Le Pr Perronne dans l'œil du cyclone

Marine Cygler

29 juin 2020

France – Défenseur du Pr Raoult et de l'utilisation de l'hydroxychloroquine pour les patients Covid +, le Pr Christian Perronne est l'auteur d'un livre réquisitoire sur la gestion de la crise sanitaire. Au cours de la promotion qui a accompagné la publication de ce livre, le chef du service des maladies de l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine) a vivement critiqué les pouvoirs publics et a mis en cause certains de ses confrères à plusieurs reprises. Les dits confrères et d'autres médecins ont réagi par voie de presse et lancé des pétitions, quand d'autres soutiennent publiquement le Pr Perronne. L'AP-HP et le Conseil national de l’Ordre des Médecins (CNOM) ont pour leur part saisi leurs instances de déontologie.

Des confrères accusés d'être achetés par l'industrie 

Dans son livre publié chez Albin Michel, Y a-t-il une erreur qu'ILS n'ont pas commise ?, le Pr Perronne dénonce la gestion qu'il juge désastreuse de la crise du coronavirus par les autorités sanitaires françaises. Le 17 juin, invité du journal télévisé de FranceInfo , il dénonce des « conflits d'intérêt majeurs » et une « hypocrisie » des médecins qui s'opposent à l'utilisation de l'hydroxychloroquine. Il indique que « les infectiologues qui ont le plus tapé sur l'hydroxychloroquine sont ceux qui ont le plus touché d'argent de Gilead ».

Interrogé sur BFM TV , il explique aussi que le recours à l'hydroxychloroquine aurait pu éviter le décès de 25 000 personnes en France. Mais surtout il villipende le CHU de Nantes qui aurait « laisser crever » son beau-frère faute d'hydroxychloroquine. Des propos qu'il réitère au micro de Sud Radio . Il y répète que les « experts sont achetés par l'industrie pharmaceutique. C'est une honte nationale ».

Pétitions et réaction du CNOM

En réaction aux interventions médiatiques de Christian Perronne, des médecins ont lancé dès le 20 juin une pétition, qui a recueilli 2746 signatures à l’heure où nous publions, dans laquelle ils demandent « instamment au Conseil National de l'Ordre des Médecins de réagir en urgence en condamnant les propos de M. Perronne, et en le convoquant afin qu’il s’explique et rende des comptes. » Pour eux, l'infectiologue contrevient sur plusieurs aspects au Code de déontologie concernant notamment la véracité scientifique des informations données aux patients et la bonne confraternité des relations entre collègues.

Jeudi 25 juin, le Conseil national de l'Ordre des médecins  (CNOM) a indiqué dans un tweet qu' « alerté par les propos tenus dans de nombreux médias par le Pr Christian Perronne,[il] a saisi le conseil départemental de l'Ordre des médecins des Hauts-de-Seine », dont dépend Christian Perronne.

Précisons que le Pr Perronne n’a pas que des détracteurs, loin s’en faut, et qu’une autre pétition circule sur Internet. Elle émane, elle, des soutiens du Pr Perronne, et notamment d'une association contre la maladie de Lyme proche du praticien. Elle a recueilli à ce jour, 83496 signatures.

L'AP-HP saisit son collège de déontologie

Dans une lettre, dont l'AFP a eu copie et divulgué le contenu, Martin Hirsch demande à son collège de déontologie de dire si les propos litigieux du Pr Perronne sont contraires à l'article 25 de la loi sur les droits et obligations des fonctionnaires du 13 juillet 1983, selon lequel « le fonctionnaire exerce ses fonctions avec dignité, impartialité, intégrité et probité ».

Selon l'AFP, le directeur général de l’AP-HP pointe notamment « l'accusation portée à l'égard d'une autre équipe hospitalière extérieure à l'AP-HP d'avoir « laissé crever un patient » en l'occurrence le beau-frère de l'intéressé, au motif que ne lui aurait pas été délivré un traitement, préconisé par l'auteur comme ayant fait ses preuves, alors que cette efficacité n'est pas établie ».

Les positions du Pr Perronne sur l'hydroxychloroquine « doivent retenir l'attention » selon le courrier de Martin Hirsch, notamment celles consistant à « prétendre que les décisions concernant un tel traitement sont à l'origine de 25 000 morts dans notre pays » ou encore « de mettre en cause la probité d'autres médecins de la même institution dans la manière dont ils ont émis des avis sur la crise, en affirmant que leur attitude a provoqué des milliers de morts ».

Dans sa lettre, Martin Hirsch prend la précaution d'écrire qu’il « ne s’agit bien entendu pas de remettre en cause la liberté d’expression (…), ni bien évidemment de considérer que l’on ne pourrait pas librement apporter sa contribution au débat sur la manière dont une crise sanitaire est gérée et émettre des critiques, fussent-elles virulentes ».


L'avis du collège de déontologie est attendu « avant la fin du mois de juillet ».

 

 

 

 

 

 

 

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