Saint-Denis, France — L’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) a été mise en examen pour blessures et homicides involontaires par négligence dans l’affaire de la Dépakine.
Cette décision intervient après une convocation devant les juges en charge de l’instruction, précise l’agence dans un communiqué en date du 9 novembre [1].
Pour rappel, l’enquête avait été ouverte en 2016 auprès du tribunal judiciaire de Paris, après une procédure à l’initiative de l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant (Apesac).
On estime aujourd’hui que l’exposition au valproate de sodium (Dépakine) pendant la grossesse est associée à des malformations et à des troubles neuro-comportementaux dans respectivement 10,7 % et 30 à 40 % des cas.
Le nombre d'enfants handicapés à cause de la molécule utilisée contre l'épilepsie et les troubles bipolaires, est estimé entre 14 000 et 30 000, selon les études.
La mise en examen de l'ANSM « ne me surprend pas, c'est dans la droite ligne de la condamnation de l'État par le tribunal administratif de Montreuil » en juillet, qui a condamné l'État à indemniser des familles d'enfants lourdement handicapés, a réagi Marine Martin, Présidente de l'Apesac dans un communiqué. « Les poursuites au tribunal administratif ainsi qu’au pénal vont continuer en espérant que cette décision obligera enfin l’ONIAM à indemniser les victimes de la Dépakine sans chipoter […] Il est urgent que les responsabilités de l’ANSM mais aussi du laboratoire Sanofi, producteur du médicament, soient établies », a-t-elle ajouté.
L’ANSM a indiqué qu’elle prendrait « toute la mesure de la souffrance des victimes et œuvre depuis plusieurs années afin de limiter l'exposition au valproate des femmes en âge d'avoir des enfants » et qu’elle répondrait « à toute interrogation de la Justice afin d’apporter sa pleine et entière contribution à la manifestation de la vérité ».
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Citer cet article: Dépakine: l’ANSM mise en examen - Medscape - 13 nov 2020.
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