
Pr Patrick Couvreur
France -- Alors qu’une deuxième vague de Covid-19 atteint la France, nous sommes mieux armés pour y faire face à plusieurs points de vue, et notamment en termes de réponses thérapeutiques.
Si aucun médicament n’a eu d’effet miraculeux, une meilleure compréhension des mécanismes infectieux et des symptômes ainsi que des études cliniques ont permis de définir quels traitements étaient efficaces. Le Pr Patrick Couvreur, professeur émérite à l’Université Paris-Saclay, président de l’Académie nationale de pharmacie, membre de l’Académie des sciences est revenu, il y a quelques jours, lors de la deuxième séance exceptionnelle COVID-19 de cette même académie, sur les traitements validés parmi ceux qui ont été utilisés/testés lors de la première vague [1].
Pour bien comprendre les sites d’intervention potentiels des différentes thérapeutiques mises en œuvre, le Pr Couvreur a rappelé en préambule les grandes lignes du processus viral et physiopathologique après infection par le SARS-CoV-2.
Il a ensuite passé en revue les principales molécules testées au cours des derniers mois en resituant leur mode d’action et les dernières données d’efficacité pour chacune d’entre elles.
Eléments de physiopathologie et les 3 piliers thérapeutiques
Dans un premier temps du processus infectieux, le SARS-CoV-2 reconnait un récepteur appelé ACE2 (enzyme de conversion de l’angiotensine 2), il est ensuite internalisé pour se retrouver dans une vacuole d’endocytose, avant de relarguer le génome viral au niveau du cytoplasme cellulaire. Ce génome est alors traduit en protéines virales (spicules, membranes, enveloppes de virus) et répliqué. Ensuite, sous l’action de différentes enzymes qui assemblent les différentes protéines virales, le virus se reconstitue, entrainant la formation d’un virion mature prêt à être exocyté et a infecté d’autres cellules.
En plus, de l’infection cellulaire, des événements ont lieu au niveau tissulaire sous la forme d’un orage cytokinique. La rupture de la barrière épithélio-endothéliale permet à des exsudats de composants de la barrière plasmatique de se retrouver au niveau de la cavité alvéolaire du poumon, s’accompagnant d’une invasion macrophagique avec une aggravation des lésions pulmonaires.
Parallèlement à cet orage cytokinique, se produit aussi une attaque endothéliale qui correspond à un dysfonctionnement de la microcirculation, avec troubles de la coagulation. « Ce qui fait que la maladie à Covid est aussi une maladie vasculaire, et explique que d’autres organes puissent être impliqués, comme le tissu rénal, hépatique ou encore cardiaque », précise l’orateur.
« Partant de cette description, on comprend qu’il existe trois piliers en termes de thérapeutiques, continue-t-il, à savoir :
Combattre directement l’infection virale au niveau de son cycle cellulaire
Réduire l’orage cytokinique et l’inflammation paradoxale ;
Empêcher les atteintes vasculaires et les phénomènes de coagulation. »
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Citer cet article: COVID-19 et médicaments : où en est-on? - Medscape - 16 oct 2020.
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