Un neurostimulateur médullaire soulage les douleurs liées à la neuropathie diabétique

Andrew D. Bowser

1er juillet 2020

Etats-Unis -- Pour les patients souffrant de douleurs liées à la neuropathie diabétique et qui ne sont pas soulagés par des traitements standards, l'utilisation d'un neurostimulateur médullaire à une fréquence de 10Hz pourrait être bien utile. C'est ce que suggèrent les premiers résultats de l'étude SENZA-PDN qui ont été présentés en late-breaking sous forme d'un poster [1] lors du congrès virtuel de l' American Diabetes Association (ADA). Ainsi cette étude a montré qu'avec le neurostimulateur environ 79 % des patients avaient un soulagement substantiel de leur douleur trois mois après le début du traitement, contre 5 % de ceux ayant reçu un traitement standard.

D'après les investigateurs, l'étude SENZA-PDN dirigée par le Dr Erika Petersen (neurochirurgienne, University of Arkansas for Medical Sciences, Etats-Unis) est le plus vaste essai randomisé contrôlé concernant la stimulation médullaire dans les douleurs liées à la neuropathie diabétique.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un essai comparatif, le Dr Petersen a néanmoins indiqué que les résultats étaient meilleurs que ceux d'autres dispositifs de stimulation aux fréquences plus faibles pour lesquels le taux de réponse était compris entre 40 et 55%.

Détails de l'étude

103 patients ont reçu le seul traitement conventionnel et 113 ont eu en plus une neurostimulation médullaire grâce au système de neurostimulation médullaire SENZA (Nevro Corp). Cette stimulation de la moëlle épinière est peu invasive, avec un système implantable au niveau épidural que l'on peut ôter et qui est conçu pour diminuer les douleurs.

L'âge médian était d'environ 61 ans et deux-tiers des participants étaient des hommes. Tous les patients présentaient au moment du recrutement des douleurs dans les membres inférieurs d'une intensité moyenne d'au moins 5 sur 10 sur l'échelle visuelle analogique (EVA) selon les critères d'inclusion de l'étude (NCT03228420).

Des améliorations manifestes

Trois mois après l'implantation du stimulateur, 75 des 95 patients évaluables (soit 79 %) avaient une réponse, définie comme une réduction des douleurs d'au moins 50% et une absence d'aggravation du déficit neurologique en cause dans la neuropathie diabétique. En comparaison, seulement 5 des 94 patients (5%) pris en charge de façon conventionnelle sont parvenus à cette réponse (P<0,001).

Dans le groupe équipé du neurostimulateur, le score moyen sur l'EVA est passé de 7,6 au début de l'étude à 2,4 à un mois puis 1,7 à trois mois. Dans l'autre groupe, il est passé de 7,0 à 6,7 à un mois et 6,5 à trois mois.

Le test du monofilament pour déceler une atteinte de la sensibilité a été réalisé par les investigateurs à trois mois. Il révèle une amélioration de 72 % pour le groupe équipé, contre 7% dans l'autre bras. L'analyse des diagrammes des patients suggère aussi une amélioration de la sensation d'engourdissement.

L'amélioration de la qualité de vie – sommeil et activité physique – était également évidente à trois mois dans le groupe avec le stimulateur, d'après le Dr Petersen. Chez ces patients, des réductions substantielles tant des difficultés à l'endormissement que des réveils liés à la douleur ont été rapportées par les investigateurs.

De plus, des données initiales suggèrent une amélioration du test de marche de 6 minutes notable dans le groupe équipé mais pas dans l'autre.

Douleurs réfractaires aux traitements standards

« La stimulation de la moelle épinière est une méthode bien établie pour les douleurs du dos et des jambes. Elle pourrait maintenant bénéficier à la population présentant une neuropathie diabétique. Nous anticipons une amélioration fonctionnelle et de la qualité de vie pour un grand nombre de patients pour lesquels les options disponibles aujourd'hui ne sont pas efficaces » a-t-elle expliqué.

Spécialiste de la prise en charge de la douleur à la Mayo Clinic de Scottsdales (Arizona, Etats Unis), la Dr Natalie Strand a confirmé que les résultats de cette étude, s'ils doivent encore être confirmés, indiquent que les dispositifs de neurostimulation pourraient être une option pour les patients dont les douleurs sont résistantes aux médicaments.

« Ces patients sont probablement sous-orientés vers des spécialistes de la douleur » a-t-elle précisé. Avant de poursuivre : « Les médecins généralistes et les endocrinologues ne pensent pas forcément à la neuromodulation comme traitement potentiel et ils ne connaissent probablement pas son efficacité ».

Lever l'obstacle des assurances

Alors que le stimulateur médullaire utilisé dans cet essai est déjà approuvé par la FDA, le Dr Petersen a expliqué que des données spécifiques concernant les douleurs neuropathiques du diabète manquaient, ce qui constituaient un obstacle pour la prise en charge par les assurances pour certains patients.

« J'ai eu des patients qui clairement présentaient toutes les caractéristiques de notre population d'étude mais les assurances déclinaient la procédure car expérimentale » a-t-elle indiqué. « J'espère que les résultats de cet essai randomisé contrôlé vont améliorer l'accès à ce traitement de patients qui ne pourraient pas y avoir accès sans couverture par les assurances », a-t-elle ajouté.

Le dispositif de neurostimulation Omnia de Nevro a été approuvé par la FDA en novembre 2019, des autorisations sont attendues en Europe courant 2020.

 

L'étude SENZA-PDN est financée par Nevro Corp. Le Dr Petersen a indiqué recevoir des financements pour ses recherches et en tant que consultante de la part de Nevro Corp et d'autres fabricants de matériel médical. La Dr Strand n'a pas indiqué de lien d'intérêt pour cet article. 

 

L’article a été publié initialement sur MDedge/Endocrinology, groupe Medscape. Traduit/adapté par Marine Cygler

 

Crédit photo : Video Nevro

 

 

 

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