Etats-Unis — Chez les patients présentant un cancer de la vessie avancé sans progression après chimiothérapie, un traitement d’entretien par l’anticorps anti-PD-L1 avélumab (Bavencio®, EMD Serono/Pfizer) permet une meilleure survie globale, comparativement à des soins de support standards, selon l’essai de phase 3 JAVELIN Bladder 100. Les résultats ont été présentés lors du congrès virtuel de l’ASCO 2020[1].
Cette étude présente une nouvelle approche avec l’immunothérapie par inhibiteurs de checkpoint anti-PD-L1 ou anti-PD1, déjà autorisée dans cette indication, mais en seconde ligne. Compte tenu des résultats encourageants obtenus chez ces patients qui présentent un mauvais pronostic, elle devrait devenir la norme pour compléter les soins de support après chimiothérapie.
Parmi les essais présentés lors de la session plénière virtuelle du congrès, JAVELIN Bladder 100 fait partie de ceux qui vont potentiellement induire un changement rapide dans la pratique clinique, selon le Pr Richard Schilsky, directeur médical de l’ASCO.
« Cette stratégie sera probablement dans les mois qui viennent un standard de pratique. Doubler la PFS, augmenter la survie globale, dans un cancer aussi dramatique que le cancer de la vessie, c'est un énorme résultat », a commenté le Dr Jean-Pierre Delord (Directeur du Centre de lutte contre le cancer Claudius Regaud à l’IUCT Oncopole, Toulouse) lors d'un point presse Unicancer.
7,1 mois de survie globale en plus
« La plupart des patients atteints d’un cancer urothélial avancé sont confrontés à une nouvelle progression de leur cancer dans les huit mois qui suivent la chimiothérapie. Ces résultats sont donc très encourageants: ils montrent qu’un traitement d’entretien par avélumab offre une nouvelle option thérapeutique de première ligne pour améliorer la survie », a souligné le Dr Petros Grivas (Seattle Cancer Care Alliance, Washington, Etats-Unis), co-auteur principal de l’étude, lors d’un point presse virtuel.
Dans le traitement du cancer urothélial avancé, la chimiothérapie indiquée en première ligne permet un contrôle de la maladie dans 65 à 75% des cas, a-t-il précisé. Mais, il est fréquent de voir la maladie progresser à nouveau en raison du développement d’une chimiorésistance. L’immunothérapie est alors envisagée en deuxième intention, mais « seule une minorité de patients en tirent un bénéfice durable », ajoute l’oncologue.
Plutôt que d’attendre la récidive pour initier l’immunothérapie, le Dr Grivas et son équipe ont envisagé de mettre directement les patients sous inhibiteur de checkpoint après avoir vérifié que la chimiothérapie a permis de stopper la progression de la maladie. Ce traitement d’entretien vient alors s’ajouter aux soins de support habituellement apportés pour améliorer la qualité de vie des patients.
Meilleure survie avec PD-L1(+)
Dans leur essai, les chercheurs ont inclus 700 patients atteints d’un cancer urothélial avancé (non opérable ou métastatique) sans progression, après quatre à six cycles de chimiothérapie par gemcitabine et cisplatine ou carboplatine. Ils ont été randomisés pour recevoir 10 mg/kg d’avélumab par voie intraveineuse toutes les deux semaines en plus des soins de support standards (traitement de la douleur, accompagnement nutritionnel…) ou des soins de support seuls.
Les patients ont été suivis pendant une durée médiane de 19 mois. Les résultats montrent que les patients recevant l’immunothérapie ont une survie globale médiane de 21,4 mois, contre 14,3 mois chez ceux recevant uniquement les soins de support, soit une différence de 7,1 mois. La survie sans progression est respectivement de 3,7 mois et 2 mois.
La moitié des patients présentaient des tumeurs avec une expression de PD-L1. Chez ces patients, la survie globale est nettement améliorée sous immunothérapie, indiquent les chercheurs qui n’ont pas encore déterminé la durée médiane. Dans le bras contrôle de ce sous-groupe de patients, la survie globale médiane est également améliorée puisqu’elle atteint 17,1 mois.
« Cette question de la présence de PD-L1 est importante. Si dans le cancer de la vessie, l'expression de PD-L1 est corrélée à un bénéfice plus élevé, alors cela permettra d’encore mieux cibler les patients pouvant bénéficier de ce traitement, ce qui est naturellement d'une importance majeure », a commenté le Dr Jean-Pierre Delord pour Medscape édition fran çaise.
« Un progrès notable »
En ce qui concerne la tolérance au traitement, elle apparait similaire à ce qui a déjà été observé dans de précédentes études évaluant l’avélumab. Des effets indésirables de grade 3 ou plus ont été rapportés chez 47% des patients sous immunothérapie, contre 25% dans le groupe contrôle.
Parmi ces complications, on retrouve majoritairement l’infection urinaire (4,4% vs 2,6%) , l’anémie (3,8% vs 2,9%), l’hématurie (1,7% vs 1,4%) et l’état de fatigue (1,7% vs 0,6%).
« Même si ce traitement ne va pas apporter une guérison complète et peut provoquer des effets secondaires chez certains patients, la prolongation significative de la survie globale qu’il apporte est clairement un progrès notable, d’autant plus que beaucoup de patients traités ne vont pas avoir d’effets indésirables significatifs », a souligné le Dr Grivas.
« Les données sont encourageantes et nous attendons avec impatience l’évaluation de la FDA (Food and Drug Administration) et, espérons-le, l’autorisation de ce traitement dans cette indication », a ajouté, pour sa part, le Dr Padmanee Sharama (MD Anderson Cancer Center, Houston, Etats-Unis), invitée à commenter l’étude.
Le cancer urothélial représente 90% des cancers de la vessie. Avec 12 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France, le cancer de la vessie est le cancer urologique le plus fréquent après le cancer de la prostate. Il touche majoritairement les hommes.
L’essai JAVELIN Bladder 100 a été financé par Pfizer. Les auteurs ont déclaré des liens d’intérêt avec plusieurs industries pharmaceutiques, dont Pfizer.
Le Dr Sharama n’a pas déclaré de liens d’intérêt en lien avec le sujet.
Cet article a été publié initialement sur medscape.com sous l’intitulé: « Moving on Up: Maintenance Therapy Extends OS in Bladder Cancer », adapté par Vincent Richeux.
Actualités Medscape © 2020
Citer cet article: Cancer de la vessie avancé: une immunothérapie en traitement d’entretien améliore la survie - Medscape - 1er juin 2020.
Commenter