Les pédiatres plaident pour une réouverture complète des écoles

Aude Lecrubier

13 juin 2020

France —« Tous les enfants doivent retourner dès aujourd’hui à l’école ou en collectivité dans des classes normalement dimensionnées et dans un esprit d’apprentissage bienveillant conforme à celui de l’Ecole de la République », plaident les Sociétés savantes de pédiatrie dans une nouvelle tribune [1].

« Alors que la pandémie s’atténue et que le risque sanitaire s’éloigne, la France se remet au travail avec pourtant un paradoxe majeur : les enfants qui n’ont que très peu été concernés par cette infection sont pourtant aujourd’hui ceux qui et font l’objet des mesures les plus coercitives ». Des mesures qui vont parfois loin puisque certains enfants en maternelle auraient été exclus car ils ne parvenaient pas à respecter les mesures barrières, précisent les pédiatres.

« Aujourd’hui, en dépit des données scientifiques internationales qui s’accumulent et confirment que les enfants sont moins souvent infectés et moins contaminants que les adultes, force est de constater que les enfants, les adolescents et les spécialistes de leur santé physique, psychique et sociale n’ont pas encore été entendus », indique la tribune.

En effet, il s’agit de la troisième alerte que lancent les pédiatres. Le 26 avril, l’ensemble des Sociétés de Pédiatrie Françaises avait déjà pris unanimement position pour un retour de tous les enfants dans leurs établissements scolaires, y compris ceux ayant une maladie chronique. Et, le 13 mai, de nouveau, elles publiaient une tribune sur ce même sujet, soulignant qu’il était « urgent de maîtriser nos peurs et d'aller de l’avant pour le bien des enfants » et qu’ouvrir les écoles et les collectivités était « aussi indispensable pour stopper tous les effets délétères du confinement sur les enfants ».

Or, depuis le 11 mai, la reprise n’a concerné qu’une petite fraction des enfants. Selon les derniers chiffres du ministère, 1,8 million d’écoliers sur un total de 6,7 millions sont retournés à l’école mais rarement à temps complet. Au collège, ils sont 600 000 sur 3,3 millions.

Vers un assouplissement des règles ?

Toutefois, le vent pourrait tourner puisque le conseil scientifique et le gouvernement semblent aussi en faveur de règles moins strictes.

Le président du Comité scientifique, Jean-François Delfraissy, s’est récemment déclaré en faveur d’un assouplissement des règles sanitaires dans les écoles.

Aussi, questionné sur l’assouplissement des mesures sanitaires dans les écoles par RTL le 10 juin, Jean-Michel Blanquer , ministre de l'Education, a répondu : « On va probablement le faire ». En pratique, la règle des 15 élèves par classe pourrait être modifiée, afin de pouvoir accueillir plus d'enfants à l'école et la désinfection des établissements scolaires pourrait également être moins drastique. 

Pour prendre sa décision, le gouvernement devrait notamment s'appuyer sur les dernières études qui montrent que les enfants sont peu contagieux et moins contaminants que les adultes . Notons au passage que les résultats de l’étude COVILLE portant sur 605 enfants et qui confirmeraient que les enfants sont moins souvent infectés par le SARS-Cov-2 et sont moins contagieux que les adultes, n’ont pas encore été publiés.

« Assumer nos rôles d’adultes »

« Aujourd’hui, il est grand temps que nous assumions nos rôles d’adultes protecteurs et que tous les lieux de socialisation accueillent à nouveau les enfants de tous les âges pour promouvoir leur santé physique par la reprise des activités physiques, leur santé psychique en les mettant à l’abri de nos angoisses et en leur redonnant le droit à l’insouciance et leur santé sociale en leur permettant de retrouver des interactions avec des enfants de leur âge [...] Attendre la prochaine rentrée scolaire pour alléger et simplifier le protocole sanitaire serait délétère pour l’ensemble des enfants privés d’école pendant plus de 6 mois, et renforcerait encore des inégalités sociales », indiquent les pédiatres.

« Cette période de très faible circulation du COVID-19 pourrait au contraire être mise à profit pour valider de nouveaux protocoles sanitaires moins contraignants et plus souples afin que la prochaine rentrée de Septembre se passe dans les meilleures conditions possibles. Cette pandémie doit aussi être l’occasion d’améliorer nos pratiques sur les règles d’hygiène de bon sens pour les enfants, et le respect de mesures barrières par les adultes qui seront très utiles pour les prochaines infections hivernales comme la grippe, la bronchiolite ou la gastroentérite », concluent-ils.

 

Une lettre d’information pour rassurer les parents et les enseignants

Dans une lettre, la Société Française de Pédiatrie et ses sociétés filles, la Société Française de Médecine Générale, l’Association Française Pédiatrie Ambulatoire et la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française souhaitent rassurer les parents et les enseignants.

Ils indiquent que :

-L’infection à Covid-19 est une maladie bénigne chez la quasi-totalité des enfants, ils ne sont pas les vecteurs de la maladie.

-Les enfants ont besoin d’interactions sociales pour se développer.

-Les mesures barrières sont essentielles et suffisantes chez les enfants.

-Nous devons apprendre ensemble comment adapter au mieux les mesures au fil du temps, en gardant notre bon sens.

 

A lire aussi : Comment aider des enfants angoissés à l’idée de retourner à l’école ?

 

 

 

 

 

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