France – Dans un communiqué commun, les Sociétés Françaises de Cardiologie (SFC) et de Neurologie Vasculaire (SFNV) mettent en garde contre une prise en charge différée des urgences cardiovasculaires et neurovasculaires qui pourrait être à l’origine de diagnostics tardifs, et d’admission retardée dans leurs unités de soins intensifs [1]. Leurs présidents annoncent être mobilisés pour répondre à un « double défi » : assurer la prise en charge des patients relevant d’une pathologie cardiovasculaire et neurovasculaire aiguë et celles des patients COVID-19.
Chaque minute compte
Alors que l'Agence régionale de santé d’Île-de-France a donné l'instruction, depuis mardi, « de déprogrammer une partie de l'activité, jusqu'à 30% » face à une « subite dégradation des chiffres » la semaine dernière, selon les dires d’Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS, les deux Sociétés savantes ont souhaité « rappeler l’importance de la prise en charge ambulatoire mais aussi hospitalière en unités de soins intensifs, des urgences relevant de leurs spécialités respectives ». Les Prs Ariel Cohen et Emmanuel Touzé insistent : « chaque minute compte lors d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral, car les traitements médicamenteux et interventionnels doivent être mis en œuvre en urgence afin de préserver la fonction de ces organes et réduire le risque vital à court terme ».
On se souvient que l’épisode épidémique printanier a vu la crise sanitaire Covid prendre toute la place, reléguant la prise en charge des autres pathologies au second plan et entrainant une réduction du recours aux soins. Les cardiologues avaient alors lancé des appels au grand public pour l’inviter à consulter en cas de symptômes évocateurs d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral (AVC). Avec raison lorsque l’on sait que ce retard au diagnostic et à l’admission en unités de soins s’est traduit par une augmentation des événements cardiovasculaires, et en particulier des arrêts cardiaques extra-hospitaliers.
Nécessité de maintenir une filière de soins efficace
Cette fois-ci, face à la recrudescence de cas dans certaines métropoles, et à l’annonce de possibles déprogrammations, les présidents des deux Sociétés savantes prennent les devants et, tout en apportant « leur soutien aux spécialités concernées par la prise en charge des patients Covid-19 en particulier les services de réanimation », ils reviennent « sur la nécessité de maintenir une filière de soins efficace pour le traitement des affections aiguës cardiovasculaires et neurovasculaires ».
« Nous souhaitons donc, écrivent-ils, au moment où les communautés médicales et paramédicales sont entièrement mobilisées par cette crise sanitaire, permettre à nos patients de continuer à faire appel aux professionnels de santé en charge de l’urgence vitale en les assurant de leur disponibilité et de leur mobilisation de tous les instants ».
L’activité de greffe doit rester prioritaire
Le message est sensiblement identique du côté de l’Agence de Biomédecine alors que celle-ci lance une nouvelle campagne de sensibilisation à la greffe et au don d’organes [2]. L’Agence rappelle que « la greffe est un traitement d'exception » et que, pour cette raison, « son caractère prioritaire doit être préservé même en période de crise sanitaire ». Une organisation nationale a d’ailleurs été mise en place à l’échelle du territoire « pour permettre le don d’organes dans le respect des familles et dans les meilleures conditions de sécurité pour la personne malade qui attend un greffon ». On se rappelle en effet que l’activité de greffe d’organes a connu un ralentissement important (- 50% de propositions) courant 2020 en raison de l’épidémie. Consciente des besoins des patients en attente de greffe et des conséquences du ralentissement de l’activité et souhaitant que la transplantation reste prioritaire en cas de rebond, l’Agence de la biomédecine a publié le 24 septembre 2020 de nouvelles recommandations pour rendre possible un maintien de l’activité.
LIENS
Actualités Medscape © 2020
Citer cet article: La SFC et de la SFNV mettent en garde contre une prise en charge différée des urgences - Medscape - 20 oct 2020.
Commenter