France – Semaine après semaine, la circulation du virus s’intensifie au sein de la population française, comme le montre le point de situation de Santé publique France (SPF) [1]. Rien à voir, à ce stade, avec le pic de l’épidémie vu au plus fort de l’épisode printanier : « la situation actuelle reste gérable parce que les malades arrivent lentement, beaucoup plus tôt, dans des états beaucoup moins graves » comme l’explique bien le Dr David Davido , infectiologue à l’hôpital de Garches (92). Néanmoins, les hospitaliers sont sur le qui-vive et se préparent à faire face à une situation susceptible de s’emballer très rapidement.
Plus 20% par rapport à la semaine précédente
Au niveau national, en semaine 36 (du 31 août au 06 septembre 2020), 902 815 personnes ont été testées pour le SARS-COV-2 par RT-PCR. Parmi ces personnes, 47 294 étaient positives, soit une augmentation de 20% par rapport à la semaine précédente. De même, le taux de positivité national hebdomadaire passé en une semaine de 4,4% à 5,2%, avec un taux de tests hebdomadaires qui dépasse désormais le million, 1 076 052 tests pratiqués précisément pour 902 815 patients testés pour le SARS-CoV-2.
« Si la dynamique de l’épidémie se maintient, le nombre de cas confirmés hebdomadaire doublera dans 14 jours » prévient Santé publique France.

Evolution des taux d’incidence et taux de dépistage (/100 000 habitants), par semaine, depuis la semaine 23/2020, France métropolitaine (source SI-DEP, données au 09 septembre 2020)
Le délai moyen de dépistage des cas symptomatiques, parmi les cas symptomatiques avec des dates de début des signes cliniques et une date de prélèvement de la RT-PCR renseignés (n=18 902), est de 3,3 jours.
Rappelons que la maladie reste très largement asymptomatique puisque seuls un peu plus de la moitié des cas positifs (52,7%) présentaient des symptômes.
Les très jeunes et les très âgés
Par rapport à la semaine précédente, l’augmentation des cas la plus importante est observée aux deux extrémités de la vie : + 39% chez les plus jeunes (0-14 ans) + 44% chez les plus âgés (75 ans et plus) qui sont aussi parmi les plus fragiles pour la COVID-19. Néanmoins, l’ensemble des classes d’âges est concerné avec une augmentation de 29% chez les 65-74 ans, de 27% chez les 45-64 ans et de 15% chez les 15-44 ans.
Les personnes âgées qui résident en Ehpad ne sont pas épargnées. Au 07 septembre 2020, 224 clusters y ont été signalés. « Depuis 6 semaines, le nombre hebdomadaire de nouveaux clusters est supérieur à celui observé depuis début juin » précise Santé publique France, avec un pic en Provence-Alpes-Côte d’Azur (40% des clusters en cours d’investigation en Ehpad). Néanmoins le nombre de décès reste faible et stable ces dernières semaines. « Une grande vigilance doit être maintenue dans ces établissements compte tenu de la fragilité de cette population dans laquelle survient le plus grand nombre de décès dus au SARS-COV-2 » alerte Santé publique France.
Quid des professionnels en établissements de santé ?
Entre le 24 août et le 07 septembre, 318 cas supplémentaires de professionnels salariés d’un établissement de santé (PES) d’hospitalisation, public ou privé ont été déclarés portant à 33 210 cas le nombre de cas total sur la période du 1er mars au 07 septembre 2020.
Les aides-soignants et les internes restent les professions proportionnellement les plus impactées avec respectivement 3,6% et 3,3% des professionnels infectés.
En revanche, aucun décès supplémentaire de professionnels lié à la COVID-19 n’a été rapporté au cours de l’été.
Santé publique France signale 16 décès liés à l’infection à SARS-CoV-2 enregistrés depuis le 1er mars 2020, dont 5 médecins, 4 aides-soignants, 1 professionnel de santé classé « autre » et 6 professionnels non soignants.
