Poitiers, France -- L’application Covidom a permis à ce jour à 140 000 patients COVID-19 ou suspects de COVID-19 de bénéficier d’un télésuivi à domicile via des questionnaires médicaux en ligne, proposés quotidiennement.
Lors d’une session consacrée à l’infection COVID-19 aux Journées Nationales d’Infectiologie (JNI), le Dr Aurélien Dinh (Hôpital Raymond Poincaré, Garches) a présenté le bilan de cette expérience de télémédecine d’envergure, mise en place en urgence à l’échelle de l’Ile-de-France, juste avant le confinement.
« Le dispositif, une vraie réussite de collaboration ville-hôpital, a participé à éviter l’engorgement des structures de soin en Ile-de-France », a commenté l’orateur.
L’initiative a été réalisée en partenariat entre l’AP-HP (Assistance des Hôpitaux de Paris), l’ARS (Agence régionale de Santé) et l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) Ile-de-France.
Un dispositif de télésuivi d’envergure
Les patients qui ont pu bénéficier du système de télésuivi Covidom étaient des patients COVID ou suspects de COVID, sans signe de gravité. Ils étaient inclus soit par des médecins des hôpitaux à leur sortie de l’hôpital, soit par des médecins libéraux de ville, soit par la régulation SAMU. Ils étaient suivis 30 jours (possiblement prolongés).
Après avoir accepté le principe, les patients devaient remplir des questionnaires en ligne 1 ou 2 fois par jour, selon le profil de risque, et ce, pendant 30 jours.
Ils devaient monitorer eux-mêmes un certain nombre de paramètres grâce à des examens simples, sans objets connectés. Sept items étaient renseignés : la fréquence cardiaque, la dyspnée, la fréquence respiratoire, la température, la survenue de malaise(s), de frissons, les difficultés psychologiques/liées au confinement). Des alertes vertes, oranges ou rouges étaient générées en fonction de seuils définis.
En cas d’alertes rouges ou oranges, les patients étaient appelés par un intervenant de télésurveillance qui vérifiait qu’il n’y avait pas de problème technique et en cas de problème médical, un médecin prenait l’appel.
« 90 % des alertes ont été d’ordre technique de type « je n’arrive pas à prendre ma fréquence cardiaque », « j’ai rentré un mauvais chiffre »… », précise Aurélien Dinh.
Les alertes étaient traitées par un plateau de télésurveillance (voir encadré en fin de texte).
Un bilan positif
Du 9 mars au 8 juin 2020, 70 914 patients ont été inclus par 10 000 médecins. L’âge médian des patients était de 43 ans.
Au total, 266 619 alertes ont été générées dont 22 958 alertes rouges et 243 661 oranges.
Au pic de l’épidémie, jusqu’à 10 000 alertes/jour ont été prises en charge par 40 « cellules » de télésurveillance, soit 200 postes de travail 7j/7 de 8 h à 20 h. La capacité de suivi était d’environ 1 200 patients par cellule.
Au total, le délai moyen avant prise en charge d’une alerte rouge était de 4,24 minutes et 427 appels SAMU ont été déclenchés par la plateforme, 858 patients ont été hospitalisés et 73 sont décédés.
« Toutes les alertes rouges ont eu une réponse en moins de 6 minutes. Ce qui est exceptionnel », souligne le Dr Dinh.
Un dispositif adapté à la réalité du terrain
Une déclinaison de solutions Covidom a vu le jour au fur et à mesure, en lien avec les besoins du terrain. Une cellule spéciale a été conçue pour les patients non familiers du numérique (suivi par téléphone), tout comme une cellule multilingue pour les patients ne parlant pas français, une cellule « contact » pour détecter les cas-contacts, une cellule d’aide à l’isolement, une cellule psychiatrique, ou encore une cellule dédiée aux patients sous oxygène (COVID O2).
Pour le Dr Dinh, au final, l’expérience est un franc succès qui mériterait d’être pérennisée.
« Covidom a montré son efficacité et les retours de satisfaction des patients et des intervenants de télésurveillance ont été très bons. D’ailleurs, Covidom a suscité de l’intérêt hors de l’Ile-de-France. Nous avons été contactés notamment par Nice et par l’étranger. Se pose maintenant la question de la pérennisation du dispositif sur toute l’année. Pourquoi pas à d’autres pathologies comme les maladies inflammatoires chroniques intestinales, les maladies inflammatoires rhumatologiques, ou le suivi post-opératoire (avec des questions sur la cicatrice, les anticoagulants…). Avec une monté en puissance du dispositif possible lors des infections virales saisonnières ou aiguës. C’est une réflexion que nous avons avec l’Assurance maladie, l’ARS, l’AP-HP et les syndicats de médecins libéraux », a conclu le Dr Dinh pour Medscape édition française.
COVIDOM en chiffres
Environ 10 000 médecins « inclueurs » : généralistes, Samu, hôpitaux/cliniques, avec + 3600 médecins généralistes et + 6 100 médecins hospitaliers en capacité d’inscrire leurs patients dans le dispositif et de suivre leurs alertes,
Plus de 140 000 patients suivis pendant 30 jours depuis le 9 mars via questionnaires quotidiens, générant jusqu’à 10 000 alertes/jours au pic de l’épidémie ;
Jusqu’à 40 « cellules » de télésurveillance au pic de la vague 1, sur trois étages du site Picpus, soit 200 postes de travail 7j/7 de 8h à 20h.
Capacité environ 1200 patients par cellule, pour des délais de traitement des alertes rouges < 10 min (sans aucune logistique de productivité) ;
Plus de 1 100 intervenants de télésurveillance (ITS) formés : externes médecins/dentaires, professionnels de santé (kiné, pharmaciens, IDE, dentistes, cadres de santé…)
Plus de 990 médecins référents formés : salariés AP-HP, libéraux, retraités ;
Plus de 500 bénévoles formés pour la « cellule citoyenne » qui étaient chargés de rappeler les patients « non répondants ».
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Citer cet article: Application de télésuivi Covidom : un dispositif à pérenniser ? - Medscape - 29 sept 2020.
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