Washington, É. U. ― Le monde s'est réveillé ce matin en apprenant que le président des États-Unis, Donald Trump, et son épouse Melania avaient été tous deux testés positifs au COVID-19.
Trump a tweeté la nouvelle ce vendredi à 1 heure du matin et déclaré que lui et son épouse étaient désormais en quarantaine.
Son médecin, le Dr Sean Conley a confirmé la positivité du test et a déclaré que le couple « se portait bien actuellement. »
Un patient vulnérable ?
Le président américain pourrait être classé comme patient vulnérable. De sexe masculin, âgé de 74 ans, en surpoids (IMC estimé à 30,5), il présente donc les trois facteurs de risque les plus connus de développer une forme grave de la maladie.
Mais d’autres facteurs entrent également en jeu, a commenté Naveed Sattar, professeure de médecine métabolique à l'Université de Glasgow, en réaction l’annonce.
« Donald Trump présente des facteurs de risque classiques, tels que le fait d'être un homme, d’être plus âgé (qui le facteur de risque le plus important) et d’être en surpoids, mais il n'a pas de maladie chronique et est raisonnablement actif (il est probable qu'il joue beaucoup au golf et semble marcher de façon rapide), ce qui pourrait compenser ou atténuer ses risques et lui permettre de se remettre rapidement de l'infection », a commenté Sattar.
« Le risque de maladie grave et de décès dépend de nombreux facteurs - certains ne sont pas mesurables, donc il y a toujours une incertitude - et il n'est pas si simple de faire des inférences à partir d’un ou deux », a-t-elle ajouté.
Mais selon un autre expert, la plupart des personnes de 70 ans et plus ont d'autres comorbidités qui peuvent augmenter les risques de faire une forme grave de la maladie.
Des spéculations selon lesquelles Trump pourrait être porteur d’une maladie cardiaque ― ce qui pourrait donc augmenter le risque de développer une forme sévère de COVID-19 ― ont déjà été émises. En septembre dernier, le New York Times mentionnait « un scanner coronarien réalisé en 2018 et montrant un score calcique de 133, signifiant qu'il souffre d'une forme de maladie cardiaque fréquente chez les hommes de 70 ans et plus. » Le même article indiquait également que le président avait fermement nié « avoir subi des mini-AVC l'année précédente, lors d'un mystérieux séjour à l'hôpital ».
Le dossier médical de D. Trump publié en juin indiquait un poids de plus de110 Kg pour une taille de 1,90 m, et donc un IMC de 30,5, le classant comme individu obèse, comme environ 40% des Américains, selon un article de Sky News. Selon le Dr Aseem Malhotra, cardiologue et expert des risques liés à l'obésité, « il est probable que Donald Trump ait un syndrome métabolique qui le place au plus haut risque de décès ou d'hospitalisation » des suites du COVID-19. Le président aurait ainsi « un risque de décès 3 fois plus élevé et un risque d'hospitalisation 5 fois plus important », a-t-il ajouté.
Pour le Dr David Strain , maître de conférences et consultant à la faculté de médecine de l'Université d'Exeter, Donald Trump « est probablement en début de la maladie, en supposant qu'il ait contracté le virus récemment ; il est susceptible d'avoir peu de symptômes au cours des 4 à 5 prochains jours, perdant peut-être son odorat en début de la semaine prochaine. Les symptômes respiratoires classiques pourraient se produire en milieu de la semaine prochaine. Son âge et son obésité, en plus d'être un homme, le placent à un risque accru de mauvais pronostic à ce stade, ce qui signifie également qu'il serait plus vulnérable aux co-infections. Au cours de cette période, il est espéré qu'il se rétablira, mais ses médecins devraient être conscients du risque d’atteinte plus important aux alentours du 10e jour, comme cela a été le cas pour le premier ministre britannique, Boris Johnson. Si cela se produisait, à son âge, il devrait être hospitalisé et nous serions inquiets pour sa survie. »
« Alors que le président américain recevra sans aucun doute les meilleurs soins au monde, le COVID-19 reste un virus pour lequel il n’y a pas de traitement efficace. Donald Trump fait partie d'un groupe démographique à haut risque. Les prochaines semaines vont être très difficiles pour l'administration américaine. »
Une proche conseillère du président également testée positive
Le jour précédent l’annonce de la positivité au test du président, Hope Hicks, l'une de ses principales conseillères, avait été également testée positive et aurait présenté des symptômes de la maladie, selon un rapport de Bloomberg News .
