Le blog du Dr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste
En dehors de l’actualité Covid, le Dr Boris Hansel retient trois faits marquants en diabétologie pour cette année 2020. Retour sur deux bonnes nouvelles… et un constat moins satisfaisant.
TRANSCRIPTION
2020 touche à sa fin, c’est le moment de faire le bilan de cette année qui était, bien sûr, marquée par la COVID. Mais je ne vous parlerai pas de l’épidémie.... Pour synthétiser 2020 dans le domaine de la diabétologie, j’ai choisi de revenir sur trois bonnes nouvelles et sur ce qui est pour moi une moins bonne nouvelle.
L’arrivée imminente de la boucle fermée sur le marché français est la 1ère bonne nouvelle. La boucle fermée, ou plutôt l’insulinothérapie en boucle fermée, consiste à administrer de l’insuline de manière automatisée en fonction des variations actuelles et prédites de la glycémie. Cela fait appel à un capteur de glycémie en continu et à une pompe à insuline qui administre de l’insuline. La pompe à insuline externe miniaturisée sous-cutanée s’est développée dans les années 80. Les capteurs de glucose, dans les années 2000, pour pouvoir mesurer en continu et en ambulatoire le glucose interstitiel. Et depuis 10 ans, on a vu se succéder des essais cliniques qui ont confirmé la réduction considérable du risque d’hypoglycémie nocturne et l’amélioration du temps passé avec une glycémie dans la cible. 2020 est l’année où la Haute Autorité de Santé (HAS) a donné un avis favorable au remboursement d’un dispositif français de boucle fermée, et on ne devrait plus attendre très longtemps avant de pouvoir le prescrire à nos patients dans le soin courant.
Les nouveaux médicaments disponibles en France : seconde bonne nouvelle — on en a déjà parlé — c’est la commercialisation des gliflozines dans notre pays, en particulier la dapagliflozine, qui est remboursée depuis le mois d’avril 2020. On attendait cela depuis près de 10 ans et c’est arrivé. Et la HAS continue à reconnaître le bénéfice de ces médicaments, puisqu’elle a reconnu en décembre le bénéfice de deux autres médicaments de la classe des gliflozines : la canagliflozine et l’empagliflozine qui devraient, on l’espère, arriver sur le marché prochainement, probablement en 2021. Dans le même chapitre des médicaments disponibles depuis 2020 après longue attente, il y a les anti-PCSK9 qui sont bien utiles chez les patients diabétiques coronariens avec, là encore, un remboursement tout à fait récent chez les malades coronariens qui ne sont pas l’objectif thérapeutique pour le LDL-cholestérol. Là encore, c’est un « ouf ! » de soulagement pour tous les médecins qui souhaitaient prescrire ces médicaments, qui étaient déjà disponibles dans la grande majorité de l’Europe.
La e-santé : la moins bonne nouvelle, selon moi, concerne la télémédecine. Vous savez que la télésurveillance du diabète est remboursée par l’assurance-maladie dans le cadre d’une expérimentation lancée il y a quelques années. Et nous avons la chance, nous, diabétologues, de faire partie de cette expérimentation, puisque le diabète est l’une des cinq pathologies concernées par le programme ÉTAPES. On peut prescrire de la télésurveillance, elle sera remboursée et le médecin reçoit une indemnité. Jusqu’ici, c’est une bonne nouvelle. Mais la mauvaise nouvelle, selon moi, est que l’on ne compte aujourd’hui que 3000 patients diabétiques qui ont été inscrits à la télésurveillance depuis le début de l’expérimentation. On aurait pu s’attendre à une augmentation massive du nombre de patients diabétiques télésurveillés à l’occasion de la crise sanitaire que nous traversons — on a tellement parlé de télémédecine. En ce qui me concerne, la télésurveillance a été une solution extraordinaire pour garder le lien avec des patients diabétiques sous insuline. Les patients sont demandeurs, on ne fait que le constater. Les collègues diabétologues sont manifestement moins enthousiastes et je pense que c’est une nouvelle qui n’est pas très bonne, en tout cas pour 2020. Je reste, néanmoins, très optimiste et je pense que nous aurons l’occasion, dès la fin de l’épidémie, de discuter de ce sujet, car on pourra se rencontrer entre collègues, on pourra échanger, on pourra dire qu’est-ce qui nous a manqué pendant cette période, qu’est-ce qui nous a aidés et on pourra confronter alors nos expériences et profiter ensemble des progrès que chacun aura pu faire dans sa pratique pendant cette difficile année 2020. Je suis sûr que la télémédecine prendra son envol chez les diabétiques à partir du moment où on aura pu échanger.
Il me reste à vous souhaiter une excellente fin d’année, d’excellentes fêtes, et, dès maintenant, une excellente année 2021. À très bientôt sur Medscape.
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Citer cet article: La diabétologie en 2020 : 2 bonnes nouvelles et 1 mauvaise, selon Boris Hansel - Medscape - 23 déc 2020.
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