COVID-19 : détail des nouvelles mesures pour les 4 semaines à venir

Véronique Hunsinger

Auteurs et déclarations

16 octobre 2020

Paris, France -- Selon le Premier ministre, c’est « l’accélération spectaculaire » de l’incidence du Covid-19 au cours des dix derniers jours qui a conduit à la décision, prise en conseil des ministres mercredi matin et annoncée le soir à la télévision par le Président de la République, de décréter l’état d’urgence sanitaire et de prévoir un couvre-feu en Ile-de-France et dans les métropoles de Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne et Toulouse à partir de vendredi minuit. La décision vaut pour une durée d’au moins quatre semaines et, après accord du Parlement, a vocation à se poursuivre pour deux semaines supplémentaires.  « La deuxième vague de l’épidémie est arrivée, après une remontée lente depuis l’été » a expliqué Jean Castex lors d’une conférence avec plusieurs membres de son gouvernement jeudi après-midi.

A Paris où 46% des lits sont occupés par des patients atteints par le Covid

« Notre objectif de manière concrète est de freiner le virus », avait expliqué, la veille, Emmanuel Macron, interviewé sur TF1 et France 2. L’idée étant de ramener les 20 000 nouveaux cas par jour actuels à 3 à 5 000 cas, un chiffre que l’on peut maîtriser. « C’est également ces 200 entrées en réanimation qu’on doit fortement réduire pour revenir à pourcentage de nombres de cas de Covid dans les services de réanimation de l’ordre de 10 à 15% au maximum pour que cela soit soutenable » a-t-il ajouté.

Selon les chiffres donnés par le gouvernement jeudi, entre le 1er et le 12 octobre, le nombre de cas pour 100 000 habitants, France entière, est passé de 107 à 190 avec « des niveaux particulièrement alarmants dans certaines villes » : 500 à Lille et Saint-Etienne, 422 à Grenoble, 400 à Lyon et à Paris. Les capacités de réanimations « sont particulièrement sollicitées » en particulier à Paris où 46% des lits sont occupés par des patients atteints par le Covid. « Le plus préoccupant est que le nombre de cas augmente chez les personnes âgées et cela va se traduire par l’arrivée à l’hôpital de très nombreux nouveaux patients » a souligné Jean Castex qui a tenté de répondre aux critiques qui reprochent le manque d’ouverture de lits de réanimation depuis la première vague. « Aucun système hospitalier ne serait capable de faire face aux conséquences d’une telle épidémie qui pourrait conduire à des dizaines de milliers d’hospitalisation graves si nous ne faisons rien en amont, a-t-il fait valoir. Pour créer des lits, il ne faut pas juste des matériels et des locaux mais former des médecins et des personnels soignants spécialisés ».

Couvre-feu sanitaire de 21h à 6h et règle des « 6 personnes »

« Pour limiter les interactions à risques, nous avons décidé d’imposer un couvre-feu sanitaire de 21h à 6h » a rappelé le Premier ministre. La règle des « 6 personnes » pouvant se réunir devra être appliqué également au domicile. Les lieux recevant du public devront être fermés pendant le couvre-feu sauf évidemment les établissements de santé et médico-sociaux, les structures d’accueil des personnes précaires, des hôtels et des restaurant faisant la livraison à domicile et les commissariats. Certains déplacements seront autorisés pour motifs de santé, professionnels, de voyages en train ou en avion ou encore d’assistance à un proche dépendant, à condition de se munir, comme pendant le confinement, d’une attestation disponible sur le site du gouvernement. Dans les zones de couvre-feu, les restrictions actuelles vont continuer de s’appliquer (fermeture des salles de sports, des débits de boissons, …). La ministre de l’Intérieur a indiqué que 12 000 policiers et gendarmes vont être chargés du contrôle. Pour sa part, la ministre du travail, a rappelé que les protocoles dans le monde des entreprises, notamment sur le port du masque, sont « très bien appliqués » et a indiqué qu’il va être demandé aux entreprises, en particulier celles où s’appliquent le couvre-feu, de « définir un nombre de jour de télétravail minimal pour les postes qui le permettent ». Le ministre de l’économie a détaillé de nouvelles aides et exonérations pour les entreprises.

