La vitamine D et le calcium peuvent limiter les récidives de vertige positionnel

Erik Greb

17 août 2020

Séoul, Corée du Sud -- D'après les résultats d'une étude randomisée récente, une supplémentation quotidienne en vitamine D et en carbonate de calcium peut réduire de manière significative la récurrence du vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB), en particulier chez les patients qui présentent un faible taux sérique de vitamine D. L'effet préventif était encore plus marqué chez les patients dont le taux sérique de vitamine D était inférieur à 20 ng/ml au départ.

Première étude contrôlée et randomisée

Jusqu'ici, les manœuvres de repositionnement comme celle d'Epley étaient les seuls traitements du VPPB dont l'efficacité était démontrée. La supplémentation en vitamine D et en calcium pourrait représenter le premier traitement médical en mesure de prévenir les récidives, d'après les auteurs de l'étude publiée en ligne le 5 août dernier par la revue Neurology. « À l'avenir, les cliniciens devraient envisager la correction de la déficience [éventuelle] en vitamine D chez les patients présentant des crises fréquentes de VPPB », écrivent-ils. « Cependant, la dose et la durée optimales de la supplémentation sont encore mal définies, tout comme le niveau cible de vitamine D sérique. »

Si la plupart des publications précédentes sur la vitamine D chez ces patients n'étaient que des rapports anecdotiques, il s'agit ici de « la première étude contrôlée et randomisée portant sur un grand nombre de patients », d'après un des auteurs, le Dr Ji-Soo Kim, qui dirige le service de neurologie de l'université nationale de Séoul, en Corée du Sud.

Délogement de particules

Le VPPB se caractérise par des crises de vertige causées par un changement de position de la tête par rapport à la gravité. On pense que le délogement des otolithes serait à l'origine de ces crises. Les récidives de VPPB sont fréquentes, avec un retentissement fréquent sur les activités professionnelles ou du quotidien.

Les travaux antérieurs ont montré une prévalence plus élevée de carence en vitamine D chez les patients atteints de VPPB par rapport aux groupes témoins sains. Des chercheurs ont indiqué qu'une supplémentation vitaminique D pouvait prévenir les récidives de VPPB, mais leurs études n'étaient ni prospectives ni contrôlées.

Les chercheurs de l'étude évoquée dans cet article ont recruté des patients de huit hôpitaux universitaires en Corée du Sud. Ils étaient âgés d'au moins 18 ans, et leur VPPB avait été traité avec succès par des manœuvres de repositionnement. Les patients qui prévoyaient, pour toute autre raison, de prendre une supplémentation en vitamine D ou en calcium ont été exclus de l'étude, tout comme les femmes enceintes.

Entre décembre 2013 et mai 2016, 1 491 patients ont été identifiés comme éligibles, et 1 050 d'entre eux ont été inclus dans l'étude. Ces participants ont été randomisés en groupes égaux pour recevoir 400 UI de vitamine D et 500 mg de carbonate calcique deux fois par jour, ou pour être simplement suivis – avec interdiction de prendre de telles supplémentations par eux-mêmes. Les taux sériques de 25-OH vitamine D, de calcium, de phosphore et de PTH ont été mesurés chez les patients du groupe intervention, et le suivi a duré un an.

Le critère primaire d'évaluation était le taux annuel de récidive du VPPB (autrement dit, le nombre total de récidives du VPPB par patient au moins 1 mois après la fin de la crise initiale). Les critères secondaires d'évaluation étaient la proportion de patients présentant des récidives au cours du suivi, les changements du taux de vitamine D sérique, les taux annuels de chutes et de fractures, et la qualité de vie mesurée au moyen de l'UCLA Dizziness Questionnaire. Les patients étaient invités à appeler le centre qui gérait l’étude et à se rendre à la clinique la plus proche lorsqu'ils suspectaient une récidive de VPPB. Des entretiens téléphoniques étaient réalisés chaque mois, portant sur les épisodes de vertige et sur les critères secondaires.

