Europe—Lors du traitement des patients qui souffrent d’une dépression majeure, les médecins doivent tenir compte de comorbidités somatiques comme la migraine afin de pouvoir initier plus rapidement une trajectoire de prise en charge psycho-pharmacothérapeutique optimale. Et idéalement, ils devraient pouvoir disposer pour cela de recommandations claires pour le traitement de la dépression et des migraines comorbides, concluent les auteurs d’une étude de l’European Group for the Study of Resistant Depression[1].
L'étude dont il est question a inclus 1410 patients confrontés à une dépression majeure, dont 11,1% souffraient également de migraines. La prévalence était plus élevée chez les patientes (13,5%) que chez leurs homologues masculins (6,2%). Les sujets confrontés aux deux pathologies étaient significativement plus jeunes (46,5 vs 50,8 ans), avaient un poids plus élevé (73,4 ± 18,2 kg vs 73,2 ± 16,6 kg ; p = 0,025) et étaient plus souvent d’origine non caucasienne (8,3% vs 3,3% ; p = 0,002) que leurs homologues sans migraines.
Les investigateurs ont également observé que les comorbidités étaient plus fréquentes chez les patients suivis en ambulatoire que chez les personnes hospitalisées (77,6% vs 63,9% ; p = 0,001). Par ailleurs, il existait des différences entre les patients dépressifs avec et sans migraines au niveau non seulement des variables sociodémographiques, mais aussi du profil des comorbidités somatiques et psychiatriques.
L'asthme, par exemple, était significativement plus courant chez les patients souffrant d'une dépression majeure et de migraines que chez ceux qui présentaient uniquement une dépression (10,9% vs 2,5% ; p = 0,001). La qualité de vie aussi était significativement abaissée chez les dépressifs migraineux, avec des limitations fonctionnelles sensiblement plus marquées (20,9 ± 6,4 vs 18,7 ± 7,6 ; p < 0,001).
Pharmacothérapie
Dans l'ensemble, les médecins prescrivaient plus souvent une monothérapie chez les patients comorbides que chez les dépressifs non migraineux (50,0% vs 38,4% ; p = 0,005).
La réponse aux antidépresseurs était généralement moins bonne chez les sujets cumulant les deux pathologies. En guise de traitement de première ligne, les médecins prescrivaient généralement de l'agomélatine ; lorsque le traitement devait être élargi, ils prescrivaient par contre moins souvent des antipsychotiques de seconde génération chez les sujets migraineux. Globalement, les patients souffrant de dépression et de migraines réagissaient moins bien au traitement pharmacologique.
Traiter le plus rapidement possible la dépression majeure ET la migraine
Les auteurs ont formulé une série de recommandations en s'inspirant en partie de travaux antérieurs. « Les IRSN devraient être privilégiés chez les patients souffrant d'une dépression majeure et de migraines puisque, contrairement aux ISRS et à d'autres classes d'antidépresseurs, ils jouent également un rôle dans la prévention des secondes. Le risque potentiel de syndrome sérotoninergique serait plus faible avec l'association IRSN-triptans. Dans ce groupe de malades, il convient par ailleurs d'éviter un traitement antidépresseur à base d'inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), car l'association de triptans comme le sumatriptan et le zolmitriptan avec les IMAO est contre-indiquée. » Il est néanmoins essentiel de traiter tant la dépression que la migraine le plus rapidement possible, soulignent les investigateurs en guise de conclusion.
Cet article a été publié initialement sur Mediquality.net du groupe Medscape.
Actualités Medscape © 2020
Citer cet article: La dépression majeure avec migraines demande une approche spécifique - Medscape - 18 nov 2020.
Commenter