Hope avait voyagé avec Trump à bord de l’avion présidentiel Air Force One le mardi 29 septembre pour se rendre au débat télévisé de Cleveland et le mercredi 30 septembre pour aller à un rassemblement dans le Minnesota. « Au Minnesota, elle ne se sentait pas bien et avait été mise en quarantaine à bord de l'avion présidentiel sur le chemin du retour, selon des personnes proches du dossier », a rapporté Bloomberg.
« Cela soulève des questions : Hicks est-elle la source ou ont-ils tous pu être infectés simultanément par une autre source ? », a commenté Trish Greenhalgh, professeure de services de soins de santé primaires à l'Université d'Oxford.
De son côté, le Dr David Strain souligne que : « Le président américain a ignoré à plusieurs reprises les recommandations des experts médicaux en ne portant pas de masque, de façon régulière, dans les situations où cela est recommandé, sans se distancer physiquement et en ignorant les recommandations concernant l'hygiène des mains, tel qu’observé lors de rassemblements (sans aucune désinfection perceptible des mains), donc la source exacte de contraction est difficile à déterminer. Cependant, il est fort probable qu'elle provienne de Hope Hicks, son assistante elle-même testée positive jeudi, et avec qui il était la veille dans le Air Force One.
« Connaître la chaîne d’infection est important car cela permettra d’évaluer la probabilité que Trump ait pu infecter Joe Biden [le candidat démocrate et principal adversaire de Trump lors des prochaines élections] et d’autres personnes lors du débat présidentiel de mardi dernier. Il existe des preuves solides indiquant que le virus SRAS-CoV-2 est transmis par l'air, par des gouttelettes et un contact direct (c'est-à-dire que les personnes dans une même pièce, même si elles sont distantes de plus de 2 mètres, sont à risque, parce que finalement le virus aéroporté atteint toutes les parties de la pièce », a ajouté Trish Greenhalgh.
« Le pire scénario, peu probable mais pas impossible, dans lequel Trump était contagieux lorsqu'il a vocalisé bruyamment pendant le débat de 90 minutes, pourrait s'avérer être une expérience intéressante sur la transmission aérienne et le rôle contesté des masques dans la protection du porteur », a-t-elle commenté.
« Le fait que Donald Trump ait été infecté n'est pas une fatalité, mais est cohérent avec le fait qu'il est un candidat à haut risque de propagation de l'infection - à la fois en raison de son attitude apparente à l'égard des mesures de protection personnelle (telles que le maintien de la distance physique et le port du masque), mais aussi parce qu’en tant que personnalité publique, il est en contact avec un nombre important de personnes dans de nombreux endroits différents, y compris de façon très proche », a également commenté Rowland Kao , professeur d'épidémiologie à l'Université d'Édimbourg.
« Il est également préoccupant que ces mêmes conditions le rendent plus susceptible d'infecter d'autres personnes alors qu’il est contagieux, et ses actions ont donc maintenant une grande importance en termes de réduction du risque de créer de nouvelles sources d’épidémie, et surtout à titre d'exemple pour les autres », a ajouté le Pr Kao. « Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, cela va dépendre de lui. »
Traduit de l’anglais par Véronique Duquéroy.
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Citer cet article: Donald Trump testé positif au COVID-19: quelles implications ? - Medscape - 2 oct 2020.
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