Ain, France — Un foyer de cas d’encéphalite à tiques a été mis en évidence dans l’Ain. On dénombre 26 cas confirmés ou probables entre mi-avril et le 27 mai 2020, selon l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes [1]. Les patients ont présenté des symptômes pseudo-grippaux (test COVID-19 négatif) qui se sont estompés puis ont évolué vers des céphalées intenses et des vertiges plus ou moins importants. Parmi ces 26 personnes, 24 ont été hospitalisées et l’une d’entre elles, qui présentait des comorbidités importantes, est décédée sans confirmation possible de la cause exacte du décès.
Transmission par la consommation de lait cru ou de fromage au lait cru
Rare en France, l’encéphalite à tiques est due à un virus (Flavivirus) transmis à l’Homme par piqûre d’une tique infectée (la maladie de Lyme est également transmise par la tique mais est due à une bactérie). Une vingtaine de cas est diagnostiquée chaque année sur notre territoire, notamment en Alsace et en Haute-Savoie, ou contractée à l’étranger. Exceptionnellement, la transmission de cette infection à l’Homme peut se faire via la consommation de lait cru ou de fromage au lait cru issu de chèvre ou de brebis contaminée après avoir été piquée par une tique. Concernant le foyer observé dans l’Ain, ce mode de transmission est suspecté car au moins la moitié des cas a consommé du fromage au lait cru de chèvres produit par le même Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) et aucun patient ne semble avoir été piqué par une tique. On peut noter que la présence de tiques dans les prés où paissent les animaux n’est pas liée aux conditions d’hygiène et d’élevage qui, dans le cas présent, se sont révélées conformes.
Prévention et traitement symptomatique
Trois vaccins inactivés contre l’encéphalite à tiques sont disponibles en France : Ticovac® adulte, Ticovac® enfant et Encepur®. Ils sont recommandés pour les voyageurs devant séjourner en zone rurale ou boisée dans les régions d’endémie jusqu’à 1.500 mètres d’altitude, du printemps à l’automne[2] (liste des pays concernés dans les « Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2020 »).
Une fois que l’Homme est infecté, il n’existe aucun médicament antiviral spécifique : le traitement est uniquement symptomatique. La convalescence est longue, des séquelles neurologiques ou psychiatriques pouvant persister plusieurs années.
Les tiques apprécient les milieux humides (tapis de feuilles, herbes hautes, forêts de feuillus et conifères) et sont généralement plus abondantes entre avril et octobre. Les populations à risque sont les forestiers, les agriculteurs, les campeurs, les randonneurs et toutes les personnes ayant une activité en plein air. La prévention reste la meilleure arme :
Porter des vêtements couvrants et clairs (afin de repérer rapidement les tiques), serrés au cou, aux poignets et aux chevilles, des chaussures fermées et des gants clairs en cas de travail manuel.
Vaporiser ses vêtements et ses chaussures de produits anti-tiques.
Utiliser un produit anti-tiques pour les animaux de compagnie (chiens et chats).
Emprunter si possible les sentiers et marcher au milieu des chemins.
Éviter les contacts avec les herbes, les broussailles et les branches basses.
Inspecter le corps après une activité de travail ou de loisir en pleine nature (y compris le pli des genoux, les aisselles, les organes génitaux et le cuir chevelu), car la piqûre est indolore.
Retrait d’une tique : à faire et à ne pas faire
Le retrait d’une tique doit se faire le plus rapidement possible car plus elle reste fixée, plus le risque potentiel de transmission de maladies augmente. Vous pouvez conseiller aux patients de :
Retirer rapidement la tique avec un tire-tique acheté en pharmacie, désinfecter et surveiller la zone de piqûre pendant plusieurs semaines.
Consulter leur médecin traitant en cas d’apparition de symptômes, notamment d’une plaque rouge centrée sur le point de piqûre et qui s’étend dans le mois qui suit.
À ne pas faire :
Ne pas presser la tique entre ses doigts, pour ne pas favoriser le passage de la salive de la tique qui contient les agents infectieux.
Ne pas tirer sur la tique et ne pas utiliser de pince à épiler, également pour éviter le passage de la salive mais aussi parce que la probabilité de « laisser la tête » dans la peau est forte.
Ne pas utiliser d’alcool, d’éther, d’huile ou de vernis.
Ne jamais tenter de brûler la tique avec un briquet.
Cet article a été initialement publié sur univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Citer cet article: Encéphalite à tiques : un foyer dans l’Ain - Medscape - 12 juin 2020.
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