FA: moins de démence grâce à l'ablation par cathétérisme

Linda Carroll

Auteurs et déclarations

23 novembre 2020

Séoul, Corée du Sud — Les résultats d'une étude récente suggèrent que le risque de démence est relativement abaissé chez les patients souffrant d'une fibrillation auriculaire lorsqu'ils sont traités avec succès par ablation.

Les dossiers médicaux de près de 27.000 patients FA montrent que ceux qui ont été traités avec succès par ablation présentaient 44% moins de risques de développer une démence, en comparaison avec ceux qui avaient bénéficié d'un traitement médical, d'après l'article publié par l'European Heart Journal[1] .

« Nous avons constaté qu'une ablation réussie était associée à cette réduction significative du risque en comparaison avec la pharmacothérapie. En revanche, aucune réduction significative n'était observée lorsque l'ablation n'avait pas été efficace », précise le Dr Daehoon Kim (service de cardiologie de la faculté de médecine de l'université Yonsei, à Séoul). « Cela suggère que le maintien d'un rythme cardiaque régulier serait responsable de la réduction du risque, et pas la procédure d'ablation en elle-même. »

 
Le maintien d'un rythme cardiaque régulier serait responsable de la réduction du risque, et pas la procédure d'ablation en elle-même. Dr Daehoon Kim
 

Une étude réalisée précédemment par la même équipe avait déjà montré une association entre fibrillation auriculaire et augmentation du risque de démence, même chez les patients qui n'avaient pas subi d'accident vasculaire cérébral. Afin de vérifier si l'ablation peut atténuer le risque de démence, Daehoon Kim et ses collaborateurs se sont penchés sur une base de demandes de remboursement de soins, établie par le Service national d'assurance maladie de Corée et couvrant une population de 51,5 millions de personnes. Cette base inclut 834.735 patients diagnostiqués avec une FA entre 2005 et 2015. Les auteurs ont inclus dans leur analyse 9.119 patients ayant subi une ablation et 17.978 qui avaient plutôt bénéficié d'un traitement médical.

Au cours du suivi (durée moyenne : 52 mois ; EI : 29,86 mois), le taux d'incidence de la démence s'établissait à 5,6 pour 1.000 personne-années dans le groupe ablation et à 8,1 pour 1.000 personnes-années dans le groupe traitement médical.

Les auteurs ont calculé que 34 patients devaient être traités par ablation pour prévenir un cas de démence pendant le suivi. Dans l'ensemble, l'ablation a réduit de 27% le risque de démence. Mais en ne retenant que les ablations ayant fait disparaître l'arythmie (donc sans nécessiter une répétition de la procédure, une cardioversion ou un traitement médicamenteux), la réduction du risque grimpait à 44 % par rapport au groupe contrôle. Dans leurs commentaires, les auteurs font cependant remarquer que le caractère observationnel de leur étude en constituait une des principales limites.

 
34 patients devaient être traités par ablation pour prévenir un cas de démence pendant le suivi.
 

Ces résultats ont fortement interpelé le Dr Sandeep Jain, qui enseigne à l'école de médecine de l'Université de Pittsburgh et dirige le service d'électrophysiologie ainsi que le centre de fibrillation auriculaire à l'Institut cardiovasculaire du Centre UPMC. « Des preuves bien établies de déclin cognitif au fil du temps ont déjà été rapportées chez les patients FA dans de nombreuses études, et certains éléments portent à croire que le rétablissement du rythme sinusal pourrait contribuer à réduire le risque de déclin cognitif. Est-ce que [cette étude] est de nature à modifier notre pratique actuelle, nous amenant à réaliser des ablations pour réduire le risque de démence? Je ne pense pas qu'elle apporte des éléments de preuve suffisants pour cela. Il en faudra probablement d'autres, car nous avons besoin de plus de données. »

 

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