Nous continuons de suivre, Max, cardiologue à la retraite et personnage fictif créé par le Dr Usdin, qui, cette fois-ci, manque de se noyer dans la paperasserie pour permettre à ses patients de continuer à aller à la piscine pendant le confinement.
Aujourd’hui, Max fait entrer sa prochaine patiente qui lui paraît quelque peu agacée. Il connaît bien cette fidèle septuagénaire, plutôt d’humeur agréable en temps normal. Bénéficiant d’une prise en charge de son affection longue durée (ALD), elle était venue au cabinet début novembre chercher un certificat médical pour continuer à nager pendant le confinement après avoir vu, scotché sur la porte de la piscine, une note mentionnant « Accès réservé aux groupes scolaires, au clubs sportifs et aux personnes munies d’une pièce d’identité et d’un certificat médical ». Connaissant le goût de sa patiente pour cette activité sportive, Max s’était acquitté bien volontiers de cette demande et avait fourni un certificat médical ad hoc à cette adepte des bassins d’eau chlorée.
Retour à la case départ
Mais la voici désormais de retour, quinze jours à peine après cette dernière visite et Max va vite comprendre les raisons de cette nouvelle consultation et de l’agacement. « Madame à partir de mardi prochain-après-demain le 17 novembre-ce certificat médical ne sera plus valable » a exposé la préposée à l’entrée de la piscine. « Il vous faut désormais présenter l’Annexe 1 (voir encadré), ordre de la préfecture !» a-t-elle ajouté doctement sans autre précision. Quid de cette Annexe 1 ? Où la trouver ? A quoi ressemble-t-elle ? Impossible de tirer un mot de plus de l’employée. Seule option pour la septuagénaire sportive : retourner voir son médecin.

Récupérer la fameuse annexe pour continuer l’activité sportive
Max n’avait aucune idée de la façon dont il fallait s’y prendre pour récupérer cette Annexe 1. Dans ces cas-là en principe, le site Ameli.fr est un secours, ou du moins un recours mais là…rien. Moteur de recherche « annexe 1, autorisation piscine parisienne rien » « piscines, mairie de paris, certificat, médecin traitant »… rien !
Tout en multipliant les combinaisons de mots-clés dans le moteur de recherche de son ordinateur, Max écoutait, d’une oreille distraite, sa patiente relater son vécu dans la piscine olympique qui s’était soudain offerte à elle (confinement oblige) ces deux dernières semaines.
D’ordinaire, elle se contentait du « petit bassin », qu’elle pratiquait avec les habitués – presque tous séniors – dès potron-minet, évitant la foule des « canards », ainsi dénommés par un habitué à la langue bien pendue.
Bassin olympique : petits-nageurs s’abstenir
La recherche de Max sur Internet restant infructueuse, la patiente continuait son monologue : elle avait bien un temps essayé de nager dans le bassin de 50 m pas très éloigné de son domicile mais il y avait trop de nageurs compétitifs et agressifs. Elle résumait de façon imagée « Vous comprenez docteur, le bassin olympique est habité par les requins qui bousculent pour dépasser s’aidant parfois des plaquettes palmaires pour mieux vous signifier que vous n’avez rien à faire dans leur monde ! ».
Elle poursuivait « Il y a aussi les dauphins palmés moins insistants et mieux élevés mais quand même, vous le senior lent, vous gênez. Et je n’oublie pas les turbos tout aussi rapides, raclant le fond de la piscine surgissant impromptus devant vous rompant votre cadence ».
L’Equipement Personnel de Piscine (EPP)
Laissant sa patiente à son décryptage sociologique du comportement de la population fréquentant des piscines parisiennes, Max avait finalement mis la main sur le Saint Graal, à savoir la fameuse Annexe 1[1]. Fier de lui, il appliqua les deux cachets professionnels demandés et remplit le merveilleux certificat qu'il remis solennellement à la patiente non sans lui avoir rappelé les précautions indispensables pour pouvoir jouer les sirènes en piscine, à savoir se munir de l’Equipement Personnel de Piscine : masque protecteur, carte d’identité, attestation de déplacement dérogatoire (signé daté avec horaire) et le précieux formulaire.
Les jours suivants, ça n’a pas manqué, d’autres patients ont appelé pour récupérer, eux aussi, le fameux laisser-passer. Max a du temps pour ça mais ses confrères débordés qui consultent à temps plein et à tour de bras n’ont-ils pas mieux à faire pendant cette période : une pandémie, vous avez dit pandémie ?
En cet automne virtuel, les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les formulaires et les décrets aussi…
Personnes en situation de handicap ou disposant d’une prescription médicale APA autorisées à poursuivre leur pratique
Avec le retour du confinement (même allégé), les activités sportives sont strictement limitées. Néanmoins, l’activité physique reste un élément majeur pour se maintenir en bonne santé : des dérogations ont donc été établies. En pratique, les Etablissements Recevant du Public (ERP) tels que les gymnases sont fermés, mais une dérogation permet aux personnes pour qui les séances d’activité physique font partie intégrante de la prise en charge thérapeutique d’y accéder [1].
Sont concernées : les personnes en situation de handicap et celles en ALD disposant d’une prescription médicale d’activité physique adaptée (APA) communément appelé « sport sur ordonnance ».
Par ailleurs, ces pratiques d’activités physiques adaptées doivent se faire en respectant des protocoles sanitaires renforcés, validés par le Haut Conseil de la Santé Publique.
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Citer cet article: Pratique du sport pendant le confinement : Max se jette à l’eau - Medscape - 2 déc 2020.
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