91% des tests PCR sont rendus en moins de 48 heures

« Nous sommes en train de gagner la bataille des délais pour les tests » s’est réjoui Olivier Véran. Désormais, 91% des tests PCR sont rendus en moins de 48 heures et le délai médian est de 24 heures. Les barnums mis en place par les ARS ne font plus le plein, « signe que la situation est nettement moins tendue ». Le nombre de tests réalisé chaque semaine dépasse désormais les 1,3 million par semaine. Quant aux tests antigéniques, ils ont été commandés au nombre de 5 millions et sont déjà utilisés notamment pour le dépistage auprès des étudiants en médecine et en soins infirmiers mais aussi lors des admissions aux urgences. Les hôpitaux, les médecins et les infirmiers libéraux et les pharmaciens d’officine vont prochainement pouvoir les acquérir et les réaliser. Ils pourront également être utilisés dans les aéroports par exemple. En outre, la nouvelle application « tous anti covid » sera également présentée dans les prochains jours.

Dans les hôpitaux, « une formation pratique a été mise en place depuis la première vague épidémique » sur les prises en charge Covid, a indiqué Olivier Veran, afin de répondre également à la polémique sur le manque de lits en réanimation. A Paris, 750 infirmiers et aides-soignants y ont participé pour pouvoir renforcer les effectifs en réanimation. « Nous sommes passés de quelques 5000 lits de réanimation armés dans notre pays à 5800 lits durables et, si nécessaire, nous pouvons encore augmenter mais en supprimant des blocs opératoires et des salles de réveil » a-t-il ajouté.

Deuxième tranche de revalorisation avancée à la fin de cette année

Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé à destination des personnels des établissements « grâce auxquels nous savons que notre système tiendra » quelques nouvelles dispositions « pour reconnaître par avance leur engagement ». Une indemnité compensatrice de congé non pris sera mise en place : de 110 à 200 euros brut par jour. Par ailleurs, une enveloppe de 100 millions d’euros sera déléguée aux agences régionales de santé pour « mieux organiser encore la gestion des ressources humaines ». Enfin, les revalorisations salariales négociées lors du Ségur de la santé seront anticipées. Après les 90 euros d’augmentation à partir de septembre, la deuxième tranche de revalorisation de 93 euros prévue pour mars sera avancée à la fin de cette année.

A noter enfin que le Conseil d’Etat a suspendu jeudi les dispositions du décret du 29 août dernier qui ont restreint les critères de vulnérabilité permettant aux salariés de bénéficier du chômage partiel. Le juge de référé a estimé que « le choix des pathologies qui ont été conservées comme éligibles par rapport au décret de mai n’est pas cohérent ni suffisamment justifié par le gouvernement ». Olivier Véran a indiqué que cette liste allait évoluer compte tenu de l’état d’urgence sanitaire et qu’une discussion avait commencé avec les associations d’usagers.

Derniers chiffres 

Au niveau national, en semaine 41, 994 786 personnes ont été testées pour le SARS-CoV-2 par RT-PCR (pour 1 291 434 tests réalisés). Parmi ces personnes, 121 078 étaient positives. Le nombre de personnes testées positives a fortement augmenté par rapport à la semaine précédente (79 266 en S40, +53%).

Le taux de positivité national hebdomadaire était en S41 de 12,2% (calculé sur les patients testés et dont les tests sont valides), en augmentation par rapport au taux consolidé de la semaine précédente (9,2% en S40 soit +3 points)

Le taux national d’incidence (nombre de nouveaux cas rapporté à la population) était de 180 cas /100 000 habitants en S41 et a augmenté par rapport au taux consolidé de la semaine précédente (118 cas /100 000 en S40, +53%).

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