Dans cette 2e partie consacrée au congrès de l’American College of Rheumatology (ACR) 2020, le Pr Francis Berenbaum commente des résultats étonnants sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la lecture des radiographies des articulations sacro-iliaques chez les patients avec spondylarthrite.
[Voir la 1ère partie : nouvelles recos sur le traitement de la PR ; AVK vs AOD dans le remplacement de genou/hanche]
TRANSCRIPTION
Parmi les présentations de l’eACR 2020, l’autre étude qui a attiré mon attention concerne la lecture automatisée des radiographies des sacro-iliaques dans le cadre du diagnostic de spondylarthrite [1]. L’intelligence artificielle couvre beaucoup de domaines, en particulier celui de l’imagerie et c’est là où on voit les progrès les plus importants. Et il faut bien avouer que la lecture des articulations, notament des radiographies des articulations sacro-iliaques, n’est pas toujours facile. On a parfois des doutes, on demande l’avis d’experts et ce n’est pas toujours évident d’arriver au diagnostic de sacro-iliite.
Une équipe allemande a entraîné un ordinateur avec plus de 1600 radiographies standards du bassin pour mettre au point un algorithme permettant une lecture automatisée. En parallèle, ces radiographies standards avaient été considérées par des experts comme 'sacro-iliite' (oui ou non), selon les critères de New York. La machine a ensuite été entraînée par intelligence artificielle. Une fois cet algorithme prêt, il a été appliqué à une cohorte indépendante de 100 malades avec spondylarthrite ankylosante dans le cadre d’une cohorte bien connue en Allemagne qui s’appelle la GESPIC et dans laquelle ils ont pris environ 50 patients qui avaient une atteinte radiologique des sacro-iliaques et 50 autres qui n’avaient pas d’atteinte des sacro-iliaques. Ils ont alors appliqué l’algorithme à ces radiographies.
Résultat : il est tout à fait surprenant, parce qu’il y a une concordance à plus de 90 % entre ce qu’a donné la machine et ce qu’avaient donné les experts, le gold standard. Cela peut faire un peu peur – on se dit « est-ce qu’on va avoir besoin de radiologues dans le futur ? » Évidemment que oui, l’expertise restera toujours absolument prédominante, mais cela peut avoir un intérêt, par exemple, pour des essais cliniques dans lesquels les critères d’inclusion imposent une atteinte des sacro-iliaques et pour que tout le monde soit bien d’accord, en particulier dans les études multicentriques ; pour éviter parfois même des lectures centralisées, il suffira d’envoyer l’algorithme, donc le logiciel, pour définir l’inclusion. Cela pourrait être aussi utile pour des patients qui ne peuvent pas avoir d’IRM – en cas de contre-indication, de difficultés d’accès à la machine etc. On aurait dans ces cas-là une possibilité d’avoir un diagnostic rapide.
Évidemment, on attend maintenant le même genre de travail sur l’IRM et on verra si on est capable d’arriver à une telle concordance. En tout cas, comme vous le voyez, l’intelligence artificielle, y compris dans le domaine des rhumatismes inflammatoires, avance !
[Voir ACR 1ère partie : nouvelles recos sur le traitement de la PR ; AVK vs AOD dans le remplacement de genou/hanche]
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Citer cet article: Sacro-iliite : un diagnostic par intelligence artificielle (ACR partie 2) - Medscape - 8 déc 2020.
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