La Gironde et la région Rhône-Alpes sont désormais dans le rouge
Géographiquement parlant, en semaine 36, tous les départements excepté la Creuse et la Meuse, ont un taux d’incidence supérieur au seuil d’attention de 10 cas pour 100 000 habitants par semaine. Sept départements présentent des taux supérieurs à 100/100 000 hab : à savoir les Bouches-Du-Rhône (196/100 000 hab), la Gironde (159), Paris (150), les Alpes-Maritimes (134), le Rhône (133), le Val-de-Marne (125) et les Hauts-de-Seine (119).
Cette semaine, ce ne sont plus 13 mais 23 départements de France métropolitaine qui présentent un taux de positivité supérieur à 5% dans (contre 13 la semaine précédente), les plus élevés étant ceux mentionnés ci-dessus.
Davantage de moins de 40 ans hospitalisés et en réa
Quid des hospitalisations, des admissions en réanimation et des décès, indicateurs de sévérité de l’épidémie ?
Au 8 septembre, 4 960 cas de COVID-19 étaient hospitalisés en France dont 574 en réanimation.
Ce taux a plus que doublé dans les régions Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Corse et Nouvelle-Aquitaine. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui connait un nombre important de cas, ce taux est passé de 6,1/100 000 hab à 10,3/100 000 habitants en une semaine. Dans toutes les autres régions, les taux d’hospitalisations hebdomadaires restent inférieurs à 5,0/100 000 hab.
Pour autant, « le risque d’une intensification de la diffusion du virus dans les populations à risque fait craindre une augmentation des hospitalisations dans un futur proche » s’inquiète Santé publique France.
La légère inversion de tendance concernant le profil des personnes hospitalisées se confirme : le taux des moins de 40 ans augmente – 19% aujourd’hui contre 8% sur la période mars-juin 2020 – alors que celui des personnes âgées de 70 ans et plus diminue – 44% versus 55% respectivement.
Si, avec 574 cas, le nombre de cas de COVID-19 hospitalisés en réanimation reste gérable, Santé publique France signale que la tendance est à l’augmentation depuis début juillet – passant de 73 nouvelles admissions déclarées début juillet à 288 aujourd’hui. A noter que le nombre journalier de cas en cours d’hospitalisation en réanimation se maintient en dessous de 500 patients depuis le 10 juillet. La tendance au « rajeunissement » des personnes hospitalisées en réanimation depuis juillet par rapport au début de l’épidémie se confirme là aussi.
Le nombre hebdomadaire de déclaration de décès survenus au cours d’une hospitalisation pour COVID-19 est en augmentation par rapport à la semaine précédente avec 129 décès versus 100 décès. Néanmoins, la mortalité toutes causes est actuellement dans les marges de fluctuation habituelle en France métropolitaine, tous âges confondus.
Depuis le 1er mars 2020, 1 556 établissements de santé ont déclaré au moins un cas de COVID-19 hospitalisé.
· Parmi les 113 830 patients ayant été hospitalisés depuis le 1er mars:
− L’âge médian des patients est de 71 ans et 53% sont des hommes.
− 20 289 patients sont décédés : 71% étaient âgés de 75 ans et plus et 59% étaient des hommes.
Hors métropole
En Guadeloupe, Saint-Martin et Saint Barthélemy, l’ensemble des indicateurs de surveillance sont en hausse et particulièrement en Guadeloupe (taux d’incidence 229/100 hab et taux de positivité de 19%) « où une tension hospitalière a été rapportée ». En Martinique, la progression est moins marquée mais les 4 territoires restent classés en niveau de vulnérabilité élevé. A La Réunion, la circulation virale progresse et le nombre de nouvelles admissions en réanimation est en augmentation. En Guyane, dans le contexte de la régression de l’épidémie observée ces dernières semaines, les indicateurs restent stables. A Mayotte, le taux d’incidence a augmenté mais reste inférieur au seuil d’alerte et peut s’expliquer par la mise en place de dépistage actif autour des clusters et des situations à risque. Le taux de positivité est également en augmentation.
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Citer cet article: COVID-19 : la circulation du virus s'intensifie encore - Medscape - 11 sept 2020.
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