Morts subites hors hôpital en période COVID-19 : 23 % liées à des embolies pulmonaires proximales

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

18 juin 2020

Paris, France -- Quelle est la cause exacte des arrêts cardiaques inexpliqués survenus en dehors de l'hôpital pendant le pic de la pandémie de COVID-19 ? Pourraient-ils être en bonne partie dus à des embolies pulmonaires massives ? C’est l’hypothèse qu’ont fait des investigateurs français de l’Institut médico-légal de Paris, du service de radiologie de l’hôpital Sainte-Anne et du département d’anesthésie-réanimation des hôpitaux de l’AP-HP Saint-Louis et Lariboisière.

Une hypothèse juste puisque l’analyse post-mortem des patients décédés de mort subite en ville pendant le pic parisien de la COVID-19 retrouve un taux d’embolies pulmonaires proximales multiplié par 3,2 par rapport à l’année 2019, selon l’étude française dont les résultats sont publiés dans  l’European Journal of Heart Failure [1] .

Quatorze fois plus de décès inexpliqués

Premier constat des chercheurs : entre le 23 mars et le 7 avril 2020, au pic de l’épidémie de COVID-19 en région parisienne, l’Institut Médico-légal de Paris a reçu un nombre anormalement élevé de corps : 86 contre 334 pour toute l’année 2019 qui a servi de contrôle dans l’étude. Parmi eux, 68 (79 %) ont été considérés comme des décès de cause inexpliquée, soit une proportion 14,1 fois plus élevée qu’au cours de l’année 2019 (21 %). 

Pour mieux comprendre la cause de cette nette majoration du nombre des décès inexpliqués et leur lien avec le COVID-19, les légistes parisiens ont fait appel aux radiologues de l’Hôpital Saint Anne afin de réaliser des scanners corps entier.

Les auteurs soulignent qu’au moment de l’étude il était plus simple d’obtenir une imagerie que des tests RT-PCR qui, du fait de leur faible nombre, étaient réservés aux vivants.

Les 64 patients possiblement COVID-19 (décès à domicile dans un contexte de fièvre ou de toux et perte de contact depuis plus de 30 minutes à quelques heures) étaient plus âgés que les patients de référence de l’année 2019 (65 contre 55 ans ; 27 à 99 ans), les hommes étaient encore plus surreprésentés qu’habituellement (77 contre 70 %).

Beaucoup plus d’EP et de thromboses veineuses profondes

Les auteurs signalent que « la très grande majorité des morts subites inexpliquées pendant le pic épidémique avaient des lésions pulmonaires suspectes d’infection à COVID-19 », mais ils ne précisent pas le nombre.

Plus précisément, les radiologues ont détecté 3,2 fois plus d’embolies pulmonaires proximales dans le groupe étudié que chez les témoins (23 contre 7 %). Les investigateurs indiquent que pou des raisons techniques, ils ont recherché uniquement les embolies pulmonaires proximales, les plus sévères, ce qui a pu conduire à une sous-estimation de la fréquence réelle des embolies pulmonaires.

L’analyse scanographique montre aussi une proportion majorée de thrombose veineuses profondes a aussi été mise en évidence (18 contre 4 %).

Quels enseignements tirer ?

Cette étude confirme l’association déjà observée entre le COVID-19 et l’embolie pulmonaire (Lire aussi : COVID-19 : une équipe française confirme le risque de micro-thromboses pulmonaires). Elle confirme que lorsqu’un patient COVID-19 a des troubles respiratoires, il faut réaliser un angioscanner et que le traitement anticoagulant fait partie intégrante du traitement de la COVID-19.

 

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