérôme Salomon ont chacun leur tour pris la parole cette semaine. Principale nouveauté : la campagne de vaccination pourrait démarrer plus tôt que prévu, dès fin décembre, sous réserve que les vaccins obtiennent les autorisations nécessaires et que la logistique suive.

Remontée du nombre de cas en France

« La situation sanitaire reste aujourd’hui préoccupante », a indiqué le Premier ministre Jean Castex, devant l’Assemblée nationale mercredi 16 décembre. « Nous avons atteint ces derniers jours un plateau dans le nombre de contaminations. Une personne est encore hospitalisée toutes les minutes et une personne est admise d’urgence en réanimation toutes les sept minutes », a-t-il détaillé.

De son côté, le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, qui a fait le point jeudi 17 décembre sur la situation sanitaire, a indiqué que « nous entrons dans une saison à haut risque : l’hiver », a-t-il indiqué, soulignant que la température, l’humidité et le vent semblaient être des facteurs d’intensification du virus. « En France, après une forte baisse puis un plateau, on observe une remontée du nombre de cas », a-t-il décrit.

A la date du 17 décembre, 18 254 nouveaux cas avaient été enregistrés et le R0 était repassé au-dessus de 1. « Il est actuellement à 1,03 », a noté le Pr Salomon. 258 personnes sont décédées en 24 heures, portant le nombre total de décès du Covid-19 à 59 619. A l’hôpital, 25 182 patients sont hospitalisés, soit 133 de moins que la veille et 2808 en réanimation soit une baisse de 42 par rapport à la veille. Certaines régions sont plus touchées que d’autres comme la Guyane, le Grand-Est ou la Bourgogne Franche-Comté.

Pré-commande de 200 millions de doses

Face à cette persistance de l’épidémie, « l’arrivée du vaccin constitue un motif d’espoir, car nous serons alors dotés de l’arme que nous attendions pour vaincre à terme ce virus », a insisté Jean Castex, rappelant qu’il avait présenté le 2 décembre dernier les grandes lignes de la stratégie vaccinale de la France.

Concernant la sécurisation de nos approvisionnements en vaccins, Jean Castex a souligné que « dès le printemps dernier, la France a pris l’initiative de la création d’une task force européenne qui nous a permis d’obtenir des prix attractifs et identiques pour tous les pays européens ». Ainsi, la France a déjà pré-commandé 200 millions de doses, permettant de vacciner 100 millions de personnes (puisque les vaccins doivent être administrés en deux doses). « Nous comptons sur les vaccins les plus avancés, ceux de Pfizer et de Moderna », a poursuivi le Premier ministre.

Premières vaccinations fin décembre

Concernant les publics à vacciner en priorité, il a rappelé qu’ils étaient fixés par la Haute autorité de Santé (HAS). « Elle recommande de donner la priorité aux personnes à risque de forme graves du fait de leur âge ou de leurs comorbidités ». La première phase de vaccination concernera environ 1 million de personnes, les personnes âgées résidant dans des établissements notamment. « Cette campagne va débuter dans les prochains jours, dès que nous aurons eu l’autorisation de l’Agence européenne du médicament et l’avis de la HAS », a annoncé Jean Castex, alors que le début de la campagne était initialement prévu en janvier. « Les premières vaccinations pourraient être réalisées dès la dernière semaine de décembre et cette première phase s’échelonnera sur une période de 6 à 8 semaines », a-t-il précisé. Ensuite, il y aura un élargissement des personnes pouvant bénéficier de la vaccination, en commençant par les 14 millions de personnes présentant un facteur de risque dû à leur âge ou à leur pathologie chronique. A la fin du printemps, la vaccination sera ouverte à l’ensemble de la population.

Les avis de l’agence européenne du médicament (EMA) concernant les autorisations de mise sur le marché conditionnelles pour les vaccins COVID-19 de BioNTech / Pfizer et Moderna pourraient être rendus les 21 décembre 2020 et 6 janvier 2021 respectivement. En parallèle, l’agence analyse les données de deux vaccins supplémentaires, celui développé par AstraZeneca avec l'Université d'Oxford et celui de Janssen Cilag.
Les premières vaccinations pourraient être réalisées dès la dernière semaine de décembre Jean Castex

Confiance et transparence

« Nous nous appuierons sur les médecins traitants pour diffuser l’information, vérifier les contre-indications et recueillir le consentement des patients », a indiqué Jean Castex, rappelant que la campagne de vaccination reposait sur deux principes : confiance et transparence. Pour garantir cette confiance, une consultation médicale sera proposée en amont de la vaccination. « Aucune vaccination n’aura lieu sans que le consentement éclairé du patient n’ait pu être exprimé », a insisté Jean Castex. Par ailleurs, il souligne qu’il a demandé l’avis du conseil consultatif national d’éthique afin d’être éclairé sur les questions qui se posent sur cette campagne. « J’ai placé un conseil d’orientation scientifique sur cette campagne et un dispositif de participation citoyenne sera mis en place. De son côté, le ministre de la Santé a mis en place trois instances permanentes rassemblant les collectivités territoriales, des professionnels de santé et des scientifiques », a-t-il détaillé.

