Paris, France -- Le dispositif d’indemnisation des arrêts de travail pour les travailleurs à risque de formes graves de Covid-19 a pris fin le 1er septembre sauf pour les personnes particulièrement fragiles.
Le 31 août, le gouvernement a précisé quelles personnes pourront encore prétendre à une activité partielle et aux arrêts de travail dérogatoires [1]. Mais, la nouvelle liste a provoqué l’ire de nombreux patients et médecins.
Alors que le nombre de cas de Covid-19 continue de grimper jour après jour, n’y figurent plus, notamment, les femmes au troisième trimestre de grossesse, les personnes atteintes de pathologies chroniques respiratoires, de maladies cardiovasculaires, de diabète et celles atteintes d’obésité.
Activité partielle et arrêts de travail dérogatoires maintenus
D’après le communiqué du gouvernement, l’activité partielle et les arrêts de travail dérogatoires sont maintenus, sur prescription du médecin, pour les personnes suivantes (décret du 29 août 2020) :
1° Etre atteint de cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie)
2° Etre atteint d'une immunodépression congénitale ou acquise :
médicamenteuse : chimiothérapie anti cancéreuse, traitement immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie à dose immunosuppressive ;
infection à VIH non contrôlée ou avec des CD4 < 200/mm3 ;
consécutive à une greffe d'organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques ;
liée à une hémopathie maligne en cours de traitement ;
3° Etre âgé de 65 ans ou plus et avoir un diabète associé à une obésité ou des complications micro ou macro vasculaires ;
4° Etre dialysé ou présenter une insuffisance rénale chronique sévère.
La Société de Pneumologie de Langue Française, Asthme & Allergies et la Ligne contre l'obésité réagissent
« L’absence des insuffisants respiratoires chroniques de cette liste est tout à fait contraire à la définition des patients vulnérables figurant dans le rapport du HCSP de mars 2020 », a commenté la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) dans un communiqué [2].
« La gravité de l’infection à SARS-CoV-2 est liée principalement à son atteinte respiratoire. La SPLF et l’ensemble de la communauté pneumologique ainsi que les associations des patients demandent que les patients ayant une maladie respiratoire chronique sévère soient considérés à juste titre comme des patients vulnérables et donc à risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2 », souligne la SPLF.
L'association Asthme & Allergies vient, pour sa part, d'adresser un courrier au Premier Ministre, se faisant le porte-parole des malades : elle demande que l'asthme sévère soit réintroduit dans la liste, permettant aux malades concernés de pouvoir être protégés en continuant à pouvoir bénéficier d'un certificat d'isolement ou du chômage partiel si leur fonction rendait le télétravail impossible.
De son côté, la Ligne contre l'obésité parle de « douche froide». « D’un trait de plume aussi inconcevable que dangereux pour la santé de ses citoyens les plus exposés à la Covid-19, le gouvernement français vient de rayer les personnes souffrant d’obésité du dispositif de l'activité partielle. Une ineptie totale au moment où la crise sanitaire de la Covid-19 sévit toujours et que de très nombreuses études scientifiques démontrent que l’obésité constitue un risque majeur de développer une forme grave d'infection au virus SARS-CoV-2 », indique Agnès Maurin, Directrice Fondatrice de l'association.
Pour rappel, pour le HCSP les patients à risque de formes sévères sont :
• Les personnes âgées de 70 ans et plus ;
• Les patients aux antécédents cardiovasculaires : hypertension artérielle compliquée, accident vasculaire cérébral ou coronaropathie, chirurgie cardiaque, insuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV ;
• Les diabétiques insulinodépendants non équilibrés ou présentant des complications secondaires à leur pathologie ;
• Les personnes présentant une pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale ;
• Les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée et les malades atteints de cancer sous traitement.
Une reprise d’activité encadrée
Conformément à l’avis du haut conseil de la santé publique du 30 juin 2020, la reprise de l’activité des personnes vulnérables est préconisée dans des conditions sanitaires renforcées, indique le communiqué du ministère. Le télétravail est à privilégier mais lorsqu’il n’est pas possible, le travail présentiel doit être assorti de mesures de protection complémentaires dans des conditions de sécurité renforcée :
mise à disposition d’un masque chirurgical par l’entreprise au travailleur, qui devra le porter sur les lieux de travail et dans les transports en commun, lors des trajets domicile-travail et en déplacements professionnels (durée maximale du port de masque : 4 heures ) ;
vigilance particulière de ce travailleur quant à l’hygiène régulière des mains ;
aménagement du poste de travail : bureau dédié ou limitation du risque (ex. : écran de protection)
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Citer cet article: Covid-19 : la liste de ceux qui pourront encore prétendre aux arrêts de travail dérogatoires fait polémique - Medscape - 3 sept 2020.
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