France -- Pendant le confinement l’activité des médecins généralistes a été très forte dans le quart Nord-Est de la France mais s’est effondrée dans le reste de la France, moins touchée par l’épidémie et où les patients hésitaient à se rendre dans les cabinets. Que s’est-il passé ensuite ? La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la santé vient de publier trois études sur leur activité, grâce à son panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale pour lequel les participants ont été interrogés en mai et juin [1,2,3].
Reprise progressive la première semaine du déconfinement
Premier enseignement : après le confinement, les praticiens ne sont revenus que progressivement à une activité normale. Dans la première étude, les médecins du panel ont été interrogés sur leur activité la semaine du 11 mai, celle qui a marqué le début du déconfinement [1]. Au cours de cette semaine, « le nombre de consultations par jour marque une reprise de l’activité, mais plus de la moitié des médecins généralistes déclarent encore une baisse du volume horaire hebdomadaire par rapport à une semaine de travail ordinaire », note la Drees. La baisse, pendant cette semaine-là, s’est située en moyenne entre 3 et 7 % du volume horaire par rapport à une semaine normale, contre une diminution entre 13 et 24% pendant la première quinzaine d’avril, en plein milieu du confinement. 32% des médecins disent avoir réalisé moins de 20 consultations par jour, 41% entre 20 et 29 et 27% plus de 30.
Moins de consultations de suivi pédiatrique
Dans cette semaine particulière, un quart des consultations avait encore pour motif le coronavirus. D’autres y sont liées indirectement : 62% des généralistes estiment que les demandes de soins pour stress, troubles anxieux ou dépressifs ont été en forte augmentation à la sortie du confinement par rapport à la période qui l’avait précédée. En revanche, certains patients avec des pathologies chroniques se sont montrés un peu hésitants avant de reprendre leur suivi interrompu par le confinement : 37% des praticiens disent avoir eu moins de consultations pour suivi et/ou renouvellement d’ordonnance (contre plus de 90% au moins d’avril) mais un tiers déclarent que la fréquence du motif à augmenter, suggérant un possible rattrapage. Les consultations de suivi pédiatrique sont restées encore largement inférieures aux temps ordinaires pour la moitié des médecins. « Le début de retour à la normale ne s’est pas opéré au même rythme selon l’intensité de l’épidémie dans le département et le motif » écrit la Drees.
La notification des personnes contacts prend du temps
Dans la deuxième étude, les médecins du panel ont été interrogés en mai et juin sur leur « perceptions et opinions, notamment quant à leur rôle au sortir du confinement » [3]. « Le protocole d’identification et de notification auprès de l’Assurance maladie des personnes contacts des patients infectés est considéré comme approprié par les deux tiers des médecins généralistes, tandis qu’un tiers d’entre eux expriment des réticences (du fait de sa complexité, de la responsabilité qu’il implique ou parce qu’ils estiment que cela ne fait pas partie de leurs fonctions) » analyse la Drees. Dans le même temps, la moitié pense que cette mission est difficile à concilier avec la charge de travail. Les réticences les plus fortes étaient exprimées chez les médecins les plus âgés et ceux exerçant dans les départements les moins touchés par l’épidémie.
9 généralistes sur 10 favorables au port du masque
En outre, en mai et juin, neuf généralistes sur 10 se disaient favorables au port du masque durant le déconfinement, dont les deux tiers estimant que la mesure aurait dû être prise plus tôt. 8 praticiens sur 10 estimaient être un relai efficace pour faire comprendre aux patients la nécessité de la distanciation sociale et 9 sur 10 le lavage des mains et le port du masque. Plus surprenant, avant l’été, alors que les capacités de tests étaient encore limitées, trois médecins sur quatre déclaraient avoir eu accès rapidement, pour leurs patients, au test diagnostic PCR-Covid-19 en ville.
La téléconsultation : une solution utile et utilisée
Enfin, la troisième étude porte sur les téléconsultations qui ont connu un décollage remarquable pendant le confinement [3]. Les trois quarts des généralistes du panel l’ont mise en place au début de l’épidémie alors qu’ils n’étaient que 5% de pionniers auparavant. Dans la première semaine du déconfinement, encore 7 médecins sur 10 ont réalisé au moins une téléconsultation et 1 sur 10 a même fait un quart de ses consultations à distance. Un peu moins de la moitié a cependant rencontré quelques difficultés techniques avec la téléconsultation mais la facturation des honoraires a posé peu de problèmes. « Au final, la téléconsultation s’est avérée une solution utile et utilisée pendant l’épidémie, particulièrement dans les départements les plus touchés, conclut la Drees. Dans ces territoires, son utilisation y a été plus importante, les difficultés perçues ont été moins importantes et les médecins généralistes en sont plutôt plus satisfaits qu’ailleurs ». Nécessité a fait loi.
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Citer cet article: COVID-19 : quels impacts sur l’activité des généralistes ? - Medscape - 29 sept 2020.
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