Conditions du déconfinement : Jean Castex revoit sa copie

Paris, France – Lors de sa conférence de presse du 10 décembre, le Premier ministre Jean Castex a dévoilé les conditions du déconfinement. Il a dû revoir sa copie par rapport à ce qui était initialement prévu, alors que les objectifs sanitaires de parvenir à moins de 5000 contaminations par jour ne sont pas atteints.

« La situation sanitaire s’est considérablement améliorée au cours des dernières semaines, mais elle marque le pas depuis quelques jours », a commencé Jean Castex. « Si la France était parmi les pays européens les plus touchés fin octobre, c’est en France que l’épidémie est aujourd’hui la mieux maîtrisée par rapport à nos voisins européens. Néanmoins, la situation reste préoccupante dans certaines régions », a-t-il souligné. Le nombre de cas quotidiens est passé de 50 000 cas par jour à moins de 10 000 et le taux d’incidence est actuellement de 157 cas pour 100 000 habitants en France.  Néanmoins, « cette amélioration marque le pas depuis une semaine et le nombre de nouvelles contaminations ne se réduit plus, voire a tendance à réaugmenter, peut-être en raison de la réouverture des commerces le 28 novembre. La partie est donc loin d’être gagnée », a-t-il mis en garde.

Crainte d’une augmentation des hospitalisations

Olivier Véran, le ministre de la Santé, a, pour sa part, indiqué que « la France et l’Espagne présentent désormais un taux de contamination plus faible que dans les autres pays européen ». Néanmoins, « ce soir, près de 14 000 nouveaux diagnostics ont été enregistrés en une journée, contre 12 000 la semaine dernière. Nous ne sommes pas encore sortis de la deuxième vague », a-t-il souligné. « Il y a un nouveau Français hospitalisé toutes les minutes en raison du Covid et un malade a été placé en réanimation toutes les 7 minutes ces dernières 24 heures », a-t-il détaillé. A l’heure actuelle, on compte plus de malades hospitalisés au cours de la deuxième vague qu’au cours de la première, avec un pic à 33 500 malades. « Nous sommes passés aujourd’hui sous la barre des 3000 malades hospitalisés en réanimation mais nous pouvons craindre une réaugmentation », a indiqué Olivier Véran. « Nous avons par ailleurs dû reprendre des évacuations sanitaires de la région Bourgogne-Franche-Comté.

Jean Castex et Olivier Véran ont tous les deux confirmé que la barre des moins de 5000 nouveaux cas par jour ne serait pas atteinte au 15 décembre.

« Nous devons en tirer les conséquences et adapter les mesures que nous avions prévues avec un objectif : permettre à chacun de profiter des vacances sans risquer un rebond épidémique », a annoncé Jean Castex.

Ainsi, mardi 15 décembre, les lieux culturels, cinémas, théâtres, salles de spectacles, musées resteront fermés trois semaines de plus. Les règles posées récemment pour les lieux de culte ne seront pas revues à la hausse.

« Même si tous ces établissements disposent de règles sanitaires, nous devons réduire les brassages de population, a justifié le Premier ministre. Nous réétudierons la possibilité de les rouvrir le 7 janvier. Nous maintiendrons d’ici là le dispositif d’aide économique ». L’échéance du 20 janvier est maintenue pour l’ouverture des autres lieux. La fermeture des bars et restaurants est maintenue.

Couvre-feu de 20h à 6h dès le 15 décembre

Par ailleurs, un couvre-feu va bien être mis en place à partir du 15 décembre, mais il débutera dès 20 heures et non à 21 heures, jusqu’à 6 heures du matin. « Ce couvre-feu concernera aussi le réveillon du 31 décembre », a annoncé Jean Castex.

Comme pour Noël, il recommande d’ailleurs un maximum de 6 adultes pour le réveillon du 31 décembre. Les déplacements seront en revanche autorisés le soir du 24 décembre. Jean Castex invite également les Français à « limiter les interactions au cours des 5 jours précédant la visite d’une personne âgée ou vulnérable ».

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a précisé les conditions du couvre-feu. « A partir du 15 décembre, l’attestation ne sera plus obligatoire pendant la journée. Les déplacements entre régions seront autorisés. Les déplacements seront interdits de 20 heures à 6 heures du matin, sauf dérogation : entre le lieu du domicile et le lieu de travail, pour des raisons de santé, pour des motifs familiaux impérieux (garde d’enfants par exemple), missions d’intérêt général, personnes en situation de handicap et leurs accompagnants, ou besoins des animaux de compagnie », a-t-il détaillé. Il faudra pouvoir justifier de ces déplacements par des documents.

« En cas de contrôle, un déplacement sans motif valable vous expose à une amende forfaitaire de 135 euros », a-t-il rappelé, notant que depuis le début de ce second confinement, plus de 2,9 millions de personnes ont été contrôlées, menant à 285 000 verbalisations. « Nous serons intransigeants sur les rassemblements non autorisés et les fêtes sauvages », a-t-il souligné.

Amplification de la stratégie tester-alerter-protéger

Concernant le dépistage, le gouvernement souhaite renforcer la stratégie « tester-alerter-protéger ».  « Notre objectif est d’augmenter le nombre de tests, d’accélérer encore davantage les délais de rendus et d’assurer l’effectivité de l’isolement des personnes déclarées positives », a indiqué Jean Castex. « Actuellement 75 % des résultats de tests PCR sont rendus en moins de 24h. C’est bien, mais nous voulons aller plus loin. Grâce à la mobilisation des laboratoires, nous voulons approcher des 100 % de résultats en moins de 24h, voire en moins de 12h », a envisagé Olivier Véran. Il a par ailleurs pointé la « montée en puissance des tests antigéniques », notant que 250 000 tests de ce type sont actuellement réalisés chaque semaine. « Tester dans de bonnes conditions, ça ne veut pas dire tester pour tester, mais mettre à l’abri les personnes positives », a rappelé le ministre de la Santé.

Accompagnement renforcé pour les cas positifs

L’idée de rendre l’isolement obligatoire n’ayant pas été retenue, le gouvernement a préféré proposer un accompagnement renforcé pour les personnes positives au coronavirus. « Nous visons un objectif nouveau et ambitieux : que chaque personne diagnostiquée positive se voit proposer une visite à son domicile par un soignant qui pourra réaliser des tests antigéniques auprès de l’entourage et lui prodiguer des conseils sur l’isolement. Nous travaillons à un document qui sera remis à la personne », a-t-il développé.

Concernant les tests avant Noël, Olivier Véran tient à mettre en garde les Français : « Si vous avez un doute ou si vous êtes amenés à aller voir une personne fragile vous pouvez évidemment vous faire tester, mais n’utilisez pas le test comme une sorte de totem d’immunité ! », a-t-il lancé, appelant également à la mesure pour « éviter l’engorgement des laboratoires, des médecins et des pharmacies avant les fêtes ».

Il a conclu en citant quatre opérations de dépistage de masse qui vont être organisées dans quatre villes : la semaine du 14 au 19 décembre dans la métropole Havre-Seine et à Charleville-Mézières ; la semaine du 11 au 16 janvier à Roubaix et le 11 janvier à Saint Étienne. Il a néanmoins omis de mentionner l’opération de dépistage de masse prévue du 16 au 23 décembre en Auvergne-Rhône-Alpes.

Jean Castex a conclu en rappelant que « cette bataille contre le virus, nous ne la remporterons que par la mobilisation de tous ».

 

Actualités Medscape © 2020 

Citer cet article: Conditions du déconfinement : Jean Castex revoit sa copie - Medscape - 11 déc 2020.