Réforme des Urgences : l’expérimentation du Service d'accès aux soins (SAS) est lancée

Philippe Anaton, avec Stéphanie Lavaud

1er décembre 2020

France – Dans le cadre de la réforme de l’accès aux services d’Urgence, initiée en 2019 par Agnès Buzyn, le ministère de la santé annonce le lancement sur 22 sites pilotes de l’expérimentation du Service d’accès aux Soins, dans l'idée d'un numéro unique pour les demandes de soins, vitaux, urgents et non programmés de la population [1].

Pacte de refondation des Urgences

Désormais évincée par la crise du Covid, la crise des Urgences a connu son apogée en 2019 avec la fronde des urgentistes dénonçant une hémorragie de leurs collègues vers le privé. Cette montée au créneau a conduit la ministre de l’époque, Agnès Buzyn, à annoncer un certain nombre de réformes, lesquelles ont pris la forme d’un Pacte dit de refondation des Urgences. Parmi les mesures de ce Pacte, l’ex ministre a annoncé le 9 septembre 2019, la création d’un Service d’Accès aux Soins (SAS) qui se veut être un service universel, accessible par téléphone et en ligne et reposant sur un partenariat entre professionnels hospitaliers et libéraux. Joignable partout en France et à toute heure, le SAS doit permettre à tous les Français de disposer d’un service apportant une réponse à toute demande de soins ou toute question sur la Santé.

En cela, le SAS rejoint la proposition du numéro unique sensé répondre aux demandes de soins urgentes des patients et de pouvoir, selon les cas, les répartir entre une prise en charge en ville et une prise en charge aux urgences hospitalières des SAMU.

Le SAS, qu’est-ce que c’est [2] ?

Le Service d’accès aux soins est un nouveau service d’orientation de la population dans leur parcours de soins. À terme, il permettra d’accéder à distance à un professionnel de santé qui par exemple fournira un conseil médical, proposera une téléconsultation, orientera selon la situation vers une consultation non programmée en ville, vers un service d’urgence ou déclenchera l’intervention d’un SMUR.

En lien avec les services de secours, le SAS est fondé sur un partenariat étroit et équilibré entre les médecins de ville et les professionnels de l’urgence hospitalière des SAMU.

Plus de 40 % de la population couverts

Alors qu’Agnès Buzyn avait fixé à l’été 2020 la mise en place du modèle d’organisation du SAS, le ministère de la santé a rendu publics, la semaine dernière, les 22 sites qui ont été retenus pour l’expérimenter. « Le SAS permettra à toute personne ayant un besoin de santé urgent ou n’ayant pas de médecin traitant disponible et nécessitant un soin non programmé d’accéder à distance, de manière simple et lisible, à un professionnel de santé », explique le ministère de la santé dans un communiqué de presse. Il ajoute que ce SAS associera la régulation du Samu à une régularisation territoriale, « adossée à une plateforme digitale ». 22 sites pilotes ont donc été sélectionnés (voir liste ci-dessous) afin d'expérimenter ce nouveau service : 13 régions de métropole et des outre-mer sont représentées. « Ainsi, les différents sites pilotes couvrent plus de 40 % de la population, ce qui assure une couverture territoriale large, concernant aussi bien des pôles urbains que des territoires moins denses ou connaissant des problématiques de désertification médicale » assure le gouvernement.

Les 22 projets pilotes pour débuter l’expérimentation en janvier 2021 :

 

Précision du ministère : « ce service ne vient pas en substitution de l’accès au médecin traitant ou des organisations territoriales qui se mettent en place comme les CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé) pour la gestion des soins non programmés, il est un complément ».

Voué à l’échec ?

Pour autant, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a d’ors et déjà réagi dans un communiqué à la présentation de ces 22 sites pilotes, en dénonçant des projets « pensés et élaborés par les SAMU et les hôpitaux concernés » et prédit un « système voué à l’échec sans la médecine de ville ». Tout au plus, le syndicat concède-t-il que « quelques médecins régulateurs libéraux ont été ici ou là sollicités ou cités » mais ajoute-t-il « des pressions politiques sont intervenues dans les choix, ce qui ne permet pas une équité de sélection sur des critères de sélection pourtant connus ». Conclusion : « la CSMF voue ces expérimentations à l'échec et demande des sélections de projets plus drastiques, impliquant mieux la médecine libérale, et finançant mieux la médecine de ville ». Même son de cloche pour le syndicat les généralistes-CSMF qui « s’oppose à une mise de la médecine générale sous la tutelle des SAMU. »

Cette expérimentation débutera dès janvier 2021 pour s’étendre jusqu’au dernier trimestre 2021. « Elle permettra de définir les modalités de la généralisation du SAS sur l’ensemble du territoire avec tous les acteurs du système de santé », conclut le ministère de la santé.

 

 

 

 

 

 

 

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