Au total, 445 patients du groupe intervention et 512 du groupe contrôle ont pu être été suivis correctement. La durée moyenne du suivi était de 365 jours dans le premier groupe et de 362 dans le second. La proportion de patients dont le suivi avait duré au moins un an était respectivement de 79,8 % et 92,2 %.

Une réduction du nombre de récidives

Les résultats ont montré que la supplémentation en vitamine D et en calcium était effectivement associée à une réduction significative du nombre de récidives du VPPB. Leur nombre, en termes de personne-années, était de 0,83 dans le groupe intervention et de 1,10 dans le groupe observation. Les auteurs ont ainsi calculé un ratio de taux d'incidence s'élevant à 0,76 et une réduction du taux annuel de récidive s'établissant à 0,27 avec la supplémentation. Par ailleurs, l'effet préventif était encore plus marqué chez les patients dont le taux sérique de vitamine D était inférieur à 20 ng/ml au départ.

 
L'effet préventif était encore plus marqué chez les patients dont le taux sérique de vitamine D était inférieur à 20 ng/ml au départ.
 

Les analyses en sous-groupes ont montré que les variables cliniques n'influençaient pas l'effet protecteur de la supplémentation, à trois exceptions près : un âge inférieur à 65 ans, l'absence de facteurs de risque vasculaire, et des antécédents migraineux.

Les patients du groupe observation étaient plus nombreux (46,7%) à avoir souffert de récidives de VPPB que ceux du groupe intervention (37,8%). Dans ce dernier, le taux sérique moyen de vitamine D était passé de 13,3 ng/ml au départ à 24,4 ng/ml à 2 mois puis 24,2 ng/ml à 1 an. Quant aux taux de chutes et de fractures, ils ne différaient pas entre les deux groupes, et il en allait de même pour le niveau de qualité de vie.

Les événements indésirables les plus fréquemment rapportés dans le groupe intervention étaient la dyspepsie (n = 10), la constipation (n = 5) et les œdèmes (n = 3). Deux patients ont interrompu leur supplémentation calcique en raison d'une hypercalcémie.

Les auteurs évoquent l'existence de symptômes communs au VPPB et à la migraine atypique ou vestibulaire. « Les patients migraineux peuvent présenter un vertige positionnel et un nystagmus imitant le VPPB », explique Ji-Soo Kim. Ainsi, « les participants considérés comme migraineux et qui n'avaient pas bénéficié d'une supplémentation peuvent en fait souffrir de migraine vestibulaire ».

Les auteurs prévoient de mener une autre étude randomisée qui comprendrait un groupe placebo, afin d'évaluer l'efficacité d'une supplémentation plus fortement dosée ou d'une injection mensuelle de vitamine D.

A noter que la rédaction de la revue Neurology a tenu à ajouter un bémol:

« Après avoir accepté cet article et bien avancé dans notre processus de publication, nous avons découvert que l'essai clinique randomisé a été enregistré rétrospectivement à quelques semaines près. Bien que cela puisse sembler n'être qu'un détail mineur, nous pensons que la question de l'enregistrement prospectif est d'une importance cruciale pour garantir l'impartialité des rapports sur les études cliniques. En raison du stade tardif auquel nous avons découvert cet oubli, nous n'avons pas estimé juste de rejeter le document, mais nous avons demandé aux auteurs de clarifier le statut d'enregistrement de leur étude. Nous nous efforcerons désormais d'identifier toute irrégularité de ce type plus tôt dans notre processus éditorial. »

 

Les auteurs de l'étude déclarent n'avoir aucun lien d'intérêt avec le sujet évoqué dans l'article. L'étude a été financée par le ministère de la santé et des affaires sociales de la République de Corée.

 

Cet article a été publié récemment sur Medscape.com sous le titre Vitamin D May Reduce Recurrence of Positional Vertigo. Traduction-adaptation du Dr Claude Leroy

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