Aucune vaccination n’aura lieu sans que le consentement éclairé du patient n’ait pu être exprimé  Jean Castex

Améliorer les capacités de dépistage

Si le vaccin constitue un espoir, « le début de la campagne vaccinale ne va pas marquer la fin de l’épidémie », a tenu à nuancer le Premier ministre. « Tant que nous n’aurons pas atteint une immunité collective, il faudra toujours mettre en place les mesures de protection : tester-alerter-protéger et les autres mesures. Il faut agir simultanément sur plusieurs leviers et aucun ne se suffit à lui-même », a-t-il insisté. Des dépistages en grand nombre doivent permettre de remonter et briser les chaînes de contamination le plus rapidement possible. « Nous avons une capacité de dépistage de 3 millions de tests par semaine. Nous devons continuer à l’amplifier et l’améliorer grâce à un système de bonus-malus pour les laboratoires. La semaine dernière, 78 % des résultats d’analyse ont été rendus en 24 heures. Il faut faire encore mieux », a-t-il estimé.

Le début de la campagne vaccinale ne va pas marquer la fin de l’épidémie Jean Castex

Par ailleurs, 22 000 professionnels de santé dont 8000 pharmaciens participent à des campagnes de dépistage grâce aux tests antigéniques. « Nous allons encore renforcer le traçage en recrutant 4000 équivalents temps-plein supplémentaires à l’Assurance maladie », a annoncé Jean Castex. Concernant l’isolement des cas positifs, à partir du mois de janvier, chaque personne positive au Covid-19 se verra proposer une visite à domicile par une équipe soignante et un accompagnement social. Cette mesure mobilisera 1500 infirmiers libéraux et 3000 accompagnateurs sociaux. Enfin, le respect des gestes barrière « restera une exigence malgré le déploiement de la vaccination », a martelé Jean Castex.

Défis scientifiques et logistiques

Le ministre de la Santé Olivier Véran, de son côté, est intervenu devant l’Assemblée nationale mercredi 16 décembre et devant le Sénat jeudi 17 décembre. Il a complété les propos du Premier ministre en indiquant que la campagne de vaccination représentait plusieurs défis, en particulier scientifique et logistique. « Depuis le début de cette pandémie, la communauté scientifique bat tous les records. Il a fallu moins d’un an pour développer plusieurs vaccins. J’entends parfois que le vaccin a été produit « trop vite ». Mais je ne sais pas ce que signifie « trop vite ». Si le traitement est évalué et efficace, alors c’est une chance pour les malades », a-t-il insisté.

Concernant la logistique, il a qualifié le défi « d’immense et historique ». « Le vaccin Pfizer/Biontech requiert un stockage à -80°C. Le gouvernement a donc acquis des congélateurs spéciaux. Par ailleurs, le vaccin doit être administré dans les 5 jours après décongélation et ne peut pas dépasser 12 heures de transport », a-t-il détaillé. Il y aura par ailleurs plus de 10 000 sites collectifs de vaccination à approvisionner, ce qui représente un défi supplémentaire.

Enfin, Olivier Véran a détaillé le dispositif de pharmacovigilance qui sera mis en place pour suivre les effets indésirables des vaccins : plan de gestion des risques, dispositif de suivi renforcé à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), possibilité de signalement des effets indésirables par les patients, études spécifiques réalisées par l’ANSM et l’assurance maladie sur les effets indésirables, le tout complété par des études de l’Inserm et de Santé publique France.

« Notre stratégie vaccinale ne fonctionnera qu’à travers une mobilisation générale », a-t-il conclu.

Il y aura par ailleurs plus de 10 000 sites collectifs de vaccination à approvisionner.

Respect des gestes barrière à Noël

Quoi qu’il soit, en attendant que l’épidémie marque le pas, grâce en partie à la vaccination, la vigilance reste de vigueur à l’approche des fêtes. Et lors de son intervention jeudi soir, le directeur général de la Santé a rappelé les recommandations du Conseil scientifique pour que « le virus ne voyage pas avec nous pendant les fêtes ». « Si on restreint les contacts à risque dès maintenant, un test systématique n’est pas nécessaire. Attention cependant, car un test négatif n’exclut pas une incubation en cours et ne doit pas dispenser des gestes barrière », a-t-il insisté. « En revanche, en cas de test positif, il est urgent de s’isoler immédiatement ».

Il a par ailleurs rappelé que le nombre de convives à table devait être « de 6 adultes maximum, en gardant ses distances, en aérant les pièces et en désinfectant les poignées de portes. Gardons le masque ensemble le plus longtemps possible et lavons-nous les mains régulièrement », a-t-il recommandé.

Il a conclu en rappelant son soutien et son « admiration profonde » pour les professionnels de santé et ceux qui œuvrent au quotidien.

 

Chiffres clés en France de Santé publique France, semaine 50 :

-Nombre de nouveaux cas confirmés de COVID-19, tests RT-PCR et antigéniques (SI-DEP) : 79 787 (+10%)
-Taux de positivité (%) pour SARS-CoV-2, RT-PCR et tests antigéniques : 6,2% (-0,2 point)

-Taux de dépistage (/100 000 habitants) pour SARS-CoV-2, tests RT-PCR et antigéniques (SI-DEP) : 1 933 (+14%)
-Nombre d’actes SOS Médecins pour suspicion de COVID-19 : 2 211 (+3%)
-Nombre de passages aux urgences pour suspicion de COVID-19 (réseau OSCOUR®) : 4 616 (-6%)
-Nombre de nouvelles hospitalisations de patients COVID-19 (SI-VIC) : 8 608 (+2%)
-Nombre de nouvelles admissions en réanimation de patients COVID-19 (SI-VIC) : 1 146 (+2%)
-Nombre de décès liés à la COVID-19 (incluant les décès en hospitalisation et décès en EHPA et autres EMS) : 2 515 (-13%)

 

 

 

 

 

 

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